Chapitre 96

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L'amour à son silence. Dont seul son regard me rend folle. Quand il plonge son regard dans le mien, c'est l'abîme qui me regarde et mon amour pour lui, ne voit que le côté paradisiaque et terriblement étourdissant. Un chef-d'œuvre de deux paires de joyaux gris enivrant. Son regard est mon horizon confiance, je ne peux nager dans ses pensée pourtant je me noie dans son acier.

Sa cigarette trône entre ses lèvres, comme si c'était leur place optimal, comme si cette tige contenant du tabac était conçu pour vivre uniquement entre ses lèvres.

Il expire un nuage grisâtre, l'odeur s'empare de la voiture et ses yeux me quitte pour redémarrer après avoir passé le péage. Cette échange visuelle coupé, me donne l'effet d'un manque glacial qui n'attend qu'être de nouveaux comblés par ses prunelles.

_ d'où viens cette cicatrice que tu as au cou ? Demandé-je curieuse tandis qu'il cendre sa clope sur le tableau de bord

Il arque un sourcil en me lançant un coup d'œil furtif puis repose son regard sur la route, où le soleil disparaît progressivement au phénomène crépusculaire annonçant le soir.

_ je me suis battu quand j'avais quinze ans. Commence-t-il sur un ton apathique. Le mec avait un couteau et il a voulu me trancher la gorge.

Je plisse les sourcils choqué et baisse le regard vers sa cicatrice, elle semble pas si profonde que ça. On dirait une éraflure sépulcrale. Heureusement qu'il n'a pas réussi à lui trancher la gorge, sinon je n'aurais jamais connu Ángel.

_ pourquoi il a essayé de te trancher la gorge ?

_ parce que j'avais tranché celle de son cousin. Avoue-t-il froidement sans aucun regret

Mais, il n'avait que quinze ans. Seigneur, comme un adolescent de quinze ans peut faire une chose aussi sardonique ?

_ pourquoi t'as fais ça Ángel ? C'est horrible, voir même inhumain !

_ il m'a regardé de travers. Dit-il sèchement comme si c'était une raison valable

_ mais tu peux pas trancher la gorge de quelqu'un, tuer quelqu'un simplement parce que ce dernier t'as mal regardé ! M'écris-je outré par sa perspective des choses. Je l'ai fais plusieurs fois moi, tu vas me trancher la gorge aussi ?

_ toi c'est pas pareille. Commence-t-il crûment. Ton dorée me fais bander, encore plus si tu me regarde mal.

Comment est-ce possible ? Comment c'est possible qu'il m'annonce quelque chose d'aussi abject et odieux puis se rattrape en effaçant tout le côté sinistre de son anecdote, avec seulement quelques mot qui me remplisse éperdument d'ataraxie exultante. Mon cœur palpite inconsidérément d'allégresse tandis que je me fais violence pour pas sourire.

Je détourne les yeux vers la route puis me tourne vers la vitre, à son opposé, pour sourire stupidement.

_ t'es excessivement effroyable. Dis-je pour qu'il sache que son acte reste affreux

Soudain, je sens une chaleur protectrice sur ma cuisse dénudé. Je me tourne vers cette dernière et aperçois la main de Ángel la serrer sans grande brutalité.

_ t'as froid ? Me demand-il en fronçant les sourcils

Trop occupé à m'extasier sur sa main posée sur ma cuisse, j'opine de la tête sans être certaine qu'il m'ai vu.

_ pourquoi t'as mis une robe ? On est en octobre là cariño. Gronde-t-il durement

_ je pensais pas qu'il ferais si froid. Haussé-je les épaules

Il se tourne brièvement vers moi en me regardant mal comme si j'étais inconsciente face à cette bêtises. Puis il repose son regard sur la route.

_ prend la couverture dans mon sac. M'ordonne-t-il en retirant sa main de ma cuisse

Pourquoi il enlève sa main ? Qui lui a dit d'enlever sa main ? Repose ta main connard ! Je fronce les sourcils frustré de plus sentir sa main sur ma peau et me baisse vers son sac, posé à mes pieds et l'ouvre. Quelque armes, 'fin, beaucoup d'armes et deux débardeurs suivis d'une veste à capuche noir, j'attrape la couverture kaki et l'étend sur mes jambes en lançant un regard vers Ángel.

Putain mais remet ta main ! J'ai fais exprès de laisser une partie de ma cuisse dénudé pour sa main mais il me regarde même pas. Je me tourne vers la vitre en fronçant les sourcils irritée, cependant lorsque j'allais remonter la couverture sur la totalité de mes jambes. Il repose sa grande main sur ma cuisse en affichant un léger rictus au coin des lèvres.

Visiblement, il a compris mes attentes et mon envie. Tout simplement parce que Ángel est peut-être l'homme le plus perspicace au monde.

Alors, timidement, je guide mes doigts vers son avant bras et commence à lui faire des petites caresse similaire à des papouilles.

_ on arrive dans combien de temp ?

_ il nous reste deux jours de routes. Dors. Ordonne-t-il comme s'il lisais en moi et voyais ma fatigue

Alors je ne me fais pas prier et m'installe correctement sur le siège en posant simplement ma main sur son avant-bras pour être certaine qu'il ne disparaisse pas pendant mon sommeil. Je suis peut-être folle ouais.

Quelques heures plus tard, j'ouvre les paupières en grimaçant encore à moitié endormis puis remarque rapidement qu'on est stationné dans un air de repos et que la couverture me couvre jusqu'au épaules, je me redresse en cherchant Ángel du regard et le vois dehors, adossé à sa portière.

Je me redresse, faisant légèrement tomber le plaide face à mon mouvement puis sort de la voiture en emportant la couverture avec moi. L'aube est là, le soleil se réveille mais il fais toujours aussi froid, la fraîcheur matinale m'oblige à m'entourer du drap comme un gosse qui sort d'une piscine et s'entoure d'une serviette.

Après avoir contourné le véhicule, je croise le regard de Ángel qui expire une bouffée de nicotine, puis je me colle à son torse et on reste comme ça un moment jusqu'à qu'il daigne enfin poser son bras autour de ma nuque.

_ pourquoi tu ne dors jamais ? Soufflé-je encore dans un état engourdi par mon précédent sommeil

Il a toujours des cernes qui démarque son regard glacial et je ne l'ai jamais vu dormir non plus. Pourtant le corps humain a besoin de repos, c'est peut-être même mortel de pas dormir.

_ j'arrive pas à anesthésier l'insomnie. Avoue-t-il froidement.

_ tu fais des cauchemars, Ángel ? Demandé-je doucement pour pas le braquer

Je lève la tête vers lui et le vois froncer les sourcils en fixant un point invisible.

_ je défend ma conscience. Certain souvenir sont destiné à sombrer dans le silence et l'anonymat. Siffle-t-il comme s'il était bloqué dans une impasse de hantise colérique et dévastatrice

_ raconte moi tes cauchemar Ángel. Dis-je sérieusement. Aucune bête noir ne peut te faire du mal, je suis là.

Son sommeil n'est pas seulement contrarié par cet empêcheur de dormir profond. Il est hanté par des images terrifiantes et sûrement très violentes. C'est normal, le cauchemar est un rêve à forte charge anxieuse. Peut-être que son passé est son démon nocturne et ça me tue de ne pas pouvoir lui retirer ce monstre.

Il baisse la tête vers moi et ancre son regard dans le miens, un silence s'installe puis il resserre son bras autour de moi, m'incitant à reposer ma tête sur son torse. Je l'entend soupirer puis il dépose un baiser sur le haut de mon crâne me remplissant d'un réconfort. Or, que c'est lui qui a besoin de réconfort rassurant.

Alors je pose un baiser sur son torse en encerclant mes bras autour de sa taille en tenant la couverture entre mes paumes de mains, ce qui nous couvre partiellement tout les deux.

_ quand tu seras prêt Ángel, je t'écouterai et on trouvera une solution. Mon premier et dernier meurtre sera ton démon qui te ronge. Dis-je en resserrant mes bras autour de lui

À son tour, il m'encercle de ses bras et on reste comme ça. Profitant de ce calme matinal et de cet air rafraîchissante qui émane de la station service endormis. Je ne sais pas s'il prend mes paroles au sérieux ou s'il se contente de rester muet en laissant mes mots disparaître dans l'air. Ángel ne croit pas au promesse, pour lui c'est que du vent mais moi je suis bien déterminé à l'apaiser.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant