Chapitre 48

12.4K 553 88
                                    

Ángel

Le souvenir d'un passé est une peste à laquelle on croit échapper en sortant d'un temp, et qu'on ne rencontre jamais plus vite que dans la société. C'est un vide de l'âme, un anéantissement de notre activité et de nos forces, une pesanteur générale, une paresse somnolente, une fatigue, et, ce qu'il y a de pire, c'est souvent un coup mortel que l'on porte d'une main polie et avec beaucoup de grâce à notre intelligence et à nos plus sale pensées.

Tout ce qu'il y a d'essor dans l'esprit d'un homme, d'élan dans son cœur, est comprimé, paralysé par le passé qu'il oublie pas ou qu'on lui fait éprouver. Dans ces souvenirs, on s'assied en silence au milieu d'une assemblée, on écoute d'une oreille indifférente ce qui se dit, on ne s'intéresse à aucun entretien, et souvent on perd soi-même toute espèce de bonté d'âme.

La mort est la cessation des mouvements du cœur, et le passé en est le ralentissement. Je suis pas un de ces fragiles dépressif qui s'engouffre dans les remords. Il s'est produit ce qu'il s'est produits, on ne peut pas remonter le temp alors j'essaie de combler ce vide ancrée en moi et pour ça, il n'y a que dans le mal où je me sens si bien.

On peut me reprocher d'être le diable mais personne ne s'est excusé d'avoir fais de ma vie un enfer. L'arrogance de l'Homme est un art saumâtre dont les pinceaux sont des couteaux.

Le passé voltige à l'extérieur, comme chassé de ma conscience et souffre des choses plus que de moi-même. Des fois je me sens comme une bouteille à la mer, noyé dans les vagues de la mélancolie de la vie. Et j'ai cette fierté qui me pousse à masquer cet émotion sous la haine de mes crimes.

_ On est arrivé. Annonce Gilé

Effectivement, on est devant le point de rendez-vous. Un garage abandonné à Calabre. Gilé se stationne devant et se tourne vers moi tandis que je reste focalisé sur le rideau métallique galvanisé motorisé.

_ Ángel, tu te doute bien qu'ils ne sont pas quatre eux. M'informe Amaya comme si je le savais pas

J'ouvre ma portière sans lui répondre et ils tardent pas à me suivre. Ouais, la mafia se déplace jamais en petit groupe, mais moi j'aime pas être trop entouré. Ça m'étouffe. Je m'avance vers le rideau métallique et le tire d'un coup avant de le lever assez en hauteur pour qu'on puisse passer aisément.

_ personne ne dégaine son arme avant moi. Ordonné-je sèchement avant qu'on s'engage dans le garage

Ils opinent de la tête et on entre dans le garage vide. Pas un seul objet, seulement des murs grisâtre sans aucune fenêtre. J'ouvre la marche et on s'oriente vers le petit couloir au fond qu'on longe sereinement.

À la fin du couloir, une équipe est là. La 'Ndrangheta. Au moins une vingtaine vêtu de noir et parmi eux, Giovanni est assis sur un fauteuil sans lever la tête vers nous. Seulement ses hommes nous fixent impassible, droit comme s'ils avaient un bâton dans le cul. Ramos, Gilé et Amaya reste contre le mur comme des soldats confiants alors qu'on a clairement pas l'avantage. Mais on ne panique jamais dans mon cartel, même face à la mort on l'affronte dignement.

Je me dirige vers le fauteuil en face de Giovanni qui fais rouler sa chevalière autour de son index. Je m'assois nonchalamment et attend. C'est lui qui voulait parler affaire donc c'est lui qui débutera la discussion. Les minutes passent et il continue de regarder sa chevalière en la faisant tourner avec son pouce, autour de son doigts.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant