Iolass

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Étonnante jeune femme, toute en instinct. Elle a piqué mon intérêt. Voilà qui ne m'est pas arrivé depuis longtemps. Le lieu est toutefois assez mal choisi. Nos hommes ont retrouvé la paix. Les soins combinés de la princesse et de nos médecins ont fait des miracles. Ils sont sauvés. Et moi, qu'ai-je fait ? Jason a peut-être raison. Les femmes ne sont peut-être que des tableaux de chasse. Celle-là ou une autre où est la différence ? Je l'ai humiliée. Je me déteste pour cela. Mes airs civilisés ne résistent pas à cette analyse. Plus que Jason, c'est mon père qui a raison : je ne suis qu'un paon vaniteux, dévoré d'ambition. Tout ce que je cherche à fuir de la cour, en m'accoquinant avec les bas cercles, est juste là, en moi.

Bon, inutile de se flageller plus longtemps, il me reste un ennemi à ma taille. Cela me divertira. Entre hommes de la pire espèce, on se comprendra : Méphistès ! N'avons-nous pas une dernière partie à jouer ? Il est toujours là, dans le navire des Élites, assis à la même table.

_ Vous avez été bien long, ironise-t-il. Alia est toujours là ? Non ? C'est que vos hommes ont eu le temps de grossir leur dette.

_ Qu'importe, balaie-je en prenant les dés à pleine main.

La partie est âpre. D'un geste rageur, les dés cognent la table. Ils roulent implacables. La partie est serrée mais il gagne. Je ne suis pas en veine aujourd'hui. Il se lève satisfait.

_ Vous savez où me trouver, lance-t-il à la cantonade.

_ Pourquoi voudriez-vous que l'on vous trouve ?

_ Une dette de jeu n'est-elle pas une affaire d'honneur sur l'Atlantide ?

Je croise le regard sombre des perdants. Ils rentreront sans butin dans leur famille. Que diront-ils ? Qu'ils ont joué ou qu'ils ont été indignes au combat ? Ce n'est pas mon affaire. Qu'y puis-je ? Je paie ma part et rejoins mon bâtiment.

Les moins atteints commencent à se réveiller. On me prévient. Mentis est de ceux-là. Je cours à son chevet. 

DélugeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant