PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]

Chapitre 74

Caractère sexuelle

Palerme, dans un petit hôtel sémillant dont je trouve les rideaux bleu barbeau blême, même après les avoir tiré pour laisser le crépuscule embellir la chambre, je trouve que la couleur du tissu rend cette pièce, pourtant ingambe, fastidieuse.

Mes yeux s'attarde un moment sur le ciel qui s'assombrit progressivement puis je me tourne vers Ángel debout face au lit, qui pianote sur son téléphone en fronçant les sourcils.

_ c'est pas le paradis, lancé-je en méprisant ouvertement cette chambre d'hôtel

Il éteint enfin son cellulaire puis se tourne vers moi en plongeant sa main dans la poche de son short pour en sortir un paquet de cigarettes.

_ sinon je serais pas là. Rétorque-t-il en s'allumant une cigarette

Levant les yeux en l'air face à son commentaire impavide, je m'oriente vers la salle de bain miteuse puis ferme la porte derrière moi et me déshabille pour prendre une douche, je reste un moment à fixer mon reflet sur le miroir poussiéreux. L'eau d'un étang peut se brouiller à jamais mais mon miroir gardera son reflet.

Je vois une image trop pleines d'histoires, tellement lourdes de récits qu'elle les laisse tranquillement se répandre comme les couleurs s'étalent sur le monde.
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Cet images coule et, face à elle, je suis prise dans un flot de mots possibles et de mondes cachés. Il y a une certaine magie à traverser cet images, je vole d'un espace à l'autre sans m'arrêter de me cogner car il y a trop de choses à dire, des chants plein les oreilles, des paysages plein le nez.

Une mise en abîme plongée dans la dérision. Je voyage ainsi avec désinvolture de l'autofiction au regard sur le paysage, de la réappropriation de l'histoire de ma vie à des inventions formelles mêlant image fixes et images en mouvement. Mon reflet raconte des histoires qui pourraient s'apparenter à des contes oubliés car pas assez joviale pour les lecteurs.

Un soupire m'échappe et je me tourne vers la cabine de douche, je tire les rideaux et ma poitrine se crispe quand je vois une énorme araignée dans le coin du receveur de douche, un cris se bloque dans ma gorge et j'écarquille les yeux en essayant de rester calme mais la panique s'immisce en moi comme la dissolution du sucre dans l'eau.

Je recule en attrapant une serviette à la volé qui traînais sur le sèche-serviette puis l'entoure à mon corps avant d'appeler calmement à l'aide.

_ ÁNGEL ! ALERTE ROUGE ! Hurlé-je paniqué en déverrouillant la porte

Il arrive d'un air lymphatique et coince sa cigarette entre ses lèvres en me regardant indifférent, après s'être adossé contre l'encadrement de la porte. Non mais je rêve ? Pourquoi il panique pas avec moi ?

_ quoi ? Souffle-t-il dans une bouffée de nicotine

_ une araignée l'as bas ! Dis-je en étouffant ma panique, l'index pointé vers la douche

Il arque un sourcil en me regardant de haut en bas puis se tourne nonchalamment vers la douche en enfonçant son poing dans sa poche.

_ qu'est-ce que ça peut me foutre ? J'ai l'air d'être Spiderman ? Rétorque-t-il sèchement en prenant sa cigarette entre son pouce et son index

_ tue la ! T'attend quoi ? M'impatienté-je

Il se redresse impassible et me tend sa cigarette que je prend entre mes doigts maladroitement, il entre dans la douche sans un mot et écrase l'insecte sous son pied, il essuie sa chaussure sur le carrelage puis s'oriente vers moi pour récupérer sa cigarette mais je l'éloigne avant qu'il ne l'a touche et je fronce les sourcils insatisfaite de son travail.