Chapitre 51

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Ils profanent la condescendance et pourtant je veux qu'ils viennent me chercher. Ce n'est pas une marque de lâcheté et de faiblesse, comme on le croit communément, de ne pas tirer vengeance de ceux qui nous ont offensés ; c'est, au contraire, la preuve que je suis pas rancunière. Se vaincre soi-même, et surmonter le désir de la vengeance, ce désir qui paraît si naturel et si doux de satisfaire : plus on conviendra qu'elle est difficile, plus on sera forcé d'avouer qu'elle est glorieuse, est-ce que je dit ça pour me rassurer ? Pour masquer le manque explicite de fierté ? Peut-être mais en attendant j'attends que Ángel vienne me chercher.

Malheureusement plus je m'aventure dans la nuit et plus je perd espoir. Assise sur le perron d'une porte, à la place où je les avais surpris entrain de déjeuner quelque heures plutôt, j'attend patiemment ou plutôt impatiemment.

Avec insuccès, je serre mon sac contre moi. Au dépit de mon espérance, je prie encore et encore pour qu'il vienne me chercher.

Il n'y a rien ici, le restaurant en face de moi est fermé et cadenassé, pas un chat ni un rat dans les alentours ne serait-ce que les lampadaires qui me tienne compagnie et me réconforte.

Ángel ne viendra pas. Le diable est optimiste s'il pense pouvoir rendre les hommes pires qu'ils ne le sont déjà. Il ne viendra pas, parce que il s'en fou de tout.

Qu'est-ce qui m'a pris de partir comme ça ? Inconsciente et irréfléchie, voilà ce que je suis. Maintenant je suis victime de dédain qui me remplis d'une peine immense.

Un soupire m'échappe et je rebrousse chemin vers l'hôtel, intérieurement chagriné.

La déception on ne s'y habitue jamais, c'est une crise de mysticisme terrible. La rancune ne s'effacera jamais face à cette homme qui est l'image même de la différence entre l'illusion et la réalité.

Putain, je suis trop prétentieuse et arrogante, je peux m'en prendre qu'à moi-même parce que la déception ne vient jamais des autres, elle n'est que le reflet de nos erreurs de jugement.

Ouais, une terrible erreur de croire en un homme comme lui. Ángel est un Sahara dont chaque graine de sable représente chacune de ses calamités commise. Et quand on représente un terrain de malfaisance, on a aucune place pour autre émotions.

Arrivée à destination, je pénètre à l'intérieur sous le regard curieux de la réceptionniste et je monte jusqu'à ma chambre. J'ouvre mon sac et fouille à l'intérieur pour chercher la clé, agacé de ne pas la trouver, je lève ma cuisse et pose mon sac dessus en approfondissant mes recherches, je ressort quelques habits en sentant le stresse monter en moi. Me dites pas que j'ai perdu la clé bordel.

_ t'es revenu ?

Je sursaute en manquant de tomber puis repose ma jambe au sol en me tournant surprise. Ramos. Il viens de sortir d'une chambre. Quelque part, j'aurais espéré que ça soit Ángel et cette pensée me rend dingue parce que je le hais. Pourtant j'aurais voulu tellement de chose de sa part aujourd'hui.

_ ne me parle pas. Dis-je sèchement

Il reste immobile au milieu du couloir, tandis que je continue de chercher dans mon sac. Il croit réellement que j'ai oublié et pardonné ce qu'ils m'ont fais ? Non. J'aurai pu oui, mais seulement s'ils avaient daigné venir à ma recherche. Cependant, ils ne l'ont pas fais.

N'ayant pas trouvé la clé, je remet rageusement mon sac sur mon épaule et me tourne vers lui. Il a eu tord de se pointer devant moi à cet instant, parce que je compte biens déverser mes nerfs sur lui.

_ Ramos, tu ne culpabilise pas ? Commencé-je échauffé en m'approchant de lui, le faisant arquer un sourcil à ma question. Cinq jours entier sans nouvelles, j'ai pas était nourris, je suis resté dans la chambre tel un animal enfermé au zoo. Et vous êtes même pas venu à ma recherche. Putain mais vous êtes égoïste !

_ Sofía..-

_ non ! Non, j'ai pas finis. TU vas m'écouter jusqu'au bout. J'ai conscience que je fais pas partie intégrante de votre projet mais me mettre à l'écart entre quatre mur, en crevant de faim, pas une parole, pas une visite, rien, juste moi et mes tourments dans cette putain de chambre ! M'écris-je nerveusement en pointant la porte de ma chambre, du doigt. Pendant que vous étiez entrain de profiter, de manger au restaurant, comme si Sofía n'existait pas mais putain Ramos, SOFÍA EXISTE ! Je suis là devant toi, tu me vois non ? Finis-je la voix brisée, désespérément en colère

Il s'approche de moi en regardant autour de lui furtivement puis m'attrape par le haut de mon crâne et me tire vers lui. Ma joue se plaque contre son teeshirts et je reste immobile. Mes larmes, celles que j'ai accumulé durant tellement longtemps, de la peine, de la déception, de la frustration, de la haine : un cocktail de larme que je ne peux plus retenir.

_ Sofía, tu te base juste sur ta perception des choses. Tu nous as vu au restaurant alors tu en a déduis toute une histoire sortit de ton imagination. Mais ton esprit est bouffée par l'émoi alors tout ce que tu peux voir ton esprit le déforme en une illusion complètement fausse. Souffle-t-il à mon oreille

Je le pousse et le regarde offusqué. Est-ce qu'il est sérieux ? Je crois rêver ? Donc c'est moi le problème ? C'est ça qu'il est entrain de dire ? Il me prend pour une folle versatile.

_ pourquoi tu n'admet pas ton tord tout simplement ? Ne me retourne pas le cerveaux Ramos, putain ne te trouve pas d'excuse !

_ Sofía ! Écoute moi. C'est ton tour de m'écouter. Dit-il en essayant de calmer mon agitation. On est arrivé à Spello, seulement une heure avant que tu nous vois au restaurant. On a passé les cinq jours à subir des journées éprouvantes, nous non plus on à rien mangé et en contraste avec toi, nous on a préféré essayer de survivre que de penser à manger et bordel Sofía est-ce que tu t'entend parler ou pas ? Tu nous fais une crise juste parce que tu n'as pas mangé durant cinq jours ?! S'énerve-t-il brusquement. Y'a des choses dans la vie, beaucoup plus pires et personne n'en fais un drame mais toi simplement parce que t'as pas eu ton p'tit dej et ton dîner d'américaine, tu te comporte comme si c'était la fin du monde.

Il passe une main dans ses cheveux comme si j'étais un spécimen non identifié.

_ tu veux savoir pourquoi on est pas venu à ta recherche ?! Parce que ton putain de caprice à deux balles est tellement insignifiant comparé au problème dont on fais face, nous. On a pas de temp à perdre à consoler une gamine qui n'a pas mangé pendant cinq jours !! M'agresse-t-il méchamment

_ Ramos. Dit une voix rauque et tranchante, que je reconnais instantanément dès la première syllabe

Je me retourne larmoyante et tombe sur Ángel. Instantanément, ses prunelles se plante dans mon miel embuée, cherchant à s'ancrer en moi, comme une abeille tournant autour de sa ruche. Ses sourcils blonds sont froncés abruptement et son regard glacial se mélange paradoxalement au miens avec harmonie et secret.

On reste comme ça à se regarder durant seulement quelques secondes et pourtant j'ai eu l'impression que ça a duré plus d'une heure.

_ retourne dans ta chambre. Ordonne cyniquement le chefe a Ramos

Dès qu'une porte claque, Ángel s'approche de moi et m'attrape par la nuque en serrant fermement mon épiderme. C'est en un silence pas désagréable qu'il s'oriente vers une chambre, ils nous fais entrer dedans et je vois Amaya allongé sur le lit en peignoir.

_ Amaya sort, tu change de chambre. Annonce froidement Ángel

Cette dernière se redresse révoltée en ouvrant la bouche mais en regardant Ángel, elle se ravise et me regarde mal en récupérant un sac puis elle sort rageusement de la chambre en claquant la porte.

Bon vent !

La main virile de Ángel me lâche la nuque et s'écarte de moi pour aller tirer le drap froissée sur le lit, il l'enroule en boule et le jette dans un coin de la pièce.

_ dors. Ordonne-t-il sans appel

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant