Chapitre 17

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Ángel


Je me gare loin de l'une des entrées de la favéla. Et retire les clés du contact pour les ranger dans ma poche. Il n'est pas encore cinq heures du matin. Le ciel est encore suffisamment sombre, pour travailler en notre faveur. Mais cette tranche d'horaire-là, je ne l'ai pas choisi uniquement parce qu'elle permet à mes gars de se déplacer sans que leurs mouvements soient détectés à distance, mais surtout parce qu'à cette heure-ci, les rues sont calmes.

La majorité des habitants sont endormis, y compris la plus part des hommes du PCS. On pourra les surprendre et neutraliser rapidement les points de résistance avant qu'ils ne puissent organiser une défense cohérente. Et même si les olheiros sont présents, ils sont fatigués et moins vigilants. Surtout qu'ils n'ont généralement pas plus de seize ou dix-sept ans. Les quelques soldats du PCS qui patrouillent dans les rues? Leur réaction sera lente et désorganisée, je vais avoir le temps de régler les merdes pour lesquelles je suis dans cette ville, avant qu'ils ne réalisent pleinement ce qui se passe.

J'aspire une longue taffe de ma cigarette en prenant mon talkie-walkie dans la console centrale, tandis que Sofía retire lentement sa ceinture de sécurité en me voyant ensuite ouvrir ma portière. Je quitte le véhicule, expirant ma dernière bouffée de nicotine, avant d'écraser le mégot sur le haut de la portière, que je claque ensuite derrière moi.

Mon regard balaie les environs alors que j'arrange mon débardeur sur le manche de mon arme coincée dans mon dos. Puis je fais le tour de la caisse pour aller ouvrir la portière côté passager. La menina s'enfonce immédiatement au fond de son siège, les yeux grands ouverts par l'appréhension.

_ Descends, lui ordonné-je froidement.

_ On est où ? demande-t-elle d'une voix chevrotante.

_Paraisópolis. Descends. Sifflé-je et cette fois-ci je n'attends pas de la voir obtempérer d'elle-même pour prendre son bras et la tirer hors du véhicule.

J'entends que mon geste lui coupe le souffle alors que je referme la portière derrière elle. Elle gémit de ma poigne qui doit lui faire mal, mais sans lui relâcher le bras, je la fais pivoter pour la faire avancer avec moi vers l'entrée de la favéla. Je sors mon Colt de mon dos. M'attardant pas une seule seconde sur la manière dont elle manque de trébucher, face au rythme de mes pas.

Plus loin, je repère un groupe de mes hommes qui longent le côté de la favéla à vive allure pour pénétrer depuis un autre accès, tandis qu'un autre groupe se précipite vers l'entrée par laquelle je m'apprête à m'engager.

Plus je me rapproche, plus je distingue la silhouette des olheiros (guetteurs) sur les toits, ces derniers commencent à s'agiter, remarquant que quelque chose ne va pas. Je balaye les toits du regard, jusqu'à trouver Edihno, un de mes lieutenants, sur un toit, dissimulé entre les casas qui le surplombent. Son visage est couvert d'un foulard bleu marine, et il tient une mitraillette. Il est bien à l'abri du regard, et il a en vue les guetteurs qui se trouvent sur le toit de l'autre côté de la rue.

_ Qu'est-ce qui... qu'est-ce qui se passe ? s'inquiète la fille en regardant frénétiquement autour d'elle.

Je ne réponds pas. Mes yeux restent sur Edihno qui a son talkie-walkie près de sa bouche. Son regard sur moi, il n'attend que mon signal pour avertir les autres d'ouvrir le feu.

Alors, je lui fais un signe de tête. Et je vois les lèvres de Edihno bouger près du talkie-walkie, avant qu'il ne le range à la ceinture de son short et reprenne plus correctement possession de sa mitraillette entre ses deux mains, il vise le groupe de guetteurs à une vingtaine de mètres de lui.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant