Diplômée

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Andrea Tikina – 18 ans 

Par une belle journée d'automne, dans une belle forêt de la ville de Raimon, une jeune femme aux longs cheveux bruns marchait paisiblement en direction du pont. Certains la dévisageait avec surprise, semblant l'avoir reconnue, la prenait en photo discrètement, ou lui souriaient. Elle les comprenait : après tout, cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas promenée seule dans sa ville d'origine.

Les arbres secoués par le vent faisaient pleuvoir des feuilles aux couleurs chaudes autour d'elle. Elle en rattrapa délicatement une de ses deux mains.

- Voyons voir, réfléchit-t-elle. Elfe ou mini-fée ?

Après mûre réflexion, elle sourit.

- Mini-fée.

Elle referma ses mains autour de la feuille et ferma les yeux, avant de faire apparaitre une lumière verte entre ses paumes. Lorsqu'elle rouvrit ses mains, une petite créature ailée à la robe orange lui souriait.

- Va rendre le sourire à un enfant triste, d'accord ?

La petite fée hocha la tête et s'envola. La jeune femme sourit, se rappelant qu'elle avait récemment découvert qu'elle pouvait devenir aussi petite qu'elle. Elle continua sa route et arriva finalement sur le pont. Trois ans plutôt, sa meilleure amie lui avait demandé son avis sur l'amour. À cette époque, elle en connaissait à peine la signification. Maintenant, elle avait une idée très précise sur la question.

Elle observa l'eau filait dans une grâce somptueuse, et s'amusa à la magner pour lui donner des formes différentes. Elle avait une maitrise totale de ses pouvoirs à présent, et elle était bien décidée à rattraper toutes les années qu'elle avait perdues en vivant dans la peur et l'inquiétude. Elle profita du vent, du silence la forêt, si apaisants comparé au bruit perpétuel de la capitale.

À son jeune âge, Andrea Tikina était la seule princesse au monde à mener une vie plus ou moins normale. Selon les termes de l'alliance, elle n'était pas obligée de vivre dans son royaume natal, avait l'autorisation d'avoir la nationalité japonaise et d'étudier, donc d'exercer un métier, de marcher tranquillement dans la rue sans garde du corps (personne n'oserait se frotter à elle sur Terre, elle les balayerait d'un revers de main), sans oublier qu'elle pouvait aller voir ses amis autant qu'elle le souhaitait. En d'autres termes...

Tu es très mauvaise menteuse, Rhea.

Elle soupira et admira avec envie deux beaux cygnes qui glissaient sur l'eau avec élégance. Sa vie avait définitivement changé depuis qu'elle était devenu une princesse reconnue. Pour commencer, les interviews, les journaux, les émissions télés, les shooting photos, les galas, les avant-premières, les cérémonies, ... Toutes ces choses qui faisaient à présent parties de son quotidien.

Ensuite, sa magie. Ils avaient fallu peu de temps aux gens pour qu'ils soient sûrs et certains qu'elles ne représentaient pas une menace, mais plusieurs superstitions planaient encore sur elle. Certains peuples grecques et romains étaient persuadés qu'elle était la réincarnation d'une déesse, des peuples mayas la prenait pour un des signes de la fin du monde, sans parler des religions.

Tout n'était pas de tout repos mais il fallait qu'elle se montre patiente. Il était encore trop tôt pour que la magie ne revienne complètement sur Terre. Elle était persuadée qu'un jour, des milliers de mini-fées pourraient voler librement dans les quatre coins du monde.

La jeune femme sourit, voyant le bec des deux cygnes se toucher, têtes baissées, leur cou formant le cœur si symbolique de leur amour. Un jour, son petit ami lui avait expliqué qu'une fois que ces animaux trouvaient leur âme sœur, ils lui restaient fidèle pour l'éternité. Elle avait trouvé ça incroyablement poétique et romantique, surtout car il tenait cette information de sa mère. La brune ne la connaissait que brièvement, par des récits que lui racontait son fils lorsqu'il se sentait nostalgique ou qu'il lui ouvrait son cœur. Cette partie de sa vie resterait toujours un mystère pour elle, et ça lui allait. Qui avait besoin de photos de son copain dans le bain lorsqu'il était juste à côté de vous ? Et puis, elle avait eu la chance de rencontrer son père. Un brave homme, qui lui avait offert, durant ses derniers instants, un médaillon lui-même caché dans le médaillon qu'elle portait autour du cou. Un héritage de la famille de son petit ami qu'elle s'assurerait de transmettre à... leurs enfants.

Qui se ressemble... ( I.E. Fanfiction )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant