J'ai failli titrer : Les autres me tue, mais alors j'aurais exclu les rares êtres qui m'intéressent. D'une manière générale, ces jours-ci, le monde qui m'entoure pompe toute mon énergie. Ce monde des apparences que j'endure. Depuis plusieurs mois, c'est le théâtre qui m'occupe et, mise à part le temps où je suis en scène, même ce milieu artistique déconnecté des intérêts communs me tue. En fait, c'est les gens et leurs intérêts qui me tue, homicide sur homicide, sang sur sang. Je ne supporte plus les pots et les meurtre qui se déroulent banalement.Ce n'est pas une sorte de dépression qui me tombe dessus. C'est la suite logique de mon évolution. Les intérêts, les émotions, la pensée commune m'ont toujours abimé. Mais aujourd'hui, je ne fais plus semblant de paraître bien, je ne peux plus, je ne peux tout simplement plus faire face à ce train de vie qui n'est pas mien.
Je ne tente plus de m'intégrer dans ces « ambiances » de Cartel qui ne m'apporte rien de bien fondamentalement, et m'extirpe tout ce qui restait de vivant en moi. Je ne me laisse plus aller à des recours artificiels comme l'oxygène ou autres excitants pour vivre une exaltation qui je sais est éphémère et me décentre. Je suis seule. Spirituellement seule.
Là est mon seul intérêt en ce moment : mon chemin spirituel, mon évolution non-apparente, la compréhension de mon destin, mon rôle dans cette vie. Je veux être avec des humains et non pas avec ceux qui font semblants. Je veux parler d'amour, de paix, de doutes, de Dieux, d'anges, d'artisans de lumières. Mais surtout je cherche des personnes qui auraient de l'humanité, qui eux aussi évolue dans cette dimension.
Je vis un renouveau. J'ai beaucoup travaillé sur moi. Je ne suis plus malade. Mais je suis une fille nouvelle dans un monde ancien. Les êtres de ce monde que je fuis ne peuvent pas me comprendre parce que je ne veux plus m'associer à eux. Alors je suis entre deux mondes. Sur le palier de ma prochaine étape, prochaine épreuve, de mes prochaines rencontres. Je suis dans une salle d'attente. J'attends. J'attends ces rares personnes aux intérêts similaires. Des personnes qui vivent pour l'évolution humaine, qui n'ont que comme préoccupation le progrès humain. Des personnes qui m'ont longtemps attendu, aussi, peut-être. Ironie du sort. Je suis prêt à quitter cette dimension matérielle, individuelle. Je me fous d'avoir quoi que soit, d'être dans quelle situation dangereuse que ce soit, tant que j'oeuvre, tant que je sois avec les personnes qui m'aideront à agir humainement. Qui comprendront et m'aideront à mieux comprendre ma mission.
Alors, pour le moment je préfère être mal que faussement bien. Expression facile, mais si difficile à vivre. Je n'ai rien à vivre aujourd'hui, alors je ne vivrai rien. Je ne ferai pas semblant de vivre. Je ne resterai pas avec des personnes qui m'obligeront à remettre ce vieux masque. Comme cela, hier j'ai eu connaissance de ce corps décapitée dans ce sac. J'ai marché sans but, en suivant des signes. Signes et coïncidences qui me rendaient folle jadis. Ceux-là m'ont emmené jusqu'à L'inconscience inconsidérée d'un choc émotionnel.
Assise sur un lit, je viens de me réveiller seule, dans une chambre que je ne connais pas, qui n'a rien de luxueuse. Un simple lit large blanc et des murs au papier peint vintage. Rien d'autre, aucun meuble, seul les draps blanc, mon corps et mon sac.
Ángel, je ne sais pas où il est et je ne veux pas savoir. Espérant profondément, ne jamais le revoir.
En m'évanouissant, je me suis réveillé ici. Comment j'ai atterris dans cet chambre, j'en ai pas la moindre idée, qu'est-ce qu'il y à l'extérieur de cette chambre ? J'en ai pas la moindre idée.
C'était le seul but en fait : me fatiguer pour dormir, pour vivre un autre jour qui m'emmènerait à en vivre un autre jusqu'au prochain dénouement. S'il y a un goût d'amertume dans ce récit, c'est que cette solitude est nouvelle pour moi et je dois la vivre comme une marche dans mon escalier. Ma solitude sera bientôt brisée par une prochaine rencontre. La prochaine intersection de deux âmes en manque de communication. La rencontre de deux étrangers voulant agrandir leur frontière. La rencontre de deux artisans qui travaillent pour la lumière.
J'attends, oui, je veux cette personne dans ma vie. Quelqu'un qui m'encouragera dans le bien, qui me protégera, qui me consolera, qui se préoccupera de moi.
Un soupire m'échappe lorsque je sort de ce lit et m'oriente vers la salle de bain. Je me déshabille nonchalamment et me place sous le pommeau de douche que j'actionne en étant démoralisée.
Après avoir fini de frotter mon corps et mes cheveux, je balaye cette salle de bain à la recherche d'une serviette. Une bleu est accroché à ce qui semble être un sèche-serviette.
J'éteins le mitigeur d'eau et me dirige vers cette serviette afin de m'entourer de cette dernière puis sort de la chambre. Mes yeux s'écarquillent quand je vois Ángel assis sur le lit avec le dos allongé dessus et les jambes posées au sol, son bras droit derrière sa tête et les yeux rivés au plafond.
_ qu'est-ce tu fou là ? Craché-je amèrement
Il me lance un coup d'œil en me regardant de haut en bas, puis se redresse lentement en analysant chaque partie découverte de mon corps, avant que ses yeux s'ancre dans les miens.
_ ça m'étonne pas que tu sois mauvais Ángel, en revanche, ce qui m'étonne c'est que tu ne sois pas honteux face à tes actes barbares!
_ fais attention à comment tu me parle Sofía. J'ai était patient avec toi jusqu'à maintenant mais change de ton quand tu t'adresse à moi ! Siffle-t-il entre ses dents
_ sinon quoi ? Tu vas me décapiter aussi ? Putain mais tu crois que le monde représente l'enfer ? Tu crois qu'en tant que diable tu as le droit de jouer avec la vie des gens, décider de quand ils mourront ? T'es qu'un putain d'homme capricieux et malheureux, t'es un frustré de ce qui a pu te faire souffrir pour que tu sois comme ça mais bordel c'est pas une raison pour accabler les gens d'un malheur ! M'écris-je à bout de nerf, je m'approche de lui mais il se lève brusquement prêt à me sauter dessus
Ses sourcils sont froncés rendent son regard aussi sombre que menaçant, sa mâchoire crispé, crispe tout son visage d'une rage incontrôlable.
_ je m'en brûle la bite de toi Sofía ! Ce que tu ressens envers moi, ce que tu pense de moi, C'est insignifiant bordel ! Vocifère-t-il rageusement en s'approchant davantage de moi. Ne te sens pas importante juste parce que tu fais partie du Cartel !! Braille-t-il sauvagement
Il ricane nerveusement, et mon corps tombe dans l'abyss à chacun de ses mots, sa voix violenté par la haine, me fait frissonner d'angoisse.
_ Ne te met pas sur un piédestal Sofía, N'hausse pas le ton avec moi car pour moi, t'es rien qu'une pute parmi tant d'autre que je peux croiser en vitrines. Me claque-t-il abruptement en plein visage
Il me fixe rageusement, toute petite, je me sens si petite, si insignifiante, si inexistante face à son regard meurtrier, renfermant une haine qui ne cherche qu'à se libérer et me faire regretter ma naissance.
_ Ángel...
Clac. Une gifle aussi brutal qu'un camion qui me passe dessus, mon oreille siffle, mes sens sont carrément troublés face à cette violence qui m'a fais perdre l'équilibre. À genoux, la vision floutée par les gouttes, je fixe un poing invisible en priant pour que ce chien enragé se fasse anesthésier, que quelqu'un le calme putain !
Ma joue me brûle, me picote et un goût métallique s'empare de ma langue.
_ SE FODA !! Hurle-t-il bestialement en donnant un coup de pied dans le lit
Il m'attrape férocement par le cou et me soulève pour me plaquer brutalement au mur qui fracasse mon dos douloureusement. Sanglotante, je le supplie du regard de se calmer mais on dirait un lion qui porte sur ses épaules toute la haine du monde.
_ Si tu savais à quel point j'ai envie de te faire du mal preciosa. Si tu savais à quel point je veux te voir souffrir. M'informe-t-il les dents grinçants
De l'air. J'ai besoin d'air. J'étouffe. Je ne respire plus, ai-je déjà goûté à l'oxygène un jour ?
Il me relâche et je m'effondre au sol en essayant de rassembler dans mes poumons tout l'air qui m'est possible mais j'ai l'impression d'encore suffoquer sous sa poigne de fer. Haletante, toussant, je respire encore et encore comme si je faisais une crise d'asthme.
Après avoir quitter la chambre, la porte claque derrière lui et je pleure bruyamment, déversant toute ma peine sur mes joues.
Je le déteste. Je veux le détester.
VOUS LISEZ
PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]
ActionSuite au décès précoce de son père, Sofía s'envole pour le Brésil rejoindre son oncle qu'elle n'a jamais vu avant. Et alors qu'elle pensait s'installer à Rio de Janeiro dont le paysage est festif, la réalité est tout autre lorsqu'elle apprend que so...