Chapitre 65

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Une fielleuse ironie émaille de ma vie. Il y a des moments oniriques comme le piano au milieu d'une route enneigée, des factures aussi acerbe que la personnalité de cet acteurs sans rôle.

J'étais en fin de vie depuis déjà quelques temp. Il y a des jours où j'espérais que la mort arrive au plus vite, que la vie cesse, que la douleur cesse. Je n'en pouvais plus de cette douleur, de cette souffrance.

Il y avait cette foutue bête qui me grugeait le cerveau et le cœur. Une bête invisible pour bien des gens, une bête que les médecins n'arrivaient pas à éradiquer de mon corps. Quand cette bête vous gruge de l'intérieur, ça ne parait pas. Si j'avais été amputé de la jambe ou du bras, les gens auraient remarqué, mais non, moi j'étais amputée de l'intérieur. Parfois, même moi j'arrivais à oublier que la bête était là. Elle me donnait du répit par moment pour revenir plus forte par la suite.
Cette bête, c'est Ángel lui-même. Cet homme incompréhensible, incompris, solitaire d'émotion, singulier de raisons. Qui n'a plus que sa haine comme existence.

J'ai même cru quelquefois en une rémission, que tout s'alignait pour que se pointe une explication, pour que cette bête disparaisse enfin et que je reprenne de l'énergie, de l'engouement. Chaque fois, ça repartait de plus belle ; la douleur, le désarroi, la détérioration de mon état mental.

Ce qui est bien, c'est que je pouvais continuer à faire mes choses, sourire (du moins, faire semblant) et vaquer à mes occupations. Je vous dirais même que lorsque je vaquais à mes occupations, j'avais l'impression que je repoussais la mort, j'avais moins mal, je me sentais plus forte qu'elle. En plus de vivre avec ce monstre intérieur et extérieur, je vivais une relation de société difficile et une monoparentalité qui me grugeait beaucoup d'énergie. La peur d'être seule et la peur de mourir étaient plus fortes que le reste. Mon cœur, mon âme, mon cerveau et mon corps n'allaient plus...

J'ai tenté tant bien que mal de me soigner, de me guérir, de survivre. Et puis un jour, ce fut final, ce fut fatal : je suis morte. Mon âme, mon cœur et mon cerveau tout s'est éteint. Mon corps est resté animé, mais le reste n'y était plus.

C'est lorsque j'arrive devant la favélas, que je me dis que tout ça n'était qu'idiotie naïve et puérils. Sérieusement, qu'est-ce qui m'a pris de croire qu'il apprécierai les lèvres d'une enfant d'à peine dix-sept ans ?

Le haïr c'est tout ce qu'il y a de plus flagrant et raisonnable. Je ne veux plus me sentir inutile et insignifiante comme il le voudrait, cette fois c'est terminé. Je ne vais pas repartir vers la case de départ.

L'homme qui s'était chargé de m'emmener à la favélas depuis l'aérodrome, viens tout juste de se garer devant l'entrée du bidonville.

Le trajets fut silencieux, long et rapide à la fois. Je ne suis pas certaine et rien ne sert de s'attarder là dessus.

J'ouvre la portière en accrochant mon sac sur mon épaule et descend du véhicule en lâchant un merci inaudible, par politesse. La portière claque derrière moi tandis que le soleil dr Rio me frappe corporellement, un regard vers les soldats armée qui garde l'entrée puis je m'aventure dans la favélas en espérant que mon oncle ne soit pas en colère.

Rien n'a changé, le même décor livide m'accueille. Misère des logements de fortunes, misère marqués sur le visage des habitants, misère enveloppant l'air écrasante. Je marche en scrutant les alentours, les habitants sont de sortit, j'en croise énormément et la plus part sont des gosses dans la dizaines, des groupes de petit garçon qui se baladent en bande organisée.

Une fois devant ma casa, j'hésite terriblement à toquer. Je ne sais pas dans quel état d'esprit est mon oncle, inquiet, en colère, indifférent ? Je ne sais pas mais je vais pas tarder à le savoir puisque j'ouvre la porte et pénètre à l'intérieur.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant