Iolass

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Je suis d'accord avec elle. Démétrius est trop expérimenté, trop sage pour se lancer dans une course aventureuse avec toute sa famille. Tout tourne autour du métal si cher au peuple du marchand. Je me félicite que l'Atlantide n'ait jamais eu à s'occuper de tout cela. Le tritonium nous met à l'abri de ces contingences. Il me faut à présent savoir comment fonctionne l'approvisionnement, la confection des armes, les achats, tout. Alia devient grave.

_ Je l'ignore.

_ Tu as en charge l'approvisionnement ?

_ Nourricier, rectifie-t-elle. La métallurgie appartient à la reine des guerrières. C'est un point stratégique.

_ Et qui multiplie considérablement les interlocuteurs, donc les failles.

_ Possible, mais je dois bien admettre que je ne me suis jamais posée la question de savoir qui forgeait mes flèches.

_ L'atelier d'Ignis, intervient Baal. Vous ne pouvez le connaître, c'est un enfer à l'extérieur de la ville où l'on n'emmène pas les petites filles en visite. Mais dans l'andréion, chacun sait que c'est là que finissent les fortes têtes, du moins quand elles n'ont pas la chance d'être prince de l'Atlantide.

Ça c'est pour moi. Sa description est sûrement nourrie de la volonté des maîtresses de créer la terreur, toutefois l'endroit ne doit rien avoir de très plaisant. Une prison ni plus ni moins, plus expéditive moins luxueuse que l'andréion. Les plus solides tiennent parfois cinq ans, mais la plupart meurt d'épuisement dans les deux premières années. Il nous faudra nous y rendre et cette idée ne réjouit guère Alia dont le regard se perd dans l'horizon.

_ Iolass, tu partiras dès demain. Mon sceau sera ton laissez-passer. Vois ce que tu peux glaner.

L'ordre est clair. Elle se défile. La petite fille espiègle de notre première rencontre qui croit défier le monde en sautant dans les arbres est bien morte. Mais la peur la paralyse jusque dans les moindres de ses décisions. Le monde extérieur la déçoit. Qu'importe en vérité : il est ce qu'il est. Nul ne peut changer cela.

_ Tu obtiendrais sûrement plus d'informations que moi.

_ Peut-être, mais j'ai à faire ici. Disons que tu vas y prendre la température.

_ Sacrée fournaise, ironise Baal.

Elle sourit légèrement mais elle se disperse. Ce n'est pas bon. Un objectif à la fois, c'est suffisant. Je désapprouve mais qu'y puis-je. Je me mens aussi. Être loin d'elle me pèse à présent. Je n'aime pas être désarmé. Je dois veiller sur elle désormais coûte que coûte. Elle m'éloigne or il n'est pas temps de faire confiance à Baal à ce point-là.

DélugeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant