Iolass

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Avoir traversé un col enneigé ne lui suffit pas. Il faut que cette inconsciente s'aventure en terre étrangère. Il faut aussi que des nomades soient dans les parages. Elle va avoir fière allure, ma princesse, fers aux pieds, réduite en esclavage. Voilà qui nous remettra à égalité. Je retire immédiatement mes bracelets amazones. À l'extérieur du royaume, ils ne peuvent que me desservir. De toute façon, accompagné d'Akra, aucune garde n'a daigné vérifier mon éventuelle évasion. Je les ai pourtant senties, elles n'étaient jamais loin. Pour plus de précaution, j'ai rationné ma nourriture antidote. Porté hors des chemins par les loups, je n'ai pas eu d'autre choix. Malheureusement même rationnées, mes réserves s'épuisent et la fatigue commence à apparaître. J'ai beau contrôler mon rythme cardiaque, ralentir le cours du sang dans mes veines, je ne doute pas que d'ici un ou deux jours, la douleur se fera sentir. Le souvenir de ce novice achevé par Alia ne me tente pas du tout. S'il faut combattre, j'ai un sérieux handicap.

Le jour est levé depuis deux ou trois heures et ces nomades me voient arriver de loin. Faut dire qu'avec la meute, ma présence manque de discrétion. Heureusement ces hommes se montrent avenants. Le chef de famille paraît hésiter puis, après avoir vu le sceau d'Hyppolite, il m'avoue avoir offert l'hospitalité à ma fugitive. Elle a, semble-t-il, décidé de rentrer dans le giron maternel. Avant, précise le patriarche, elle a voulu vérifier quelque chose vers le nord. Comme toujours. Ce cap devient une obsession. Pourquoi cette halte dans ce cas ? Pourquoi avoir risqué de se rompre le cou dans ces montagnes ? Alia ne sait pas où aller, une vraie girouette. L'homme paraît soucieux. Il économise ses paroles, préoccupé. D'ailleurs lui et les siens lèvent le camp. Depuis quand est-elle partie ? Où compte-t-elle passer les montagnes de l'est ? Je ne l'ai pas croisée donc elle a changé de route. Le vieux marchand me conseille le même itinéraire qu'à sa protégée. Très bien. Logiquement avec mes auxiliaires lupins, je devrai pouvoir la rattraper, probablement avant l'orée de la forêt de cèdres. 

DélugeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant