Iolass

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Une fouille rapide de la malle paternelle me permet de m'équiper. Ma tenue hivernale endossée, je me dirige vers Larchos qui me confie tout ce qui m'est nécessaire. Nos regards se croisent. Nous ne disons rien mais c'est évident. Je dois la ramener, pas question d'échouer. Quatre jours, telles sont mes réserves de nourriture et par là même d'antidote. Ensuite je devrai me présenter à la cité du milieu pour en obtenir d'autre. Une idée m'effleure. Il doit la deviner car il précise :

_ Une fois le poison de l'andréion dans les veines, son effet est permanent. À ma connaissance, un antidote définitif n'existe pas. Il n'y a pas d'issue.

Ces mots ont une dure résonance, un goût de jamais. Je ne m'y résous pas. Mais le temps n'est pas venu. Les guerrières viennent me chercher. Le temps presse. Le sceau de leur maîtresse m'est remis ainsi que mes bracelets. Visibles d'assez loin pour informer de ma mission, ils attesteront que je ne suis pas en fuite. À noter : ne pas les retirer ; c'est bien ma veine. Hippolyte m'attend à l'écurie.

_ Prenez mon cheval, après Bélérophon, c'est le plus rapide.

_ Merci.

_ Écoutez, me somme-t-elle fermement, je n'ai pas prévenu la reine. Officiellement vous êtes partis ensemble voir les montagnes de l'est. Alia aime cet endroit.

Je suis perplexe. Pourquoi ne pas informer la reine ?

_ Méfiez-vous de l'étalon, il est vraiment dangereux. La reine aime Alia, elle ne supporterait pas un drame.

L'amertume se lit sur son visage tandis qu'elle me présente ma monture, un cheval alezan, robuste et rapide. Il faut partir à présent. Pourtant elle retient mon destrier :

_ Une dernière chose : d'une manière ou d'une autre, l'oracle doit être éclairci. Tirésias est inquiet. Je le suis donc encore plus.

Voilà qui explique tout. Aucune sollicitude fraternelle, non, Hippolyte veut l'oracle. C'est sans regret que les murs sombres des remparts s'éloignent. Quand ? Soudain des silhouettes familières m'entourent. Un comité d'accueil ? Qui les a envoyés ? Tirésias ? Larchos ? Isoha ? Quoi qu'il en soit, Akra ne me laisse pas le choix. Elle devant, ses compagnons autour de moi, elle contraint mes pas.

DélugeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant