Chapitre 14

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Je me suis installée sur ce muret, à une distance prudente des hommes postés à l'entrée du quartier général. Je ne voulais pas être trop près d'eux. Même s'il y a plusieurs mètres qui nous séparent, ça ne suffit pas à me mettre à l'aise. Je souhaite presque qu'ils n'aient aucune vue sur moi, et moi aucune sur eux. En fait, je ne veux simplement pas être là.

Leurs regards pesants sur moi étaient prévisibles. Ils doivent certainement se demander ce qu'une fille comme moi fait ici, si proche d'un endroit que tous les habitants de la favela évitent soigneusement.

Pourquoi étais-je venue ? Pourquoi n'avais-je pas appelé la police ou mon oncle ? La simple peur des conséquences m'a retenue. Je connais les agissements de Ángel, et il sait où j'habite. Il a déjà franchi le seuil de chez moi et n'a pas hésité à tuer lors de la fusillade il y a quelques jours.

Même si je ne sais pas tout sur les narcos, je n'ai pas besoin d'être née ici pour savoir qu'ils sont capables de tout, surtout Ángel. Il me l'a prouvé. Et je ne veux pas être sa prochaine victime. Je ne veux pas le contrarier davantage. C'est pour cela que je suis venue à ce rendez-vous.

Dix longues minutes se sont écoulés et j'attends toujours, tétanisée sur ce muret qui me semble à la fois un rempart et une prison.

J'ai l'espoir que rester là me permette de gagner du temps avant de le revoir, mais au fond de moi, l'idée grandit que cela pourrait aussi bien m'en faire perdre. Rester ici est un pari risqué, mais je n'ose pas aller plus loin. Les frissons parcourent mon dos à l'idée de le contrarier en étant en retard. Je prie silencieusement pour ne pas avoir à franchir la porte du quartier général, même si cela signifie rester sur ce muret toute la journée. Et si jamais il me trouve, je n'aurai qu'à prétendre que je ne savais pas qu'il fallait entrer à l'intérieur.

Il n'a pas spécifié que je devais être à l'intérieur à 13 heures, seulement au quartier général.

Mes mains tremblent légèrement, mes paumes sont moites de stress et ma gorge est sèche. Stupidement, je cherche des yeux une échappatoire. Je souhaite juste avoir assez de courage pour ne plus être là.

Soudain, je suis tirée de mes pensées par une poigne brutale sur ma nuque. Mes épaules se crispent, mon cœur bat la chamade et je me lève instinctivement du muret, sachant déjà que c'est Ángel. Personne d'autre ne saisit ainsi ma nuque.

_ Avance, ordonne-t-il d'une voix dure, coupant court à toute objection.

Intérieurement, je panique en voyant qu'il ne se dirige pas vers le quartier général, mais j'obéis néanmoins. Où veut-il m'emmener ?

_ On-On... je... aïe... Bégayé-je.

_ Ferme-la, porra, lâche-t-il glacialement.

Je me tais, laissant mes pensées s'emballer alors qu'il me conduit vers une voiture modeste garée à proximité. Il ouvre la portière passager et me pousse légèrement pour m'inciter à monter. Sans choix, j'obéis, et il referme la portière derrière moi. Je le regarde anxieusement faire le tour de la voiture pour s'installer du côté conducteur. Mon estomac se noue face aux circonstances. Une odeur de tabac froid flotte dans l'habitacle, me dégoûtant profondément.

La voiture démarre brusquement, et j'attrape précipitamment ma ceinture, me demandant s'il a même le permis. Vu comme il conduit, ça me fait même douter qu'il ne s'agisse pas d'un véhicule volé.

Le dos collé au siège, je me cramponne à ma ceinture, les cuisses serrées, mon corps tendu comme un arc. L'appréhension noue mon estomac. Je n'ai jamais envisagé de me faire conduire quelque part en voiture. Pourquoi m'emmène-t-il ainsi ? Où allons-nous ? Des questions tourbillonnent dans mon esprit, mais je n'ai pas le courage de les poser.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant