Chapitre 69

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Je n'ai pas la capacité de passer au travers de cet nouvel obstacle, cette situation est de trop. La bête est devenue trop forte, trop puissante, trop présente. Je n'arrive plus à combattre, à vouloir vivre, à vouloir m'en sortir.

Sombrer, effacer ce calvaire, désamorcer ce processus qui va au-delà de ce que je peux supporter.

Je perds le sol petit à petit sous mes pieds. Je n'ai plus de force. Il m'est impossible de décrire dans quel état je suis.

Il m'est impossible d'exprimer tous ces sentiments à voix haute. Je suis tellement fatiguée et mon âme s'effondre.

Je ne supporte plus toutes ces merdes qui m'arrivent tous les jours. J'en ai vraiment marre d'avoir ce sourire faux sur le visage.

J'en ai marre de faire semblant d'aller bien. J'en ai marre de rester forte.

N'ai-je pas le droit de m'effondrer? N'ai-je pas le droit de me laisser aller un peu, prendre du répit? Et oui, je peux encaisser énormément, mais tout ça laisse des conséquences.

Ce sentiment de constamment devoir faire face aux problèmes et d'être obligée de tenir le coup, a laissé une trace énorme sur moi, et je ne sais pas combien de temps encore je vais pouvoir continuer ainsi.

Mon bras ensanglanté est encore meurtri par le couteau planté que personne ne veux enlever, la douleur est insupportable et lacère ma chair, mes larmes dégringolent à flot, la peur me tiraille les entrailles et me donne envie de vomir, victime de spasmes incontrôlables, mon corps ne soutient plus toute cette souffrance.

Cet cave empeste la mort et l'égout, j'entend les gouttes de la tuyauterie cassée au-dessus de ma tête, tomber sur leur sol, gouttes par gouttes et elles semblent me narguer de leur calme.

Cela dure depuis trois jours, trois jours consécutifs de maltraitance moral et physique.

J'avais si peur que pendant un moment, je me suis figée, je ne pouvais plus bouger, mais j'étais forcée de le faire. C'était soit me battre pour survivre, soit subir une défaite. J'ai dû choisir. Et où cela m'a-t-il mené?

À une succession de coups douloureux. Je ne sais pas où je suis, je ne sais pas pourquoi je suis ici. Tout ce que je sais, c'est qu'il y a une raison particulière et que c'est des italiens qui m'ont kidnappés. Suis-je en Italie ?

Un sanglot étouffé m'échappe tandis que je bascule ma tête en arrière en maudissant ce putain de couteau coincé dans mon bras.

La seule chose que je ressens maintenant, c'est l'épuisement et la douleur.

Je ne suis pas prête pour une autre bataille et croyez-moi, ce n'est pourtant pas la fin. Il y en a tellement d'autres à venir.

Comment vais-je trouver la force pour continuer ?

Comment vais-je trouver le courage d'encore une fois faire semblant d'être forte, alors que tout ce que j'aimerais faire, c'est ramper jusqu'à mon lit et pleurer?

La porte s'ouvre dans un fracas infernal et l'homme que je vois depuis trois jours, mon bourreau qui me malmène dans tout les sens du terme, entre théâtralement en écartant ses bras en l'air dont une main tient une arme à poing, un sourire lunatique est plaqué sur son visage extrêmement bronzé, couvert de cicatrices, avec une barbe de trois jours sombre et des cheveux tirés en arrière. La quarantaine peut-être, vêtu d'un costume sombre, il s'avance lentement en faisant des pas grossier comme s'il participais à une pièce de théâtre.

_ Surprise Mother Fucker ! Ricane-t-il vulgairement en agitant ses mains en l'air, plus précisément son arme qu'il agite fièrement

Il s'avance vers moi et s'accroupis au sol amusé de cette situation.

_ pourquoi tu pleures ? Quelque chose ne va pas ? Ironise-t-il faussement inquiet

Soudain il éclate de rire. Il rigole vraiment. Limite à pleurer de rire, il se plie en quatre manifestement se trouvant drôle par sa phrase qui me nargue.

Il soupire en se redressant et tentant de se calmer, il passe son index sous son œil comme s'il essuyait une larme de rire.

_ bon sang, j'aurais dû faire comique à la place de parrain. J'te jure ! J'ai un réel talent d'humoriste. Tu trouve pas bellezza ?

Voyant aucune réponse de ma part. Son sourire s'efface et il se montre contrarié, il me donne un violent coup avec son arme et mes larmes doublent d'intensité lorsque ma tête pivote sur le côté sous la douleur du coup.

_ si tu savais à quel point la mélodie de tes pleures m'excite. Murmure-t-il en pressant son arme sous mon menton pour m'inciter à redresser ma tête vers lui

Ma peur s'agrandît en moi et enveloppe tout mon âme, je tremble, l'angoisse est bien trop forte face à son regard qui m'analyse intensément.

_ une créature divine, on dirait les star sur les magazines..dit-il sérieusement en étudiant mon visage minutieusement

Je me mord la lèvre pour m'empêcher de pleurer bruyamment et il remonte ses yeux vers mon miel embuée.

_ et dire qu'il en a profité. Quel gâchis.

Il se redresse d'un coup et ré affiche son foutue sourire de psychopathe.

_ maintenant c'est du passé, maintenant tu m'appartient, maintenant c'est à mon tour d'en profiter ! S'écrit-il les bras écartés théâtralement, les yeux rivés au plafond

Il rabaisse brusquement son regard sur moi et tel un bipolaire, il s'arrête de sourire en me toisant du regard.

_ dis moi chérie, est-ce que ce foutue brésilien t'as baisé ?

Sachant pertinemment qu'il parle d'Ángel. Une colère monte en moi quand je comprend que c'est à cause de lui que je suis ici. C'est encore et toujours sa faute, toute ma souffrance est tiré par ses soins et pourtant, pourtant ça fais trois jours que je prie pour qu'il vienne, que j'espère qu'il viendra me sauver.

_ j'ai l'air d'un asthmatique pour que tu me laisse parler dans l'air ? Demand-il faussement crédule en haussant les sourcils

_ va te faire foutre ! Craché-je hargneusement

Il affiche une mine boudante en plissant les sourcils puis croise ses bras sur son torse avant de me pointer avec son index d'un air sévère.

_ le ton que tu emploie, ne me plaît pas. Je suis très facilement contrarié, et quand je suis contrarié, je deviens le grand méchant loup qui fait peur dans les fables. Veux-tu que je te montre..-

_ pourquoi tu fais ça ? Soufflé-je, larmoyante, à bout de cette situation

Il deviens sérieux. Son regard s'assombrit et il l'ancre dans mon regard désemparé.

_ œil pour œil. Dent pour dent. Dit-il froidement après un court silence

C'est sur ces mots qu'il sort de la pièce en claquant la porte.

Bon sang, jusqu'à quand vais-je rester ici ?

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant