Chapitre 36

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J'ouvre lentement les yeux, le crâne agressé par une migraine passagère et l'iris fouettée par la lueur du jour qui transperce les vitres de la fenêtre dégradé pour venir s'étaler dans ma chambre.

Je me retourne dans mon lit en ayant aucune envie de le quitter. Il me semble, aujourd'hui plus que les autres fois, aussi confortable qu'un nuage.

Ironiquement, je ne connais même pas la sensation d'être sur un nuage. J'ai jamais côtoyer le quartier céleste. M'enfin, peu importe.

Je grimace, ronchonne et plonge ma tête dans mon oreiller en ayant toujours l'esprit en vrac de la veille. Je ne veux pas le voir, ma vie a enfin eu le calme qu'elle méritait, je ne veux pas me sentir de nouveau comme dans un bateau naviguant dans une rivière déchaînée. Puis après qu'il m'ai tiré dessus, il croit vraiment que je vais retourner le voir comme si de rien était ?

Ses désires ne sont pas des ordres !

Banal, transparente et invisible. Voilà comment je peux me définir en quelque mot. J'ai toujours mené une existence abstraite dans l'ombre de la foule alors qui s'inquiètera de mon moral ?

Personne. Seul Ángel m'a dans le viseur, je suis sa cible alors qu'avant personne ne s'intéressait à moi. Il fut un temp ou j'étais lassais qu'on m'ignore mais maintenant je ferai tout pour redevenir un fantôme d'une vie. Ne plus être la marionnette du marionnettiste.

À contre cœur, je sort de mon lit pour aller soulager ma vessie matinal, vidée de toute énergie.

Je ne suis pas épuisé, simplement éteinte. Est-ce à cause de Ángel ou alors c'est un effet secondaire de ma misérable vie ?

Aucune idée et finalement, je ne veux même pas savoir.

Je m'avance vers le lavabo et l'actionne en me regardant dans le miroir.

Ça me manque l'époque où je souriais sans raisons, où ma seul angoisse était le lycée, une angoisse qui semble tellement insignifiante face à celle d'aujourd'hui.

Je passe un coup d'eau sur mon visage pour me réveiller puis sort de la salle de bain en évitant mon reflet. Trop incompréhensible pour que je m'attarde dessus, ça me demande de réfléchir mais je préfère bloquer mes pensées envahissantes.

Mes pas m'emmène vers le perron de la porte, où je prend un gros bol d'air. Visiblement, mon oncle est aller au marché sans moi, vu le soleil qui occupe son zénith. D'habitude lorsque je dois aller au marché, c'est toujours dans les alentours de cinq heure, six heures et là il doit être midi.

Je balaye le paysage immobile du regard. Ma casa se trouve tout en bas, en contraste avec les autres logement de fortune qui la dominent. Suis-je si bas dans la hiérarchie de la société ?

Rien ne m'attire dehors. L'entièreté de mon énergie est pompée par la favélas, à peine l'orteil à l'extérieur et ma batterie s'affaiblît considérablement.

N'ayant aucun chargeur corporel, je favorise l'aspect casanier mais malheureusement, je me retrouve souvent dehors. Un soupire m'échappe et je rentre chez moi en laissant mes pas me guider vers la minuscule cuisine, dans le but de me préparer un petit-déjeuner.

Une fois avalé, je m'oriente vers ma chambre où j'enfile une jupe en jean clair et un tee-shirts amble blanc que je rentre à l'intérieur, puis tire légèrement dessus pour avoir un côté large et décontracté.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant