Pedro
Dans l'immensité urbain luit l'aurore éternelle d'un vague soleil pâle projetant face à moi des esquisses d'ombres rasés, lugubres. New York est une ville où l'on ne trouve pas facilement la paix. La nuit, c'est comme si vous entendiez crépiter des milliers de cerveaux. Cependant, même les nuits les plus longues ont une fin. Et l'opacité nocturne s'achève par l'aube. Un phénomène qui accapare toute mon attention.
L'épaule contre l'encadrement de la fenêtre, j'observe cet apparence du ciel en chargeant et déchargeant mon arme pour faire passer le temp. Je jongle brièvement entre le calibre et cet Citroën qui déambule lentement dans le quartier New Yorkais, mes sourcils se plissent en suivant du regard ce véhicule se garer sous un porche, dans l'une des ruelles parallèles à cet bicoque où on séjournera ces prochains jours. Maintenant je n'oublierai pas cet bagnole ni même qu'elle s'est garé un jour dans les alentours. C'est comme ça que fonctionne la mécanisme dans ma tête, un processus de surveillance que j'ai développé à Jacarezinho. Chaque détail s'ancre dans mon crâne et s'éternise entre mes neurones pour ne plus s'effacer. Des éléments parfois insignifiant mais aussi quelques fois important.
D'une oreille tendu, j'écoute minutieusement ce qui se dit entre Sylvia et le médecin clandestin trouvé dans le Bronx.
_ amoxicilline. C'est un antibiotique qui guérira la pneumonie bactérienne. C'est associé ou non à l'acide clavulanique. Annonce le médecin
_ mhh. Je me doutais qu'il avait une pneumonie mais comment vous avez pu le certifier ?
_ sa fièvre atteint les 40 degré, il a une toux qui rejette du mucus couleur rouille teinté de sang. Il a du mal à respirer et subis une douleur thoracique du côté droit. Pour établir un diagnostic concret, je devrais l'interroger sur ce qu'il ressent et ses antécédents médicaux mais comme tu peux le constater, il dort. Cependant, il a reçu une balle en pleine poitrine, les microbes du plomb se sont infiltré dans son poumons droit. J'ai ausculté sa poitrine et un râle bourdonne de son poumons. Faudrait faire une radiographie du thorax pour confirmer la pneumonie et montrer la présence d'un foyer infectieux mais je n'ai pas de machine sous la main alors j'aide du mieux que je peux. L'antibiotique l'aidera. je me doute bien que vous n'êtes pas d'ici ni même des gens net. Si l'hôpital est un sujet sensible alors faut veiller sur la dégradation de son état et le stabiliser autant qu'on le peut.
_ très bien. Merci pour les soins.
_ pas de problème. Ce gars a principalement besoin de repos, d'une prise régulière d'antibiotiques et de beaucoup d'eau. Normalement, dans dix jours il ira mieux. Je passerai tout les deux jours pour vérifier son état.
_ Non, ça va aller. Laissez nous simplement l'antibiotique et on se chargera des doses.
Je me tourne vers eux furtivement puis les vois se regarder avec une mine impénétrable. Trouvant ça ennuyant, je repose mon intérêt sur la fenêtre tandis qu'un soupire m'échappe. Plus j'avance dans ma vie, plus je goûte au regret. Plus les graines s'écoulent dans le sablier et plus j'perd l'envie de sourire. Je pensais avoir compris la vie mais ce que j'ai réellement compris c'est que j'suis dans le flou total. Tout s'enchaîne à une vitesse cintrée. Et la seule chose qui peut m'éclaircir les idées, c'est bien Boucle d'or.
Ça pue. Putain que ouais ça pue la mort.
New York pue la mort.
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PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]
ActionSuite au décès précoce de son père, Sofía s'envole pour le Brésil rejoindre son oncle qu'elle n'a jamais vu avant. Et alors qu'elle pensait s'installer à Rio de Janeiro dont le paysage est festif, la réalité est tout autre lorsqu'elle apprend que so...