Chapitre 104

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Sofía

Au creux de ma poitrine, le vide continue à se dessiner, de plus en plus clairement.
Mais ça ne suffit pas. Il y a toujours les voix, qui remplissent ma tête et tournent là où le vide prend sa place insidieusement.

« il est mort ».Une mise en garde violente contre les petits désagréments de la vie. Tout prend une ampleur disproportionnée, et entendre cette phrase me prévient que là, c'est trop, c'est plus que je ne peux le supporter, qu'il faut que je m'en aille, et vite, encore.

Culpabilisation, deux poids deux mesures... Quand j'ai fondu en larmes en me disant que plus jamais je ne reverrais son acier, mon estomac s'est noué d'avanie cataclysmique qui m'a brulé jusqu'à ne plus sentir le moindre résidu d'envie de vivre ou même d'exister. Mon organe vitale s'est déchiqueté en miette, impossible à recoudre. La léthargie anémique me consume affreusement et mon corps ne peut supporter cette nouvelle déprédatrice, je ne veux pas y croire et je n'y croirais pas.

Je ne veux pas faire le deuil, je n'en ai pas la force. Je perdure à croire que fleurs ne fanent pas, l'ombre de mes souffrances et de mes peines ne peuvent pas être atténué, même le temp n'en a pas la capacité. Cette transcendance métaphorique, me submerge de désespoir car pour moi, la douleur qui me serre le cœur raffermit, à chacun de ses battements, ma certitude qu'il est impossible d'autant aimer un être et de le perdre pour toujours.

Mon regard tremblant s'oriente vers la fenêtre où le ciel clair est fortement dissimulé par des nuages teinté d'une couleur ferreuse, projetant une obscure clarté grisâtre sur la ville, il est calme et silencieux pourtant je vois les larmes des nuages, ils pleurent la mort de Ángel avec moi.

Au-delà du chagrin, sa mort hante ma vie. Pour combler son absence. Sans cesse je remue de précieux souvenirs. Je trouve un réconfort en trompant ma souffrance. Mes plus tendres pensées vont vers lui dès l'aurore,
Je l'appelle et lui parle avant de m'endormir,
Et bien étrangement sa voix me berce encore, même si je ne l'entend pas explicitement.

Au delà des décombres, la douleur projette mon malheur dans mon cœur.
Je n'ai plus que les os, un squelette je semble,
Décharnée, dénervée, démusclée, dépulpée, depuis que la mort a frappé agressivement.

D'un œil triste et mouillé, me consolant vainement dans mes draps froid et glacial. La porte s'ouvre soudainement et João apparaît dans la chambre, il pose je ne sais quoi sur la coiffeuse avant de me regarder et je le regarde. Son regard me juge ouvertement, comme si j'étais l'idiote du coin.

« Il est mort ». Une entrave dans mon avancement personnel. Ce n'est plus une mise en garde. C'est malgré tout le signe que là, maintenant, il y a quelque chose qui fait que je trouve que la vie ne vaut plus la peine d'être vécue. Avec, à nouveau, cette sempiternelle exagération de mes sentiments qui est si propre à mon état. Non, je ne veux pas croire en sa mort, ce n'est pas vrai, non putain pas lui, tout mais pas lui, ma vie vaut si peu qu'elle pourrait disparaître à tout moment. Je l'entends beaucoup trop cette phrase. Elle tourne dans ma tête, tel un disque vintage rayé.

_ je te comprend pas. Lâche João plein de mépris. T'étais rien que ça catin, à quoi sert de te mettre dans un état pareille alors que tu savais d'emblée que vous deux, ça n'allais pas se fonder au-delà du sexe.

Je me redresse en fronçant les sourcils puis sort du lit nerveusement.

_ ose encore une fois, brailler dans l'air des paroles comme celle-là devant moi et crois moi que tu le regrettera. Vociféré-je hargneusement

_ tu vas faire quoi ? Tu ne sais que pleurer et tu pense m'impressionner avec tes menaces ? Arque-t-il un sourcil en posant ses mains sur ses hanches l'air narquois

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant