Chapitre 34

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Une migraine atroce me tiraille la tête, mes neurones sont brisés, comme si on jonglais avec eux comme une balle de tennis entre deux raquettes. Je me redresse en plissant les yeux comme si je quittais la pénombre et instantanément une douleur insoutenable m'agresse la cuisse, un bandage l'entoure ou on peut clairement voir une grosse tache de sang.

Les souvenirs me revienne, il m'a tiré dessus, la décapitation de cette femme, ses coups. Putain, la souillure de son âme est un fléau nuisible, ses actions sont un cataclysme catastrophique, il mérite tout le malheur du monde, je souhaite que le Karma s'abatte sur cette homme pitoyable.

Je me lève et grimace en sentant les larmes monter à cause de ma cuisse qui me fais terriblement mal. En titubant et en manquant de m'effondrer à chaque pas, je quitte ce bureau puis rentre chez moi en ignorant les regards insistant des hommes de main de Ángel qui était dans le quartier générale.

Le passage dans la favéla a été extrêmement difficile, j'ai dû m'arrêter plusieurs fois et traîner ma jambes en pleurant pour arriver chez moi.

C'est mon oncle qui m'ouvre, ses yeux s'écarquillent formant deux soucoupes volantes quand il voit mon état.

_ Sofía...qu'est-ce qui t'es arrivé bon sang ? Souffle-t-il estomaqué

_ C'est..C'est Ángel il m'a tiré dessus. Avoué-je larmoyante

Je m'en fou d'être une balance. Je m'en fou des conséquences, je m'en fou de tout. Ce qui compte à cet instant, c'est que quelqu'un trouve une solution pour calmer la douleur. Certes Pedro a extirpé la balle de ma plaie avec un couteau mais la douleur est toujours là, comme si la balle n'avait jamais était enlevé.

Mon oncle m'attrape de justesse avant que je m'effondre sur le perron de la porte, il grimace en me portant difficilement puis m'emmène sans un mot, dans ma chambre sous mes pleures bruyant.

Il m'allonge sur mon lit et fixe ma jambe paniqué, ne sachant que faire pour m'aider ou faire face à la situation.

_ on t'as désinfecté ? La balle a été retiré ? C'est bourré de bactéries, de poussières et de fumées, si personne ne t'as soigné alors on doit t'emmener à l'hôpital..-

Je le coupe en me mordant la lèvre, larmoyante.

_ on m'a soigné..juste la douleur est infernal.

_ d'accord..d'accord..hum..je n'ai rien pour apaiser la douleur. Je peux aller en ville chercher de quoi gérer cette blessure, ensuite tu m'expliquera tout.

Sa phrase sonne comme un ordre accusateur alors j'opine simplement la tête, n'ayant aucune autre option en vu. Il jette un dernier coup d'œil à ma cuisse puis ses sourcils se fronce quand il ancre ses yeux dans les miens.

_ on a beaucoup de chose à se dire minha filha.

Il sort sur ces mots et je continue de pleurer en fixant le plafond. C'est étrange, ces événements de ma vie qui me font penser certaines fois que je ne suis qu'une des pièces impassibles d'un échiquier sans cadre ni limites, des pantins démantibulés tenus par des fils fragiles. Mon libre arbitre semble avoir été conçu sans doute dans le dessein de me faire croire que, par la réponse que je donne aux choix qui me sont proposés ou imposés, j'existe.

Vivre. La vie. La vie, cet effroyable torrent bouillonnant, qui peut parfois m'entraîner là où je pensais ne jamais aller, ne me permettant pas de repos, pas de pause ni aucun répit. Remonter mon courant à sens inverse pourrait me changer singulièrement, m'entraîner vers un autre cours, dont je ne sait pas, heureusement ou malheureusement, s'il me mènera vers des eaux plus calmes, ou plus troubles... Et lorsque cette vie m'amène, malgré moi, à accepter le changement inéluctable, je suis toujours, dans l'angoisse d'un avenir que je ne maîtrise pas, préoccupés de savoir si je pourrai espérer mieux ou se résigner à devoir me battre à nouveau.

Je ne veux plus me laisser faire. Son coup de feu a était la goutte d'eau qui a fais déborder le vase. Oui, je suis déterminé à ne plus laisser la peur m'emporter face à lui. Je lui répondrai, je lui tiendrai tête, je lui montrerai qu'à présent, il a besoin d'être contredit. Si personne ne lui fais savoir que ses actions sont peccadille, alors il continuera dans sa damnation défectueuse.

Mes paupières se ferme et j'attend le retour de mon oncle en insultant Ángel, on m'encourageant moi-même à ne plus baisser la tête. Si la décapitation est synonyme de insignifiance pour lui, alors je n'imagine pas tout ce qu'il a pu faire dans sa vie.

Au bout de plus d'une heure, la porte de ma chambre s'ouvre sur mon oncle avec un sachet à la main. J'essuie mes larmes d'un revers de main et me redresse contre le dossier en bois du lit.

_ je me suis renseigné sur les soins à domicile. Dit-il en prenant place sur le bord du lit. alors, on doit laisser le pansement en place durant les premières vingt-quatre heures. Tenir la plaie au sec et au propre, si il se mouille ou se salit, on le remplace. Explique-t-il sérieusement

Il ouvre le sac puis relève son regard pour le plonger dans le mien. Et là, toute la culpabilité du monde s'empare de moi.

_ on retire le pansement, nettoie la région avec de l'eau et du savon puis on applique une fine couche de pommade antibiotique. Ceci maintiendra l'humidité de la plaie et facilitera le retrait des points de suture. Annonce-t-il en sortant une pommade du sachet

Il sort une boîte de comprimé ensuite.

_ C'est des analgésiques, ça diminue et contrôle la sensation de douleurs.

Il pose le tout à mes côtés puis se lève et sort de la chambre sans un mot. Quoi ? C'est tout ? Pas de leçon de morale ou de questionnaire ? Je m'attendais à..-

Je me fais couper dans mes pensées quand il revient avec un verre d'eau et une assiette de pain perdu.

_ mange et prend un médicament. Ordonne-t-il

J'obéis timidement et après avoir bu le comprimé devant lui, il m'observe contrarié.

_ maintenant je veux tout savoir. Dans les moindres détails, qu'à tu fais pour que le chefe d'un cartel, te tire dessus ?

Je me triture les doigts coupable alors que dans l'histoire c'est moi la victime, puis avoue timidement ma faute qui n'en n'es pas une pour moi.

_ je lui ai dit d'aller bruler en enfer.

Il passe une main sur son visage puis se pince l'arrête du nez comme si j'avais fais la pire connerie au monde.

_ pourquoi tu lui a dit une chose pareille Sofía?

Je hausse les épaules sans oser le regarder.

_ t'es complètement folle. Continue-t-il en me voyant pas répondre. Je t'ai pourtant mis en garde sur le cartel, je t'ai dit de pas t'en approcher, et toi ? Tu trouves rien de mieux à faire que d'aller balancer au chef d'aller brûler en enfer ?! Tu t'attendais à quoi en lui disant ça ? Cet homme te-

Il s'arrête brusquement et plante son regard dans le mien en fronçant les sourcils.

_ tu me caches quelque chose, minha filha ?

_ h...hein?

Il me dévisage et je me sens subitement écrasée par une douche froide sous ce regard qu'il me lance.

_ cet homme tue pour moins que ça. Je comprends pas pourquoi il s'est contenté de te tirer une balle dans la cuisse quand il aurait pu viser la tête. Comme avec les autres. Ajoute-t-il froidement.

_je sais pas...

_tu sais pas pourquoi il t'as gardée en vie?

J'hausse les épaules ne sachant vraiment pas et triture mes doigts mal à l'aise. Voyant que mes mots ne sortent pas, il se résigne à continuer ses questions puis se lève.

_ évite de sortir les prochains jours. Il ne t'as pas tué aujourd'hui mais il le fera quand il te verra. Alors fais en sorte qu'il ne te vois jamais.

Ses mots me font frissonner intérieurement et il sort en marmonnant dans sa barbe. Un soupire m'échappe lorsque je me laisse tomber sur l'oreiller.

Pourquoi il ne m'a pas tué ?

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant