Chapitre 127

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Une sensation terrible. Une sensation cuisante. Une douleur pareille à un coup de fouet répétitif. Intolérable, déchirant ma chair même, brûlant ma chair même, écrasant ma chair même. Une douleur insoutenable qui s'immisce jusqu'à mes muscles et mon âme. Une douleur lancinante qui ne cesse de croître comme s'il elle voulait me punir. Une douleur tel un châtiment pour mes actes commis durant mon existence. La douleur se propage, grandit, grossis et arrache toute autre sensation, une douleur égoïste qui veut être la seule sensation. Une douleur atroce qui veut me faire souffrir en piétinant chaque fragment de mon éther pour s'instaurer seule, d'un règne incomparable. Lorsque j'ouvre enfin mes yeux tout égarés, les flammes orange saluent ma vision brièvement flou tandis qu'elles dévorent chaque bout de cet endroit méconnaissable par ce carnage en amas de ciment et d'oriflamme. Les morceaux de béton en feu sont arrachés à leurs murs. Les flammes se tordent de douleur au-dessus de leur lit de braise. Quelle douleur profonde. La douleur ne peut pas être mesuré objectivement, comme peut l'être la température que projette ce feu à 600 degré. Une douleur irradiante, pulsatile, une douleur térébrante. Une douleur qui inflige à mon corps toute sorte de phénomène proche d'une mort fiancé.

Sidéré par cette circonstance, mes sourcils se froncent comme si cela suffisait pour réveiller mon corps qui n'est plus que macchabée en suspension. Ulcérant. Je sens cette dépouille qu'est mon corps souffrir une torture qui m'enrage. Ulcérant. Je sens mes poumons catéchiser par cette vapeur nuisible qui s'émane de ces flammes dansantes et narquoises, s'assécher cruellement. Ulcérant. Chaque inspiration, ruine mes organes. Chaque inspiration, sclérose mes bronches avec un desséchement mortel. Chaque inspiration, provoque un pas en avant vers la mort. Ulcérant. Car ces fumées libérées de l'incendie sont plus dangereuses que les flammes, car elles sont chaudes et toxiques et tuent en quelques minutes, en quelques aspirations seulement. Ulcérant. Alors je m'efforce tant bien que mal, à respirer le moins possible mais putain que je suffoque, je veux de l'air. Un oxygène sain. Un oxygène apaisant. Un oxygène extérieur. Je veux respirer ! C'est ulcérant bordel.

D'une force méconnue, d'une énergie inexplicable, d'une bribe de constance, avec ma force d'âme, je pousse sur mes avant-bras. Je pousse avec témérité. Je pousse avec rage. Je pousse avec ulcération. Je pousse en contractant mon corps comme pour lui ordonner de bouger. Mais ce tocard, il veut pas coopérer. Alors ce n'est plus un ordre mais une contrainte que j'impose à moi-même. Dans un grognement étouffé, je me dresse sur mes jambes en m'aidant du mur pendant qu'une cascade de lambeau de ciment, glisse de mon dos dans un nuage suranné. Mon torse s'élève péniblement, ma sueur se mêle à la suie et à la poussières. Respiration retenu pour un lapse de temp, je déchire difficilement un morceaux de mon short abimé. En même temp que je plaque le tissu sur mon visage afin de filtrer l'air, j'analyse plus minutieusement les alentours. Je suis bloqué. Emprisonné par ces flammes irritables qui sautent comme ingérables et coléreuses, avec des crépitements râlants. Encerclé par ces montagnes enflammées surpuissantes qui s'épanouissent moqueuses de ma condamnation, produisant par leur crépitations, des rires malicieux, ricaneurs et amusés par mon état. Mes paupières se ferment, ne supportant plus l'ulcération que me procure cet ensembles de feu sardonique. Putain qu'elles me donnent envie de me jeter sur elles pour les cogner jusqu'au cendre froide. Ma tête bascule en arrière, contre le seul mur intact. Je respire. Je tousse. Je m'étouffe. Je subis mon corps en souffrance insupportable, je subis l'approche prémuni de ma mort, je subis la chaleur carbonisante, je subis ma transpiration excessive. Un craquement de bois, me force à ouvrir les paupières en plissant les yeux comme si je quittais la pénombre. ça craque curieusement.

crac. crac. CRAC.

Mes sourcils se plissent au rythme de ce bruit puis brusquement, le plafond s'effondre dans une déprédation cataclysmique. Instinctivement, je lève mes bras pour me faire protection tandis qu'une avalanche de bois croulant, m'agresse en amplifiant les vapeurs rougeâtres. Ces flammes gigantesques dignes d'un volcan grimpent avec activités. Ces trépidations bruyantes semblables aux secousses d'un tremblement de terre, font accélérer mon rythme cardiaque. Ces mugissements rivaux des ouragans et de tempêtes enflammés me rôtissent l'épiderme dans un nimbus tannant.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant