Chapitre 66

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Avant ce jour fatidique, ma tête et mon cœur allaient un peu mieux, pourtant. Il me semblait voir une toute petite lumière au bout du tunnel. Et puis le verdict est tombé : « IL » m'a quitté pour toujours car un mois s'est écoulé et aucune nouvelle de lui, septembre nous ouvre les bras et malgré que un peu de bon sens s'est installé dans ma vie, je ne veux plus penser à lui mais il reviens toujours dans ma tête, à comparer tout ce qui est en lien avec lui avec mon présent actuelle.

Quand on meurt, on tue la bête aussi, elle meurt avec nous. C'est un peu ce qui m'est arrivé. La bête est morte. Du moins, elle a perdu beaucoup de vigueur, elle a perdu de la force. On m'avait dit que parfois, il faut atteindre le fond du baril pour remonter à la surface, et c'est vrai.

La mort est certainement le plus profond du baril qu'il soit possible. Durant des jours, des semaines, un mois, j'ai erré comme une âme en peine. J'étais une âme en peine.

Et puis, j'ai retrouvé le chemin vers la vie. Ce ne fut pas magique, il y a eu beaucoup de thérapies, de soutien et d'entraide de la part de mon oncle. Cette foutue dépression, cette infâme bête qui me grugeait de l'intérieur, qui me suivait depuis trop longtemps, était bel et bien chose du passé ou du moins c'est ce que je me force à croire. Le trou qu'elle laissait en moi, dans ma vie, a fait place à la passion, à la compassion, à l'amour de soi et des autres et au pardon.

J'ai repris possession de mon cœur, ma tête et mon âme. J'ai repris le contrôle de ma vie, de mon moi tout entier.

J'ai enfin pu prendre soin de moi, me soigner complètement, être moi et comprendre qui j'étais et surtout m'accepter. J'ai partiellement tué la bête. J'ai compris que ma relation de couple antérieure me tuait à petit feu, que de ne pas avoir soigné ma vie me grugeait petit à petit, que je répétais sans cesse les mêmes erreurs sans jamais en tirer de leçons.

Je suis maintenant en vie, plus vivante, plus souriante, plus heureuse. Mourir fut épeurant, mais tout cela en valait le coup, tout cela en valait la peine!

l'agonie, la mort et la renaissance. Un champ lexical qui m'est propre.

_ será 12 réal. Souris-je en portugais à la femme qui viens d'acheter un kilos de pomme de terre qui me tend quelque pièces par la suite

Mon oncle m'a appris le portugais, pour que je puisse communiquer aisément avec les clients.
Actuellement, je suis au marché avec mon oncle, comme les jours précédents et les jours prochains. Je prend plus ou moins plaisir à vendre des légumes aujourd'hui.

Mais à cet instant, je ne me doutait pas que dans six heures, cette journée allait devenir la pire de ma vie.

_ Sofía, donne moi un sachet en plastique. Exige mon oncle

Je tire sur le paquet de sac et lui en tend un avant de me tourner vers le vielle homme qui me tend le saut de ses courgettes, je les récupères et pose le saut sur la balance.

_ será 14,56 réal. Annoncé-je souriante en versant les légumes dans sac en plastique ( ça fera 14,56 réal )

_ dis Luís, tu n'es jamais tombé amoureux ? Demandé-je à mon oncle en récupérant l'argent que me tend le vielle homme

_ pourquoi cette question ? J'aime bien ma vie de célibataire. Si tu dit ça parce que tu pense que je gâche ma vie alors tu te trompe. Peut-être que j'ai cinquante six ans mais je vis ma bien ma situation solitaire. Affirme-t-il en posant un saut de tomate sur la balance. Puis je t'ai toi, ça comble la solitude d'un homme.

Je pouffe de rire à son clin d'œil puis me concentre sur les clients. Étrange qu'il ne soit jamais tombé amoureux, il pourrait se marier. C'est jamais trop tard pour avoir une vie de famille.

La fin de la journée de travail nous fais conclure le stand, il est plus de vingt heure lorsqu'on range notre stand et pose le reste des légumes invendu à l'arrière de la camionnette, tandis que mon oncle plis la longue table en bois du stand, je plis la nape verte foncé.

_ Sofía, va rendre les chaises au stand de fritures à la fin de la rue. Dit mon oncle en posant la table plié à l'arrière de sa camionnette

Je récupère les chaises qu'on avait emprunté plus tôt puis les plis sur elle-même avant de m'orienter vers le stand de fritures.

Le crépuscule commence à s'emparer de la ville, malgré qu'il y a moins de monde que cette après midi, la ville reste en folie urbaine continuelle. Disons que c'est le charme de Rio, toujours animé quelque soit l'heure de la journée.

Une fois devant le stand, je souris au vieux monsieur qui bosse encore malgré la fin du marché. Son stand reste ouvert jusqu'à extrêmement tard, il y a toujours du monde la nuit qui se promène dans Rio comme si nous étions en plein jours, alors il perdure à bosser pour se faire encore plus d'oseille.

_ Vou devolver as cadeiras Francesco, obrigado novamente. Souris-je en déposant les chaises contre son stand ( je te rend les chaises Francesco, encore merci )

_ De nada meu querido, cumprimente o Luís por mim. Rétorque le vielle homme en souriant sous sa moustache épaisse ( de rien ma belle, salue Luís de ma part )

J'opine de la tête, fière de parler portugais. Certes je fais des fautes et mon accent laisse à désirer mais ça reste tout de même un exploit que je maîtrise partiellement la langue en un mois seulement. Je ne sais pas dire grand chose mais mon lexique suffit pour le moment.

Je me retourne pour traverser de nouveau la longue rue, me faufilant entre la foule nombreuse de Rio, mais en voyant que ça devient difficile de marcher entre eux, je m'oriente vers le trottoir et marche direction la camionnette pour rentrer à la favélas.

Une fois dans la place déserte où mon oncle est garé non loin de moi, j'enfonce mes mains dans l'arrière des poches de mon short en jean en profitant du silence et de la douceur du soir.

Quand soudain, on m'attrape par la taille en emprisonnant mes bras contre mon corps tandis que quelqu'un d'autre me soulève par les jambes, un chiffon imbibé de je ne sais quoi se plaque contre mon visage et la panique s'empare de moi tandis qu'une odeur chimique s'infiltre dans mes narines.

Je me débat les larmes au yeux en hurlant contre le chiffon, bordel qu'est-ce qui se passe ? on me transporte vers je ne sais où, quelqu'un m'encercle le haut du corps qui est plaqué contre un torse et quelqu'un d'autre tient fermement mes jambes entre elles pour m'empêcher de me débattre et je perd mon énergie brusquement, tout mes forces me quittes et je lutte contre ce sommeil forcé avant d'arrêter de me débattre dans les bras de ses inconnues, mes paupières deviennent lourdes comme si elles pesaient une tonne, d'un coup, je plonge dans le noir totale de l'inconscience.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant