Chapitre 130

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Ángel

Mon coeur comme un jouet, tambourin du passé. Chevauchant les secondes, surfant l'éphéméride au giron des nuages. Laissant dans mon sillage des poussières du présent et l'incapacité à trouver les plumes du sommeil. Le mal passe par mon enfance qui ne cesse de me tourmenter, j'essaie putain que je me tue a oublier mais quand le calme s'installe, mes songes se mêlent. Je suis riches, autant de fric que de misère et rien ne s'oublie, l'âme dans le sommeil médite et rumine sans cesse son passé. Oublier n'est qu'illusoire car oublier n'efface pas. Ma vie oscille comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à mes crimes. La rage de ma faiblesse d'organes me consomme chaque jour, ma faiblesse d'organe enfantine. Ma faiblesse d'organe d'autrefois me pousse à maudire ce gosse que j'étais, à blâmer le bambin que j'ai était. Je suis un insatisfait du mot espoir, j'essaie de ne pas faire entrer la nostalgie dans mon système nerveux. Mais hier c'était la date de leur mort et réprimander cette sensation d'organe vitale comprimé, m'est impossible.

Le système nerveux n'est pas un vain mot ni une invention. C'est un corps physique composé de fibres. L'âme est située dans l'espace et se place en moi comme les dents dans la bouche. Je ne peux sans cesse la violenter impunément. La mémoire vivante, tels les cercles à la surface de l'eau ou les frissons nerveux agitant l'échine d'une biche juste avant qu'elle ne s'enfuie, la mémoire donc frémit simultanément sur plusieurs rythmes, en plusieurs foyers, avant de se figer et de devenir le souvenir d'un souvenir. Alors, je me sens dominé par certains ressentiments que mon système nerveux apprivoise opiniâtrement. Putain que ouais, ça me consume avec érosion acharné. Je n'explique pas cette déchéance qui me submerge, il y a peut-être une origine mais je refuse d'y faire face.

Mes sourcils se plissent pour me sortir de mes pensées. Impudicité absolue lorsque mes mains maintiennent ces billets. Le compte me plais, un chiffrement soulas. J'écrase ma clope sur ma table avant d'attraper une liasse sans lancer un seul coup d'œil au bambin qui attend.

_ Combien de livraison ? Lancé-je sèchement

_ Trente-sept chefe.

_ Pourquoi Ramos t'as fais entrer dans le Cartel ?

N'entendant aucune réponse, je me lève afin de contourner mon bureau et de m'adosser face à lui en tenant la liasse dans mes mains.

_ Tu ne peux plus rompre l'obédience.

_ Je ne comptais pas quitter le Cartel. Ramos m'a déjà expliqué le fonctionnement, si je tente de déserter, que ce soit demain ou dans dix ans, alors tu me plombera.

_ Pourquoi Ramos t'as fais entrer dans le cartel ? Répété-je cyniquement

Il se pince les lèvres en se grattant le bras.

_ Ma mère n'a plus d'argent pour mes frères et moi. Je suis l'ainé et l'homme de la maison depuis que mon père est partit. Donc, je veux aider ma famille mais je suis trop jeune pour un travail légal et le Cartel ne fais pas de différence d'âge.

_ Est-ce que tu connais les risques ?

_ mourir.

Je le regarde un moment. Ce n'est qu'un adolescent d'environs treize pige, pire, un adolescent avec des rêves d'enfant, et qui ne peut s'empêcher de mélanger les rêves et la réalité pour survivre. Tuer l'enfance des gens, c'est pas dans mes dictons. Ce gamin, est un enfant avec des problèmes d'adulte et je n'ai aucune peine à le faire bosser, il est décidé à taffer dans le cartel et la vie est trop courte pour s'attarder à faire changer l'opinion d'un adolescent.

_ En bossant dans un Cartel de drogue, tu met en danger ta famille. C'est pas des livraisons et un peu de pognon, taffer pour moi c'est mettre sa vie en menace perpétuel. Tu participe au assaut, tu grève c'est pas notre problème. Ta famille grève c'est pas notre problème. Ici, tu bosse et tu ferme ta gueule.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant