Chapitre 118

6.4K 245 286
                                    



PDV Sylvia

Ancône. J'ai le goût du risque. Je ne suis pas une femme de cabaret. Jamais je n'ai su résister à l'appel de l'inconnu. Fuir est la chose la plus contraire à mon tempérament, et je souffre comme une damnée de rester enfermée entre les barres d'une cage intérieure et de noircir mon cœur, quand, dehors, la vie grouille, que j'entends la trompe des autos sur la route, les klaxons urbain, la sirène des paquebots... et que je songe à mon amour maternel perdus que je ne connais pas encore. Mon fils. Attend moi figlio. Car aujourd'hui, maman te prendra dans ses bras, maman t'affectionnera comme tu le mérite, maman te réconfortera chaleureusement pour toute tes nuits passés seul. Maman s'excusera.

Je me suis trompée. Aucune frontière n'est pas facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. J'ai cru pouvoir passer sans sentir la moindre difficulté, mais il faut s'arracher la peau pour quitter son fils. Le protéger était mon instinct maternel. Le retrouver est mon amour maternel.

_ on est arrivé. Annonce Vasco machinalement

La voiture se stationne au bord du trottoir. J'arrange mes lunettes noir sur le nez, ajuste mon Fedora sur ma tête puis ouvre la portière et pose le pied sur le trottoir, mon talon claque puis je sort complètement et analyse les alentours discrètement. L'aube se lève somptueusement, une curieuse lueur orangée enveloppe le dôme et la première brise matinale fais légèrement virevolter le bas de ma robe noir, contre mes mollets. Je ferme la portière et mon regard se focalise sur la façade du bâtiment devant moi.

Un dernier regard sur l'allée puis je pousse la porte du bâtiment, le hall d'entrée est froid. Un frisson me parcours l'épiderme et m'hérisse d'hate contrôlée. La porte se ferme derrière moi et l'échos du claquement de bois, résonne dans le hall. C'est sinistre, les murs sont grisâtre, les boîtes au lettre dégradés sont beige pâle, dans les ton jaunâtre, des enveloppes traîne au sol. Je baisse légèrement mes lunettes avant de les enlever complètement pour mieux regarder l'escalier qui s'étend devant moi.

Pour conjurer mon stresse, je croise les doigts autour de mes lunettes de soleil. Je ne suis pas prête à affronter sa bouille enfantine avant d'être sûre qu'il m'entende lui dire que je l'aime.
Nos erreurs nous paraissent plus terribles que celles des autres, parce que nous ne nous pardonnons pas de les avoir commises. C'est ainsi que la culpabilité nous poursuit. Surtout si, nous choisissons de ne pas en parler, de garder nos secrets bien enfouis. Quelle culpabilité atroce, pour un parent, que d'aimer un autre plus que son propre enfant ! Et quelle condamnation cruelle, pour mon fils, que de se savoir au deuxième rang dans le coeur de sa mère. Mais je ne lui dirais jamais, je ne lui dirais jamais que je suis revenu en primordial, pour Ángel.

30 ans. Cela fais plus de trente ans que je n'ai pas gravis ces marches. Un sentiment mélancolique me submerge le temp d'un instant, mon soupire l'efface et mon cœur pompe d'un cocktail d'appréhension et de hâte. Me voilà monter les marches, les talons claquant contre chaque marche en pierre blanc, l'échos résonne et fais vibrer mes entrailles de stresse.

Soudain, des cris provenant du hall, me font froncer les sourcils et je me retourne lentement avant d'apercevoir une jeune fille en nuisette entrain de se débattre dans les bras de Mattia.

_ LÂCHE MOI ! NE ME TOUCHE PAS ! S'écrit-elle en gigotant follement dans tout les sens

Ne me dites pas que ce morveux tente de l'agresser sexuellement. Une certaine animosité s'éparpille dans mon ventre et je redescends les dernières marches. Le son de mes talons, amplifié en résonance dans le hall, attire leur attention.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant