Iolass

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Vite ! Les loups lâchés, ils bondissent des appartements pour s'élancer tous dans la même direction. Hippolyte et moi nous lançons à leur poursuite. La cour du nord ! Ils hésitent, flairant chaque pierre, chaque recoin puis reprennent en un instant leur course folle. La guerrière est rapide mais je le suis davantage.

_ Qu'est-ce que les voix d'Hadès ?

_ Un très vieux rituel, s'essouffle-t-elle. Interdit !

_ Pourquoi ?

_ Trop peu le réussissent.

_ Et pour les autres ?

_ À votre avis ? Les voix d'Hadès !

C'est beaucoup trop clair. Nous passons le quartier des greniers suivi de celui des boulangers. Les loups semblent traquer une proie invisible, se dispersent parfois dans les ruelles, effraient les habitantes déjà fébriles par la présence militaire. Ils se rejoignent toujours menés par Akra. La louve s'arrête parfois, flaire la piste, encore, grogne et repart. À la porte nord, l'animal s'impatiente. Hippolyte donne l'ordre d'ouvrir les remparts. La herse à peine levée, la meute s'engouffre. Je me roule à leur poursuite. La blessure de mon bras s'ouvre dans la manœuvre créant une douleur effroyable. Tant pis, je verrai cela plus tard. Hippolyte suit un peu en retrait. Dois-je attendre ? Non ! Les loups ne me le permettent pas. Où filent-ils ainsi ? Nous avons tourné vers l'ouest. Soudain, en contrebas d'une colline, je me retiens. Quel est-ce lieu ? Des temples minuscules, parfois de marbre, parfois de bois peint, ordonnés tranquilles autour d'un plus grand, majestueux dans sa silhouette ronde immaculée d'un marbre rare.

_ Nécropolis, affirme simplement la guerrière. Évidemment !

_ Que cherche-t-elle ?

_ Que les morts lui parlent.

La résignation de ses paroles m'épouvante. C'est pas vrai, elles et leurs superstitions ! Je descends d'un bond la butte rocailleuse. Mes sens en éveil, je cherche un souffle de vie que je ne discerne pas. Les loups grattent furieusement la porte de bronze du plus grand temple ; un mausolée royal sans aucun doute. Le soin de ses bas-reliefs, de sa frise colorée domine de loin toutes les constructions de la cité. Je me penche vers la louve dominante et plonge mon regard dans le sien. Je dois y aller seul. Il reste une chance, une toute petite chance. Elle est là. Je le sens mais sa vie fuit à pas rapides. Je pousse fermement la porte. Le soleil illumine un bref instant ce lieu sublime et froid. Mon regard parcourt d'un trait l'immense salle vide. Les statues des reines trônent du haut de leur piédestal, altières, nobles, tournées vers un seul point, un seul lieu...

_ Alia !

DélugeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant