Chapitre 85

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caractère sexuelle
Ángel

Déambulant dans une nuit profonde et sans horizon, au seins de ma jungle où j'ai l'habitude de faire des sauvagerie sans jamais rien regretter. Solitaire comme une veine de métal pur. La nuit étend comme un visage profond sur les cieux, grisant Jacarezinho , alourdissant les pentes, enivrant les demi-dieux des cabanons au large des collines faites de logements de fortunes qui s'entassent dans la favélas. Et je suis au milieu qui vacille. Je descends les étages de l'enfer qui asphixie mes entrailles. Le paradis ça sera pas pour moi.

S'il faut se donner au ténèbres alors je laisserai l'abîme illimité m'engloutir sans m'opposer. De toute façon, j'ai toujours porté l'étiquette de l'ordure, du maudit. Ça ne m'a jamais dérangé d'être une pourriture, ça ne m'a jamais dérangé de répandre la mort par le sang, ça ne m'a jamais dérangé de crever.

J'ai toujours eu du mal à mettre des mots sur mes maux. Les émotions sont là, quelque part enfouis dans les tréfonds de mon âme mais impossible de les libérer pleinement. Incompréhensible sont mes sentiments. Je n'ai jamais su les gérés ou les démêler alors je les ai simplement mis sur muet pour vaquer à un train de vie aussi sombre que le ciel de ce soir.

Par ennui, je jette un regard à mes hommes qui rôdent en vérification nocturnes puis m'oriente de nouveau vers sa casa. Un hochement de tête respectueux me saluent lorsqu'ils me voient, mais je les ignorent en arrivant à destination.

Je prends appui sur le rebord et me hisse dans l'obscurité totale de sa chambre. Une fois sur son sol en bois qui grince sous mon poids, je dévie mon regard vers le lit. Allongée en débardeur et culotte, je m'approche d'elle et enlève mes boots avant de me caler à côté d'elle.
Instinctivement, elle se tourne vers moi et pose sa tête sur mon torse sans un mot, un simple soupire d'apaisement s'échappe de ses lèvres charnues.

La pénombres claque doucement contre ses joues rebondies comme une étoffe. L'éternel se dérobe, dans de grandes nuits pareilles à celle-ci nous sommes comme hors de danger, partagés en fragments égaux répartis en étoiles de poussière.

Son parfum saveur fraise laisse conclure qu'il provient de son gel douche, je l'hume discrètement avant de lever les yeux vers le plafond en faufilant ma main dans son dos, sous son débardeur.

Sa peau douce calcine ma paume de main et m'emplis d'apaisement. Sa main viens trouver refuge sur mon cou, comme d'habitude. J'ai une obsession pour sa nuque et elle pour mon cou.

_ ça va ? Murmure-t-elle doucement

J'arque un sourcil en déduisant qu'elle ne dormait pas. Si je vais bien ? Je me sens comme une tache de vin, qu'on ne remarque qu'une fois qu'elle s'est emparée d'une surface assez significative de son être. Ça démange, parfois un jour sur deux, parfois tous les jours de la semaine, ou une fois de temps en temps.

_ comment on sait lorsqu'on va mal ? Questionné-je en me demandant réellement si je vais bien ou pas

Ce que je ressens est pernicieux mais pas forcément utile à déloger. Sofía se redresse pour caler timidement sa tête sur mon épaule et prononce à voix basse à mon oreille :

_ est-ce que tu te sens comme dans une sorte de purgatoire où ton avenir est vide de desseins et de visibilité ? Est-ce que tu sens quelque chose ronger ta conscience et ton inconscient ? Un chaos émotionnel te submerge pernicieusement mêlant tes souvenirs du passé qui défilent continuellement dans ta tête comme un scénario catastrophique qu'aucun spectateur aurait cru s'il avait été projeté sur grand écran, et aurais sûrement quitté la salle au milieu du film en trouvant la production mauvaise ? Si tu te sens ainsi Ángel, alors non tu ne vas pas bien.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant