Chapitre 124

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Sofía

Les matins à New York sont faits d'acier, ils ont un goût métallique et des bords acérés. Le ciel n'est qu'une couverture grisâtre à vapeur, mon souffle s'abat sur la fenêtre vitrée, créant une buée sur la paroi, une trace évanescente que je ne cesse d'effacer avec mon avant-bras à chaque fois qu'elle naît, pour ne rater aucune séquence de ce que m'offre la vue à partir de la fenêtre de cette chambre d'hôtel ; L'avenue plate s'étend avec ses lignes de long lampadaire au becs de gaz, droits, espacés régulièrement et de bennes à ordures entourées de déchets, ses lagres trottoirs grisâtres, tachés de l'ombre d'un vieux toxicomane inconscient qui donne l'air de subir une overdose, me remplissant d'inquiétude pour cette inconnu qu'il faut aider.

Profondément inquiète pour cette homme et sa vie menacée, je me tourne vers Ángel pour lui en parler mais je me rétracte en le voyant encore accroupis au sol face à un ordinateur portable branché à la prise du mur en face de l'immense lit, sa cigarette trônant entre ses lèvres tandis que ses sourcils férocement courbés obscurcissent son acier en m'informant une fois de plus, qu'il est dans un état colérique. Alors ouais je me rétracte, dans mon initiative de sauver le vielle homme en pleine overdose.

Un énorme bruit me fais sursauter en me sortant précocement de mes pensées et mon organe vitale pompe d'une courte panique qui me noue les intestins. Je lève les yeux vers la fenêtre au-dessus du lit, qui viens de s'ouvrir brutalement sans aucune raisons apparente. Elle oscillent un moment avant de s'écraser sur le lit en laissant la cacophonie des klaxons, les aboiement de chiens et de la folie urbaine, s'immiscer dans la pièce.

N'osant pas bouger suite à ça, j'inspire longuement pour calmer ma désorientation en regardant brièvement Ángel qui ne sourcille pas puis me lève en m'orientant vers le lit, j'attrape cette petite fenêtre à quatre carreaux poussiéreux puis jongle entre l'encadrement et cette dernière en me demandant comment cela a pu arriver.

D'accord, cette hôtel est complètement lugubre, cette chambre est sinistre et le quartier semble sensible mais je ne pensais pas que c'était à ce point. Je contourne le lit en tenant la fenêtre qui viens de se décrocher puis la pose contre le mur au papier peint abîmé et sinistrement dégradé, il y a même de la moisissure au coin du plafond et la moquette cendreuse au sol, émane d'elle une certaine odeur nauséabonde que je ne saurais décrire. Je finis par monter sur le lit en me positionnant : fesse sur talon puis soupire bruyamment en me focalisant sur ce blond dont je suis folle inquiète et folle amoureuse.

_ qu'est-ce qui te préoccupe ? Lancé-je doucement comme pour éviter de griser cette atmosphère chétif. Depuis que tu es revenu de je ne sais où, tu semble tare songeur.

Il fais un léger mouvement en baissant son genoux droit au sol puis écrase sa cigarette sur la moquette en laissant un nuage grisâtre s'estomper dans l'air.

_ tout va bien cariño. Je dois juste régler deux trois trucs et on ira manger après.

Son ton froid trahis sa haine refoulée. Je me lève pour m'approcher de lui, espérant vainement apaiser ce ressentiment en lui. Une fois à sa hauteur, je m'arc-boute pour faufiler mes doigts dans ses cheveux en posant mon attention sur l'écran de ce PC.

_ qu'est-ce que c'est ?

Un schéma architectural prend la totalité de l'écran, une sorte de plan d'une demeure.

_ rien d'important. Ne t'en préoccupe pas.

_ si tu t'en préoccupe alors je m'en préoccupe Ángel.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant