CHAPITRE 108

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— Quelqu'un est passé par là, il y a un moment.

Son regard concentré sur les traces éparses de pas laissées dans le sol, Tonie releva brièvement la tête vers Daryl qui ouvrait la marche, son arc dans son poing gauche et sa main droite posée sur la flèche qu'elle avait coincée sous sa ceinture. Un soleil pâle gouvernait le ciel de milieu de journée, cherchant à se trouver une place au milieu des nuages grisâtres qui stagnaient au-dessus des arbres de la forêt dans laquelle ils évoluaient sans savoir s'ils devaient relâcher une ondée ou non.

Une semaine s'était écoulée depuis leur dîner chez Eric et Aaron, où la proposition de ce dernier avait sonné comme un nouvel élan de bienvenue dans la morosité qui avait accompagné jusqu'à présent les journées des deux amants au sein d'Alexandria. Tonie et Daryl avaient passé presque tout leur temps dans le garage d'Aaron à préparer les deux motos, leur impatience grandissant à mesure que les bécanes étaient chouchoutées. L'impatience de repartir en expédition au-delà des murs, d'avaler des kilomètres de rubans goudronnés, de sentir le vent fouetter leur visage et d'écouter les moteurs ronronner à leurs oreilles. De profiter de cette liberté toute particulière qui naissait obligatoirement dès qu'on mettait le contact. L'ivresse de la vitesse.

De leur côté, Carol et Rick avaient réussi à mettre leur plan à exécution et à récupérer des armes au local pendant la soirée de Deanna. Les quatre leaders s'étaient retrouvés le lendemain près de la cabane en ruines au milieu des bois pour la distribution, mais les deux amants — qui pourtant avaient été les premiers à soutenir ce plan — avaient fini par soulever une légère objection, en argumentant que même si les choses tournaient mal, il n'auraient aucun problème à protéger leur famille, même sans l'aide de quelques armes supplémentaires. Face au scepticisme teinté de confusion de leurs deux amis, Tonie avait ajouté que, après tout, Carol leur avait demandé d'essayer de s'intégrer. Et c'est ce qu'ils allaient tenter de faire. Rick et Carol avaient haussé un sourcil dubitatif et légèrement méfiant, mais avaient accepté leur opinion sans broncher. L'échange de rôles s'était fait avec une facilité déconcertante. Rick et Carol avaient digéré la méfiance de l'archer et de la militaire, et ces derniers avaient récupéré l'optimisme de leurs amis. Même s'ils restaient sur leurs gardes, évidemment. C'étaient Tonie et Daryl, pas des idiots.

À présent, ils évoluaient à travers la nature foisonnante depuis deux jours, sur les traces d'un potentiel candidat à accueillir au sein d'Alexandria. Et Tonie devait avouer que le retour à la vie en extérieure s'était fait avec une facilité déconcertante. Peut-être parce qu'avant tout cela, c'était déjà son quotidien. Tout semblait plus simple pour elle. Marcher une bonne partie de la journée, établir un campement sûr, avoir continuellement l'oreille aux aguets... C'était presque... cathartique après l'opulence de « normalité » d'Alexandria.

— Si on les trouve, on se replie et on installe le microphone, expliqua Aaron dans le dos de la militaire. On observe et on écoute.

— Pendant combien de temps ? Demanda la jeune femme en enjambant un ruisseau.

— Jusqu'à ce qu'on sache, répondit le garçon dans un petit soupir. Il faut qu'on sache.

— Vous avez déjà renvoyé des gens ? Interrogea Daryl en s'arrêtant une seconde pour observer le sol.

— Ouais.

— Les trois personnes ? Lança Tonie en se rappelant de son entrevue avec Deanna à leur arrivée à Alexandria.

— Ouais.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda Daryl sans détacher son intérêt du tapis de feuilles.

— C'était au début, expliqua Aaron en suivant docilement les deux amants. Deux hommes et une femme. Davidson était leur leader. Très intelligent, fort. Je pensais qu'ils feraient l'affaire.

Sua SponteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant