Chapitre 59

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Toujours agenouillée au sol, mes larmes ne cessent de couler et je m'abhorre pour ça. Ça se renouvelle, par surcroît. Chaque fois je me tempête à être forte, à ne plus laisser la pluie de mon âme s'extérioriser, chaque fois je me concorde à ne plus me laisser faire mais à chaque fois, c'est toujours la même fin de page.

Peine sur peine. Un calvaire éreintant au paroxysme de l'agonie. Mes doigts tremblant, encore chamboulée par le spectacle venimeux de Ángel, touchent délicatement ma joue encore douloureuse, pour pas la faire souffrir davantage. Ce qui me fait mal, ce n'est pas la douleur physique mais plutôt ses mots qui sont mes maux. Ses épîtres fielleuses tournent en boucle dans mon esprit, comme un disque rayé. Les labeurs sont déchirant, et m'affligent tout à chaque répétition de ses syntagmes gravés en majuscules dans ma tête.

J'ai eu beaucoup trop d'attente de sa part, je me suis faite des idées, des films au plus souterrain de mon subconscient. Se l'avouer fais mal à son humanité, mais Ángel je ne le déteste pas ou plutôt plus. Malgré les horreurs perpétuelles qu'il fait, je n'arrive pas a le détester et ça me ronge intimement, parce que je dois le haïr. Mais j'arrive pas, je n'y arrive tout simplement pas. Faut que je relativise. Je dois absolument me reprendre en main. Faut que je fasse le ménage dans ma tête. Avec du Javel. Ça ne peux pas durer. Pourtant. Cette gifle m'a fait mal. Les mots encore plus. C'est autant humiliant que douloureux. Mais faut changer, se surpasser, et réussir à contourner la peur.

De mes paumes de mains, j'essuie mes joues salées et me relève maladroitement pour m'orienter vers le lit où mon sac est posé. J'attrape des sous-vêtements et une robe à bretelle jaune pâle puis m'habille, le cœur lourd.

Ce n'est pas sa faute. C'est moi qui m'imaginais des choses improbables. C'est complètement stupide de ma part, putain je suis tellement conne. Comment j'ai pu croire qu'un homme comme Ángel aurait pu me prendre en considération ? C'est évident que pour lui, je ne suis que poussière soufflée.

J'enfile mes converses et accroche mon sac à mon épaules avant de sortir de la chambre. Je tombe immédiatement sur un couloir court que je longe curieusement en me demandant où je suis ?

Des voix se font entendre au bout du couloir et rapidement je me retrouve dans un petit salon assez vaste, comportant deux canapés face à face en cuirs marron, ainsi qu'un meuble en bois massif ancien qui trône dans un coin de la pièce et semble vide.

Ángel est assis face à un homme en costume noir trois pièces, tout deux sur un des canapés qui s'oppose parallèlement.

Mon regard croise l'acier qui me fais voyager mais avant la destination, je détourne les yeux en remarquant que la discussion s'est interrompu à cause de moi.

En voyant que Ángel n'est plus focalisé sur lui, l'homme se retourne et surprise, j'ouvre grand les yeux en apercevant Giovanni.

Qu'est-ce qu'il fais là ? Il connaît Ángel ?

Je souris crédule et il affiche un large sourire à son tour.

_ Sofía. Dit-il simplement

Timidement je m'approche de lui et il s'écarte légèrement sur le canapé en m'incitant à m'assoir avec son bras, ce que je fais encore troublée par sa présence ici.

_ qu'est-ce que tu fais là ? Questionné-je encore étonnée. Tu veux m'offrir une deuxième pizza hawaïenne ?

Il sourit simplement en me regardant avec insistance. J'en avais presque oublié à quel point son regard était aussi brûlant que la braise.

_ toujours aussi charmante. Me complimente-t-il gentiment.

Je pouffe de rire embarrassée.

_ merci Giovanni. Sinon tu fais quoi ici ?

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant