PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]

Chapitre 52

À force de fumer il deviendra cendre, s'il ne l'ai pas déjà. Une bonne demi-heure que je suis réveillé et pourtant je continue de campé dans ce lit à le regarder enchaîner les cigarettes. Assis nonchalamment sur le fauteuil à côté de la fenêtre, il trafique je ne sais quoi sur son arme, ses sourcils sont plissés de concentration et je me demande à quoi il pense.

Je me rappelle, lorsqu'on était en voiture en direction de São Paulo, il avait lu le début du petit texte sur le paquet de cigarette, que fumer provoqué le cancer, mais au lieu d'arrêter de fumer, il a arrêté de lire.

Un mystère. Voilà ce qu'il est. Je ne le vois plus comme un sanguinaire abominable mais plutôt comme un homme énigmatique qui renferme les secrets de sa vie, peut-être même une mélancolie cachée sous ce masque d'insensible.

_ Ángel ?

Il lève les yeux vers moi un instant comme pour m'autoriser à parler puis les rabaisse vers son arme. La cigarette trônant entre ses lèvres, camouflant ses lèvres pincées autour du filtre sous un nuage grisâtre de nicotine, m'empêche de mieux observer l'intégralité de son visage hâlé. Et l'envie de souffler sur cette fumée pour mieux l'analyser, me démange.

Finalement, je ne sais pas quoi lui dire. Je voulais parler mais au fond, je crois que c'était juste pour entendre sa voix. Je n'ai rien d'exceptionnelle à lui dire et pourtant j'ai une multitude de question qui me ronge l'esprit.

Mais aucune d'elles, n'est assez bien pour que je la sorte. Il n'en tiendra pas rigueur, et me répondra sûrement pas parce que elle ne sont pas intéressante pour lui.

Comme on dit : qui ne tente rien n'a rien.

_ Ángel ?

Il relève une deuxième fois la tête mais je n'ose pas parler. Avec lui, tenter rime forcément avec rien. Donc essayer de lui poser une de mes questions entraînera sûrement un mutisme de sa part et j'ai aucune envie de me prendre un vent lors de ce bon matin estivale. Il rabaisse la tête vers son arme encore une fois, attendant sûrement que je parle mais non, rien ne me viens actuellement, enfin tellement de truc mais ça concerne hier et Ramos m'a clairement fais comprendre que tout le monde s'en fichaient royalement de moi parce que pour eux, j'étais bel et bien une capricieuse.

Alors j'enfonce ma tête dans l'oreille et me retourne dans le lit, de sorte à ne plus l'avoir dans mon champ de visions.

_ Ángel ?

_ Quoi putain ? S'agace-t-il soudainement

Toujours de mauvaise humeur celui-là. C'est dingue quand même. Pourtant j'ai rien fais de mal.

_ j'ai faim. Annoncé-je en prenant une grande inspiration

_ qu'est-ce que j'en ai à foutre moi ? J'ai l'air d'être bénévole dans la distribution alimentaire ?? Crache-t-il irrité par ma phrase

Je roule des yeux tandis qu'il continue à marmonner dans sa barbe. En sortant du lit, je m'étire et enfile mes converses avant de m'orienter vers la porte.

_ tu vas où ?

Je me tourne vers Ángel qui fronce les sourcils. Il est con ou quoi ? Je lui ai dit que j'avais faim, Donc je vais me nourrir. Moi qui le croyait malin, rusé et perspicace. Je l'ai trop sur-estimé.

_ manger ! annoncé-je en grimaçant comme si c'était évident

Il me regarde de haut en bas, précisément mon postérieur puis expire sa fumée impassible en remontant ses yeux vers les miens en écrasant sa cigarette en fin de filtre sur le mur.

_ bah change toi.

Offusqué je ricane nerveusement et croise mes bras sur mon torse. Il plaisante là ?