Chapitre 121

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Ángel


L'ascenseur ouvre ses portes métalliques, engendrant une sonorité puis j'écrase mon mégot contre le clavier numérique avant de quitter l'élévateur en tombant instantanément sur le garage souterrain du ferry. La cacophonie des passagers qui arrive par l'escalier, résonne en échos qui me brûle les tempes déjà calciné. Je me faufile entre les véhicules empoissés comme du bétail dans ce garage à l'odeur inexplicablement pétrolière. Ce qui me laisse avec perspicacité, déduire que ce navire transporte illégalement des cargaisons pétrolières. Je m'allume une cigarette par pur provocation d'incendie. Le pétrole est une conception légitime pour mettre le feu.

Arrivé à ma caisse, je pose mes coudes sur l'extrémité du toit de la carrosserie et analyse chaque personne qui monte dans leur bagnole pour faire gronder le moteur. Mon regard la cherche furtivement à travers chaque recoin de ce garage et chaque visage. Mais Sofía n'intervient pas dans mon champ de vision et ça me sidère de pas savoir où elle est. Elle me consume, ah...ouais qu'elle me ruine de rancune envers elle mais bordel qu'est-ce qu'elle m'obsède. C'est chimérique. C'est incontestable. C'est plus fort que moi.

Ce dont je me rends compte, c'est qu'on peut sortir indemne de tout, sauf d'une blessure à l'âme. Et mes excuses les plus sincères se sont éparpillés dans un coup de vent. Tel une infusion de haine dans les tréfonds de mon blasphème éthéré, je me rumine en tirant sur cette tige contenant de la nicotine procurant ataraxie légère. Il faut lui permettre la satire et la plainte car la haine renfermée semble plus dangereuse que la haine ouverte. Cependant, ce ressentiment se répand en moi en surface et en profondeur. C'est clairvoyant, le zèle de Sofía est plus néfaste que la haine de mes ennemis.

On fais appel à mes services pour des raisons sulfureuses, tout le monde signe aveuglément avec moi sans se douter de ma capacité a instauré le malheur. Un business bénéficiaire. J'augmente mon chiffrement en intronisant calamité désastreux. Mon lexique se résume, à deux point : argent et mort. Prata o plomo.

Mais les temps ont changé. Mon glossaire s'agrandit, s'élargit en ajoutant cariño. Elle s'est faite une place en moi, avec toxicité. Ça m'oxyde, son miel m'oxyde tel une vipère qui plante ses crocs dans mon organe vitale pour l'empoisonner perfidement.

Première fois. C'est la première fois de toute ma misérable vie que j'ose m'excuser. J'ai commis bon nombre d'erreur et je n'ai jamais eu de regret. Elle m'en veut pour tellement de choses et la voir se détruire de rage élégiaque m'a tellement enragé moi-même que j'ai pas supporté son dédain. Alors j'ai pris l'initiative de balancer ces deux mots, qu'elle m'a rejeté avec dégoût. L'érosion de la jérémiade avec l'offensive à demander pardon, c'est comme une escarre. Une fois que ça s'est installé sur moi, ça ne cesse de me ronger.

Mes intestins sont tourmentés par l'ulcération. Qu'est-ce qui m'a pris de m'excuser ? Depuis quand, moi, Ángel, je demande le pardon de quelqu'un ? DEPUIS QUAND ?!

Depuis quand ?

DEPUIS QUAND ? !

La démence démesurée me force à broyer ma mâchoire de contraction. Je me haine pour cette faiblesse que Sofía me provoque, je me haine pour l'a laissé me tamiser. Je me haine d'être un putain de tocard devant elle. Je me haine de lui donner l'occasion d'écorner mon être.

Seulement, voilà que mes yeux analysent les alentours à sa recherche. Le seul moyen de se débarrasser d'une tentation est d'y céder. Lutter et s'opposer ne sert plus à rien, quand l'esprit est profondément attiré par les choses qu'il a interdites. Et de toute façon. On sait que l'homme a un désir intense pour ce qui a été déclaré illégal et anormal par des règles inhumaines. Alors je capitule à mon désir de la chercher. Ma fierté est là. Mais pas avec elle.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant