Chapitre 90

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Hysa

Je me redresse, soutenue à peine par mes jambes vacillantes, pour airer d'un coin à l'autre, répandant les plaintes de mon désespoir et cherchant en vain la fin de cet impensable cauchemar.

Dans cette obscurité indescriptible, je sens tout autour de moi se mouvoir d'affreuses furies qui pour mieux me tourmenter, me crachaient leurs haleines fétides au visage, dans un déferlement de ricanements moqueurs et d'insanités sans nom.

Se pressant tout autour de moi, tel une nuée de moustique sur une faible lueur, ils semblaient vouloir en lécher avidement les frayeurs.

Ils trépignaient du désir de me détruire... moi je ne peux les fuir.Ma chair égarée se courbe sur le sol, recroquevillée comme s'il me fut possible d'ignorer ce viol.

Mon cœur; Il explose dans ma poitrine ! Mon peu de vie ne sait plus dans quel sens courir...La peur va me faire mourir ! Ou suis-je ? Qu'est-ce qui m'arrive ? quel est cet endroit qui tue, qui déchire...

Qui donc arrache de moi la quiétude méconnue de l'ignorance...Qui faisait hier encore toute ma délicieuse insouciance ? Horreur et Terreur ! Vous me dévorez le cœur ! J'ai peur, tellement peur que ça recommence une énième fois. Mais ça recommence, et recommencera encore. Car je suis faite pour ça...

Je me vide de mon essence, tout ce qui me fut cher n'a, à nouveau, plus le moindre sens.
Tout s'effrite, ma vie ne fut qu'un rêve, mon être véritable séjourne déjà dans les enfers !

Cette douleur, ce désarroi, cet abandon, cette sensation d'avoir été assassinée et d'avoir vécu pour l'oublier. Quand aura-t-elle lieu, cette mort à venir, qui s'est déjà produite ?

Ou se trouve la jonction de cette boucle infernale ? Je suis arrachée sauvagement du temps et de l'espace, pour vivre éternellement cet effroi d'une existence qui s'efface.

Me dissoudre pour toujours ? Sentir mon âme être grignotée par les vautours ? Je les entends murmuré...« tu es savoureuse, que je puisse te dévorer, encore une fois ! »

Dans ce petit quatre mètre carré, habillé d'un simple matelas. Je me rhabille sans la moindre conviction. De toute manière, ce corps est déjà souillé, vouloir le couvrir n'est qu'hypocrisie infernal.

Je sort de la pièce et m'enfonce dans cette casa. Le trafiquant me dévisage avant de me balancer un billet au visage. Il fais partie du cartel d'Ángel. Ángel m'a promis, tellement de promesse auquel je place espoir mais il tarde à me sortir de cette spirale infernal.

_ Barre toi putain. S'écrit l'homme

Je ramasse l'argent et sort de la casa avant de déambuler dans Jacarezinho tel une âme vagabonde. Il m'a promis oui. Il est venu me chercher dans un club, dans le club où je suis contrainte de séjourner quotidiennement.

_ oh beauté, ça va ? Commence un homme qui diffère pas des autres, sa vielle voix violenté par l'âge résonne dans mon crâne

Me bloquant le passage dans cette ruelle entre deux casas.

Sa question est semblable autres et ironiquement je la trouve trop répétitive dans leur bouches. Tous les mêmes et s'attende à ce que je complimente leur égo d'homme.

Je sais bien qu'ils n'en n'ont rien affaires, de mes problèmes quotidiennes. Prise d'un élan de panique, je m'enfuis et cours encore et encore jusqu'à m'époumonée mais je ne m'arrête pas. Il ne me suis pas. Mais je ne m'arrête pas. Je veux fuir, je me sens fuir mais où fuir ?

Je m'arrête haletante Haletante, désespérée, espérant un aide quelconque pour me sortir de cette spirale, devant le quartier général. Il m'a promis. Il tiendra sa promesse. Il doit tenir sa promesse.

Suis-je la seule à porter ce fardeau ? Suis-je seule à faire semblant ? Non. Peut-être. Non. On est beaucoup. Mais ma peine est mienne.

J'entre dans le quartier générale, ignore les regards qu'on me porte et monte immédiatement les escaliers. J'ai besoin, besoin avidement qu'il me promette encore, qu'il me rassure au moins une fois de plus qu'il me sortira de là.

Un brun est assis dans le sommet des escaliers, le regard pendu dans le vide. Il ne me donne aucune attention, il semble..triste? Désemparé, oui je connais ça et je le reconnaîtrais sur n'importe qui.

Mais je ne m'attarde pas sur lui et ouvre la porte du bureau. Ángel est assis nonchalamment sur une chaise, fumant une cigarette et frottant le canon de son arme.

Il sait que quelqu'un est entré, il sait que c'est moi parce que Ángel sait toujours tout, voit tout, comprend tout mais ne dis rien et reste indifférent.

_ je te dérange ? Demandé-je en souriant niaisement quand je le vois

_ ouais. Crache-t-il sèchement en retirant sa cigarette de ses lèvres pour expirer une bouffée de nicotine en me regardant enfin

_ je..j'ai bossé ce soir et..je me demandais quand est-ce que je pourrais arrêter ?

Il n'analyse de haut en bas puis replonge son regard sur son arme pour frotter frénétiquement le canon.

_ maintenant. Lâche-t-il impassible

_ c'est pas aussi facile, tu avais promis de..d'aller parler au patron du club.

Il fronce les sourcils férocement en relevant la tête vers moi comme si j'avais dit quelque chose de complètement con.

_ je fais jamais de promesse.

Je me décompose à sa phrase. Non, non il peut pas dire ça. Ma vie tenait sur lui, mon espoir roulait sur lui donc non, non il a pas le droit de dire ça.

_ je t'ai sortis de l'as bas Hysa mais je suis pas une putain d'assistante sociale. T'es assez grande maintenant pour te démerder. Assez intelligente pour pas y retourner. Alors me brûle pas les couilles davantage et barre toi.

Mes yeux s'humidifie et je prononce pas un mot. Mes pas recule jusqu'à la sortie et je m'en vais, le cœur détruits encore plus qu'il ne l'étais auparavant.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant