Chapitre 64

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Comme si le fait d'avoir fait semblant d'être forte m'avait déréglée de l'intérieur et que maintenant, consciente du déroute que je ressens, j'ai perdu tout ce qui faisait de moi un "je" unique et entier. Maintenant paumée, vide et seule, connaissant la vérité qui se cachait derrière les ombres de l'univers que je m'étais créé pour vivre, pour me protéger, j'ai compris le véritable sens du mot "confusion". Un mot qui cesse d'être muet pour produire un son inexplicable. Le désarroi n'est alors plus un mot de huit lettres, ni même ne représente des explications visibles ; l'incompréhension se traduit par des espoirs enterrés dans la tombe des réalités. C'est pourquoi je suis perdue, car la réalité déchire mon âme et mes rêves étaient loin de pouvoir alimenter mes illusions.

On dit qu'on ne vit pas d'illusions, mais que bien au contraire, parfois, on en meurt. On en meurt, car notre imagination crée de toutes pièces ce monde où, dans un futur plutôt proche, ce qui aujourd'hui est une illusion sera réalité. Or, ne comptez jamais sur les pierres jonchant votre chemin, ou bien, si vous comptez sur elles, alors voyez à quel point elles sont petites, et pourtant insurmontable.
Toute illusion cache un visage obscur qui ne veut se montrer, comme s'il s'agissait de l'autre visage de la lune elle-même. Cette partie obscure, de cette partie qui me tourmente mais qui en même temps ne me connaît pas, cette partie inconsciente qui m'attache et me retiens contre ma volonté. Cette partie de moi qui m'empêche d'avancer. Cette partie de moi qui me blesse, voire qui me tue face à la moindre adversité.

Cette partie de moi que je refusais d'affronter, c'était l'attirance. Cette chose irrationnelle que je ne connaissait pas avant, ce charme envoûtant et qui ne fais aucune exception, c'est bien l'attirance que j'éprouve pour lui.

Oui, maintenant j'ose le dire, Ángel m'attire inexplicablement. Mais manifestement, ce n'est pas réciproque, ce que je "ressens" pour lui est tellement inexplicable que je ne saurais poser de mot dessus. Un engouement, une attraction sincère, un ascenseur émotionnelle qui me perturbe. C'est encore nouveau pour moi, je ne sais pas où donner de la tête, je ne sais pas comment gérer cette sensation. Ça me perturbe terriblement.

Mais en vu de son absence prolongée hors de la maison, je comprend que lui ne me veux pas comme moi je le veux. C'est un paroxysme paradoxal qui me trouble profondément, une semaine qu'il a disparus, sans laisser de nouvelle. Et tout ce que je veux, c'est comprendre ce baiser. Pourquoi ? Comment ?
Maintenant, tout de suite. Je veux comprendre.
C'était mon premier baiser. Et il fut pris par un mafieux. Ce point me déplaît mais..mais ses lèvres étaient plaisantes. Ses lèvres m'ont envoûtées.

Bordel !

C'est quoi mon putain de problème ?

Comment puis-je apprécier les lèvres d'un homme qui a était créé tel un blasphème?

Voilà pourquoi cette partie tue. Voilà pourquoi on meurt d'illusions, car on ne peut pas toujours les concrétiser ou les expliquer. Et que ces illusions non réalisés se transforment alors en venin lorsqu'on les pousse trop à bout. C'est à ce moment que je prend conscience de cela, c'est à ce moment que l'anxiété m'a consumée.

Car je ne sais pas. Je ne sais où on en est, lui et moi.
L'anxiété me consume car le monstre de la peur est venu me rendre visite. Mais ce n'est pas n'importe quel monstre ; c'est le pire des monstres. La pire des peurs. C'est la peur de ressentir quelque chose pour lui.

Et face à cette peur.

Je ne peux que me mettre à trembler.

Je tremble car mon esprit s'écroule.

En emportant avec lui ma raison. Car je n'ai pas encore de justification qui expliquerai rationnellement pourquoi j'ai apprécié ses lèvres. Ma tête se brise en mille morceaux. Comme si elle était faite de verre. Et j'aiguise chacun des morceaux qu'il reste de ma raison. Et en construisant mon arme la plus puissante, je me dis que c'est aussi dissuasif que d'effrayer toute menace.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant