Chapitre 1

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Une musique typiquement brésilienne baigne cette vielle camionnette qui sillonne péniblement l'une des routes sinueuses de Rio de Janeiro, je plisse les sourcils en dévisageant ce décor qui n'a plus rien du fer des gratte-ciels et de la folie urbaine.

_ il fais pas mal chaud, pas vrai ? Pourtant la nuit commence à tomber. Lance mon oncle Luís dans l'espoir de casser le blanc

Ce dernier se gratte la nuque, embarrassé et baisse le volume de la radio.

_ pourquoi on emprunte ce chemin ?

Ma demande semble l'étonner puisqu'il me jette un coup d'œil sans vraiment quitter la route du regard. Je ne sais pas où on va exactement, on a passé la folie du centre-ville et on s'oriente vers une destination qui m'est inconnu mais plus on monte la pente cassée et plus j'angoisse. Je ne connais pas cet homme qui prétend être mon oncle, enfin j'ai un lien de parenté avec lui mais c'est bien la première fois qu'on est en contact alors je ne peux que me méfier de lui et imaginer un tas de scénarios lugubres où il m'emmène au sommet d'une montagne pour me tuer, peut-être qu'il va me séquestrer dans une forêt. Bon sang je suis entrain de délirer. Je le regarde discrètement afin de je vérifier qu'il n'ait pas entendu mes pensées.

_ on doit passer par là pour aller chez moi, ou plutôt chez toi...Enfin chez nous, 'fin je veux dire comme tu vas vivre avec moi, alors ma maison c'est ta maison...porcaria

Il serre nerveusement le volant en lançant un coup d'œil au rétroviseur. Il semble extrêmement mal à l'aise. Puis son accent prononcé me fais doucement rire, il me fait penser à un enfant qui cherche une excuse pour justifier sa bêtise. Me voyant rire timidement, il sourit, sincèrement rassuré que je ne sois pas réticente à sa présence et notre cohabitation. Je ne suis pas contre, enfaite j'ai pas vraiment le choix donc autant mettre du mien pour faire en sorte que tout se passe bien.

_ tu vis dans un chalet en montagne ?

Il m'observe un moment avant de lever les yeux vers le pare-brise en fixant je ne sais quoi. Je suis son champ de vision et plisse les sourcils, confuse d'apercevoir un large bidonville.

_ La favela de Jacarezinho. Dit-il simplement. J'habite La Favéla.

Il se concentre de nouveau sur la route alors que ma poitrine se crispe à l'entente de ses mots. Les Favélas. J'en ai déjà entendu parlé, un endroit contrôlés le plus souvent par des trafiquants de drogue qui luttent entre eux pour obtenir le plus vaste territoire et élargir leur réseau, puis dont les habitations sont construites avec des matériaux de récupération. Au lycée, en cours d'espagnol, un élève avait fait un exposé sur ce sujet.

Anxieuse à l'idée de vivre dans un bidonville dangereux et défavorisé, je cligne plusieurs fois des yeux pour ravaler mes larmes. Une boule au ventre s'installe en moi, je veux pas pleurer mais je me sens en danger, je sais un peu près ce qui s'y passe et c'est extrêmement périlleux voir même mortel. Je serre fermement la poignée de portière en essayant de chasser les mauvaises pensées qui me bouffe le crâne.

Alors que l'atmosphère dans la voiture s'était détendu, l'air s'est à nouveau tendu. Je n'ose pas parler, ma gorgée s'est soudainement nouée, impossible de sortir un mot.

On arrive devant ce qui semble être l'entrée de la dite Favélas. Mes yeux s'écarquillent d'effrois quand je vois deux hommes entourés de mitraillettes, un tissue noir cachant la moitié de leur visage, posté devant comme des soldats.

_ calme toi. Ce sont simplement les gardes qui contrôlent les entrées et les sorties de la Favélas. Explique doucement mon oncle en voyant mon état

Ils ont des armes, il n'y a pas besoin de mitraillette pour contrôler les entrés et les sorties d'un endroit. La sécurité des magasins à San Francisco, n'étaient pas armée et ils surveillés parfaitement bien sans armes, ils maîtrisaient aisément les voleurs alors pourquoi ces deux hommes devant moi ont des armes pour simplement vérifier qui entre et qui sort de la favéla ? Ça veut dire que si quelqu'un ne leur plaît pas donc ils vont le tuer ? Par pur caprice ?

_ je comprend pas leur utilité, ils tuent ceux qui veulent entrer ou sortir ? C'est cruel et éreintant. Balbutie-je faiblement au cas où ils m'entendent

_ je t'expliquerais quand on arrive à la casa.

N'ayant ni la force ni le courage de répondre, je m'enfonce un peux plus dans le siège en espérant disparaître ou devenir invisible. Ils finit par pénétrer dans le bidonville.

Mes yeux s'attardent sur le paysage avide que m'offre cette fameuse favéla calamiteuse. Les casas sont colorées. Trop de couleur. J'ai l'impression de plonger dans un paquet de M&MS...un paquet périmé pour ne pas omettre la pauvreté de cet endroit. Plein de demeures précaires, fabriqués à partir de presque rien. Ces logements de fortunes sont tous entassés s'étendant tellement en hauteur que ça forme presque une colline.

L'ambiance est indescriptible, l'aspect défavorisé de la favéla, les expressions terne plaqués sur le visage des habitants. L'atmosphère est néfaste, une aura négative et étrange émane progressivement de la favéla, à mesure qu'on s'aventure plus loin encore. Mon angoisse me paralyse sur place mais ma curiosité me force à scruter les alentours attentivement en essayant de calmer ma crainte épouvantable.

Le sol est sale et poussiéreux presque sablé, les habitants semblent aussi pauvres que affligés par leur vie misérable. Je croise le regard d'un vieil homme qui tient un stand de légume. Son regard est méfiant, comme tout les autres habitants finalement.

Je monte la vitre comme pour mettre une barrière entre l'anxiété de cet endroit et moi. C'est tellement vaste et immense, il y d'innombrable casas comme dit mon oncle, quelques enfants s'amusent sur un terrain de terre qui fait visiblement office de terrain de foot.

_ je n'aime pas cette endroit. Avoué-je sincèrement sur le qui-vive

Je sens le regarde de mon oncle sur moi mais je suis bien trop occupée à observer chaque recoin de cette favéla pour me tourner vers lui.

_ je m'en doutais minha filha. Personne n'aime vraiment vivre ici, mais on a pas le choix. On est contraint de rester ici, certains n'ont pas les moyens d'autre n'ont pas le courage de s'opposer au décision de Ángel. M'informe-t-il d'un air presque dévasté par sa vie ici

Je pose mon regard sur lui. Ángel ? Qui est-il ? Il décide de qui peut partir et qui doit rester ? Pourquoi ça serait lui qui déciderai de qui doit faire quoi ? Les habitants sont maître d'eux-mêmes. Alors ça veut dire que mon arrivée ici est définitif ? Je veux pas rester ici éternellement. Je pourrais pas. Ça ne fais que dix minutes que je suis là et c'est déjà dix minutes de trop. J'ai l'impression que mon cœur va exploser. J'étouffe littéralement dans cette voiture et même sortir du véhicule ne suffirait pas parce que je suffoquerait sûrement avec l'air de la favélas.

_ qui est Ángel et pourquoi il veut pas laisser les habitants s'en aller ?

Ma voix fut si petite que je ne suis pas sûr qu'il m'est entendu. Savoir que je risque de rester coincée dans cet endroit à vie, juste parce que un homme l'a décidé, ça me dérange et m'angoisse car si cette homme commande sur tout le monde alors ça veut dire que cette homme n'est pas n'importe qui.

Mon oncle se stationne devant une casa rouge foncé et délabré. Il déboucle la ceinture alors que j'attend une réponse à mes questions. Lorsqu'il descend de la camionnette, je lance un regard furtif à cet endroit avant de descendre à mon tour tandis que mon oncle sort mes affaires de la banquette arrière. Je le rejoins devant le perron de la porte et il me sourit gentiment. Alors c'est aujourd'hui que ma petite vie tranquille et normal à San Francisco prend fin ?

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant