Il sera mon guide. J'espère seulement qu'Isoha m'arrachera rapidement à ce supplice. Ma meute doit être prête maintenant. J'ai laissé mes ordres. Psyché y sera fidèle, je n'ai pas à m'inquiéter. Soudain sa main prend la mienne dans un geste autoritaire et doux à la fois. Voilà qui me ramène sur terre.
Tous les regards sont fixés sur nous. Je dois me concentrer sur le banquet. Il m'invite délicatement à prendre place sur le lit qui nous est réservé. Je tressaille. Le contact de mon corps allongé contre le sien me paralyse immédiatement. Il me murmure des mots rassurants. Tout ceci n'est qu'un jeu, une façade, des apparences, rien de plus. Il n'a pas tort. Je m'abandonne à la chaleur de sa poitrine. Il passe simplement son bras le long de ma taille. Ma mère approuve satisfaite. Je deviens une fille bien sage.
Le roi hyksos semble moins apprécier notre intimité, tout en férocité rentrée, un peu comme ma sœur qui s'étouffe de rage. Ce n'est que dans le regard de Tirésias que je lis l'harmonie et toute la noblesse de l'ensemble. Cela met mon frère mal à l'aise. Il semble submergé par un sentiment qui m'est inconnu.
Le festin commence. Les exploits du Grand Roi sont chantés mais point loués. Les conversations sont d'une terrible platitude. La sècheresse qui touche tous les peuples de l'orient offre des débats qui ne risquent pas de déborder. Rien qui ne me concerne vraiment. Je m'ennuie et m'impatiente. Iolass me rapproche courtoisement contre lui, chuchotant des piques ironiques qui ont le mérite de me distraire.
_ Je crois que, sur l'Atlantide, je serais dans l'obligation de te courtiser. Je complimenterais ta beauté.
_ Ben, tiens, comme si j'étais à votre goût.
_ Tu pourraiq le devenir, moque-t-il sans indélicatesse. Ne suis-je pas ton amant ?
Je souris. Le roi ne nous quitte pas des yeux, aussi parais-je prendre plaisir à ces futilités.
_ Vois, comme il enrage, chuchotè-je.
_ Il te dévore des yeux. Je crois que je vais devoir te serrer plus affectueusement, histoire bien sûr de jouir de toutes les facettes de cette soirée.
Iolass s'amuse, c'est certain. Il prend un profond plaisir à provoquer l'adversaire. J'aimerai juste qu'il se souvienne qu'il s'agit de ma sœur. Mais c'est vrai, le roi hyksos ne nous quitte pas des yeux. Lovée dans les bras de l'atlante, je me détends peu à peu.
_ Il va suffoquer...
_ Il faut dire que je lui ai déjà pris quelque chose, fanfaronne le prince.
_ Quoi donc ?
_ Sa victoire.
_ Arrogant !
_ À peine.
C'est la première fois que nous ne nous chamaillons pas. Ce n'est qu'un jeu, rien de plus. Il a raison. C'est un compagnon agréable. Peut-être l'ai-je mal jugé ? En tout cas, je regrette moins de lui avoir offert mon temple contre sa vie. Une garde entre discrètement et se dirige vers la reine. Je redeviens sérieuse. C'est le moment. Ma mère se lève et explique à l'assemblée :
_ À leur naissance, les princesses reçoivent deux présents : une sœur de naissance, une compagne née à la même heure et le même jour, puis une autre suivante, une confidente dont la voix jamais ne pourra se faire entendre. Aussi, Grand Roi, comprendrez-vous qu'il n'y a dans ce départ aucune offense à votre peuple. Alia, quittez les lieux. Cyrène, votre sœur de naissance est au palais d'Artémis, aux portes de la mort.
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Déluge
FantasyAlia sait qu'elle va mourir. Sa sœur la tuera lors du combat de succession au trône des amazones. Elle n'a pas peur, la mort est une vieille compagne qu'elle attend en profitant de sa liberté. Mais un navire étranger bouscule son destin. Elle va dev...