Chapitre 2

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Le jour où j'ai appris le décès de mon père, je revenais d'une nuit de révisons au centre d'étude de mon lycée, entre minuit et l'aube, je suis arrivé et je l'ai vu dormir sur son fauteuil devant son émission de western préféré. Je ne me suis pas attardé sur lui et je suis monté me doucher avant de me coucher, c'est le lendemain matin en descendant prendre mon petit déjeuner, il avait toujours la même position et en m'approchant de lui pour récupérer mon chargeur, j'ai compris quand j'ai vu son visage livide et blanc, j'ai compris que je venais de dormir sous le même toit qu'un mort.

Je suis resté paralysée avant d'appeler les pompiers. J'étais tellement en état de choc que mes émotions restaient bloqué en moi, je n'arrivais pas à réfléchir. J'étais simplement debout, en face de son cadavre à le regarder en me demandant si tout ça est bien réel. Quand les pompiers sont arrivé et ont commencé à l'emmener en me posant des question, là j'ai réalisé que ma seule famille venait de décéder. Je ne saurais décrire ce que j'ai ressentit à ce moment-là, l'expression« mon monde s'écroule » prenait tout son sens. Mon cœur battait tellement vite que j'avais l'impression qu'il s'était arrêté. Un oxymoron dévastateur. Mes larmes coulaient à flot et j'ai développé une certaine colère envers les pompiers qui me posaient des questions alors que j'étais encore troublé, ils me posaient des questions alors que j'étais intérieurement dévastée, ça m'a rempli d'une haine que je n'ai jamais extériorisée alors elle perdure encore en moi, dans une noirceur encombrante qui ne me quittera sûrement jamais, ma personnalité ne me permet pas d'être en colère. C'est une émotion que je me maitrise pas et une émotion dont je refuse d'y faire face alors je me laisse pourrir intérieurement et essaie de paraître bien physiquement. Parce que pour moi, le deuil c'est oublier mon père et passer à autre chose mais je ne peux pas. Comment oublier son père ? Celui avec qui j'ai vécu toute ma vie, qui m'a toujours soutenu, qui m'a toujours défendu même quand j'avais tord, qui m'a toujours cuisiné des plats horrible mais il semblait si fière que je faisais semblant d'aimé sa ratatouille sans saveur, il a était tellement maladroit avec moi pour la fameuse discussion des "règles" quand j'avais dix ans, puis la discussion sur les garçons quand j'avais quinze ans, il a même fais exprès de glisser au sol au supermarché pour pas que je me tape la honte toute seule après ma chute, lui qui est sortit à minuit pour aller me chercher des barres chocolaté à l'épicerie de nuit car ce jour-là je venais d'être refusé dans le club de danse, lui qui m'a laissé conduire sa voiture pour aller au lycée, lui qui a baissé la tête comme un enfant devant le policier après que je sois rentré dans un panneau de publicité avec la voiture, lui qui achète chaque jours des barquettes de fruit en me demandant à chaque fois « devine combien tout ça » en pensant avoir fait l'affaires du siècles.

_ Sofía...dis doucement mon oncle en arrivant dans le salon

Je lève les yeux vers lui alors qu'il semble terriblement inquiet. Il s'empresse d'arriver à ma hauteur et me regarde paniqué.

_ qu'est-ce qui se passe minha filha ? Quelques choses est arrivé pendant que je suis allé garer la voiture plus loin ? C'est à cause de la Favéla c'est ça ? Demand-il culpabilisant

Je secoue doucement la tête, sentant les larmes revenir de plus belle. Je baisse rapidement la tête pour cacher mon visage dans ma main en sanglotant silencieusement. Je me sens ridicule de pleurer ainsi devant lui. Mais mes larmes s'échappent sans que je ne le veuille. Je n'ai jamais été forte pour retenir mes émotions. Mon oncle s'assoit sur le canapé à côté de moi et pose délicatement sa main sur mon dos pour le tapoter doucement.

_ je suis désolé.. j'aurais dû prévoir un autre appartement ailleurs, je pensais pas que ça te toucherais autant.. eu sou estúpido. Reprend-il la voix plein de remord

_ c'est pas..c'est pas à cause de ça. Je repensais à...

Je prends une grande inspiration pour me donner la force de parler sans pleurer.

_ je repensais à mon père.

Il reste silencieux. Ne sachant sûrement pas quoi dire alors il affiche une mine compatissante et tapote mon dos timidement.

_ je ne l'ai vu que rarement mais je sais que c'était quelqu'un de bien. Il a sauvé ma sœur en l'emmenant ailleurs que dans cette favélas, rien que pour ça je lui en serai éternellement reconnaissant.

_ tu as toujours vécu ici ? Demandé-je pour changé de sujet

Il remue sa moustache recourbée avant d'acquiescer.

_ je suis née ici, j'ai grandis ici et je mourrai sûrement ici aussi.

_ à cause de Ángel ?

Il me regarde un moment avant d'arrêter de tapoter mon dos pour se gratter la nuque hésitant. Comme si évoquer cette personne le mettais dans un profond mal être, comme s'il n'était pas sûr de pouvoir me parler de lui. Je continue de le regarder pour lui montrer que je veux vraiment en savoir plus. Si je dois vivre ici sous le contrôle d'un homme, je dois au moins savoir pourquoi et qui est-ce exactement. Mais peut-être qu'au fond, moi-même je ne veux rien savoir sur lui. Il semble pas du tout fréquentable en vu du peu que m'a dit mon oncle alors moins j'en sais mieux c'est. Je détourne les yeux en acceptant qu'il ne m'en dise pas plus mais étonnement il parle :

_ oui. Il contrôle l'entièreté de la favélas.

Mes yeux s'attarde sur le salon en me demandant si c'est une bonne idée d'en savoir plus sur cette homme. Le salon est très petit, il y a un canapé jaunâtre, une cagette en bois vieilli retourné qui fais office de table basse, un fauteuil à bascule en bois recyclé, un meuble supportant une vielle télévision vintage avec au-dessus deux antennes TV, puis il y cet énorme drapeau du Brésil accroché au mur, juste derrière la télé.

_ Il est méchant ?

Mon oncle se lève et s'en va s'assoir sur le fauteuil à bascule pour être face à moi, il se balance légèrement sans me quitter du regard.

_ C'est un infréquentable. Avoue-t-il presque amèrement. Un cartel de drogue, tu sais ce que c'est ?

Je hoche la tête.

_ tu veux que je te parle un peu de la favéla ?

Hésitante je triture le bord de mon tee-shirts puis finit par hocher la tête.

_ allons parler de ça autour d'une bonne Galindha, je commence à avoir faim.

PRATA O PLOMO T.1 & 2 [ En cours d'édition chez AMZ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant