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hadith 2661:

sanad: Soulaymân (Ibn Dâwoûd) Aboû ar-Rabî' (az-Zahrânî) m'a rapporté ce hadîth et Ahmad Ibn Yoûnous (at-Tamîmî al-Yourboû'î) m'en a expliqué une partie disant Foulayh Ibn Soulaymân (al-Khouzâ'î) nous l'a rapporté selon Ibn Chihâb az-Zouhrî (Mohammad Ibn Mouslim) selon 'Orwa Ibn az-Zoubayr, Sa'îd Ibn al-Mousayyab (al-Madanî), 'Alqama Ibn Waqqâs (Aboû Wâqid) al-Laythî et 'Oubaydallah Ibn 'Abdallah Ibn 'Otba (Ibn Mas'oûd) selon 'Â'icha (la mère des croyants) (Allah en soit satisfait).

matn: A propos de l'épreuve du Prophète (‎ﷺ) quand les diffamateurs ont dit ce qu'ils ont dit de 'Â'icha et quand Allah l'a innocentée, Ibn Chihâb az-Zouhrî dit : 'Orwa Ibn az-Zoubayr, Sa'îd Ibn al-Mousayyab, 'Alqama Ibn Waqqâs et 'Oubaydallah Ibn 'Abdallah Ibn 'Otba (Ibn Mas'oûd) m'ont rapporté une partie des propos de 'Â'icha, les uns les retenant mieux que les autres, mais les dires des uns confirmaient ceux des autres. 'Â''icha avait dit :
   « Chaque fois que le Prophète (‎ﷺ) partait en voyage, il tirait au sort parmi ses femmes, celle que devait l'accompagner. Il fit donc le tirage au sort lors d'une campagne (dans la contrée de Banî Moustaliq). Ce fut moi qui fut de sortie avec lui. En ce temps-là, le port du voile avait déjà été institué.
   Nous avons pris la route. Je voyageais en palanquin à dos de chameau. La mission terminée, nous prîmes le chemin du retour. A l'approche de Médine, le Prophète (‎ﷺ) ordonna de lever le camp la nuit. Pendant que les hommes faisaient les préparatifs du départ, je me suis éloignée de l'armée pour faire mes
petits besoins. Retournée à ma place, je me suis aperçue, en tâtant ma poitrine, de la disparition de mon collier d'onyx de Adhfâr ! Je suis alors retournée sur mes pas (à sa recherche) ; ce qui me retarda !
   Les personnes chargées de mon palanquin, le replacèrent sur le chameau, croyant que j'y étais ! Les femmes en ce temps étaient légères et n'avaient pas d'embonpoint : elles mangeaient sobrement. En soulevant le palanquin, les hommes ne trouvèrent pas bizarre qu'il fût léger ! J'étais encore jeune (15 ans). Ils remirent le chameau debout et partirent. Je finis par retrouver le collier après
leur départ, et revins au campement. Il était vide ! Je me dirigeai à ma place, croyant qu'ils ne manqueraient pas de s'apercevoir de mon absence et reviendraient me chercher !
   Je m'assis à ma place et le sommeil me gagna.
   Safwân Ibn Mou'attal as-Soulamî assurant l'arrière-garde de l'armée (il avait demandé au Prophète (‎ﷺ) l'autorisation de rester à l'arrière-garde pour ramasser les objets oubliés après le départ de l'armée. Safwân restait à sa place priant jusqu'à l'aube, heure où la lumière permettait de distinguer les objets, puis rejoi-
gnait l'armée à la halte suivante), remarqua la silhouette d'une personne endormie ! Il se dirigea vers moi. Il me connaissait avant l'institution du voile. Il poussa une exclamation disant « nous sommes à Allah et nous retournons à Lui !» et baraqua son chameau. Ce qui me réveilla ! Il mit le pied sur le genou de la bête et je pris place sur la monture. Il conduisit le chameau par la bride et nous rejoi-
gnîmes l'armée à midi lors de la sieste.
   Tous ceux qui prirent part à la calomnie coururent à leur perte. Le chef de la bande fut 'Abdallah Ibn Oubayy Ibn Saloûl.
   Rentrée à Médine, dit 'Â'icha, je tombai malade. Je suis restée ainsi pendant un mois. Les gens ne faisaient que colporter des calomnies à mon égard. Ce qui m'intriguait, c'était le comportement du Prophète (‎ﷺ) qui n'affichait plus la présence dont il m'entourait auparavant quand je tombais malade ! Il ne faisait qu'entrer et saluer et dire : « Comment va celle-ci ? ».
   Je n'avais aucune idée de ce qui se tramait jusqu'au jour où j'ai commencé à me rétablir !
   En effet, je sortis avec Oumm Mistah Bint Abî Rouhm (la tante maternelle d'Aboû Bakr as-Siddîq) vers les latrines de Médine pour mes besoins. Les femmes n'y allaient que la nuit tombée, n'ayant pas de toilettes près de nos maisons. C'était notre habitude, selon la coutume des anciens arabes qui faisaient leurs besoins à la campagne.
   Je marchais avec Oumm Mistah quand elle s'empêtra les jambes dans son mirt (vêtement en laine) et trébucha ! Malheur à Mistah (son fils) ! dit-elle.
   « Quelle abominable parole que celle que tu dis là ! Tu médis d'un homme qui a participé à la bataille de Badr ? lui dis-je. — Petite ! me dit-elle, n'as-tu pas entendu ce qu'on dit de toi ? »
   Et elle me rapporta les propos des calomniateurs ! J'en fus encore plus malade. Rentrée chez moi, le Prophète (‎ﷺ) vint, salua et dit : « Comment va celle-ci? — Permets-moi d'aller chez mes parents ! lui dis-je. »
   Je voulais, en me rendant chez eux, m'assurer de ce qu'on disait de moi de leurs propres bouches ! Le Prophète (‎ﷺ) me le permit.
   Arrivée chez eux, je demandai à ma mère ce que les gens m'attribuaient ! « Petite, me dit-elle, ne t'afflige pas ! Par Allah! Toute femme qui jouit d'une certaine beauté et qui est aimée de son mari est enviée et chicanée de ses co-épouses !— Soubhâna Allah ! dis-je, (c'est donc vrai que) les gens disent cela de moi ?»
   J'ai passé la nuit à pleurer sans fermer l'œil !
   La révélation ayant tardé, le Prophète (‎ﷺ) demanda avis, s'il devait ou non me répudier, à 'Alî (Ibn Abî Tâlib) et Ousâma Ibn Zayd.
   Ousâma dit ce qu'il pensait de mon innocence et montra de l'affection qu'il portait à la famille du Prophète (‎ﷺ) : « C'est ton épouse, dit-il, et par Allah! je n'en sais que du bien ! »
   Quant à 'Alî (Ibn Abî Tâlib), il dit : « Allah ne t'a pas imposé de restriction en matière de mariage, et les femmes sont nombreuses; d'ailleurs tu peux interroger l'esclave Barîra, elle te dira la vérité ! »
   Le Prophète (‎ﷺ) appela Barîra et lui dit : « As-tu des soupçons sur 'Â'icha? — Je jure par Celui qui t'a accordé la mission véridique de prophète, dit Barîra, que je n'ai rien à lui reprocher, sauf qu'elle est jeune et s'endort, laissant la pâte pétrie à la portée de la brebis qui vient en manger !»
   Le jour même, le Prophète (‎ﷺ) monta en chaire et se plaignit de 'Abdallah Ibn Oubayy Ibn Saloûl ; il dit : « Qui pourrait me rendre justice d'un homme dont la calomnie a nui à ma famille ? Je jure par Allah , que je ne connais que du bien sur ma femme ! Les gens incriminent un homme dont je n'ai connu que du bien. D'ailleurs il n'entrait chez moi qu'en ma présence !»
   A ce moment Sa'd Ibn Mou'âdh (chef de la grande tribu des Aws à Médine) se leva et dit : « Envoyé d'Allah ! Par Allah, je m'en charge ; si c'est quelqu'un de la tribu des Aws, je lui trancherai le cou, s'il est de la tribu de nos frères les Khazraj, nous exécuterons les ordres que tu nous donneras. A ce moment Sa'd Ibn 'Oubâda, chef des Khazraj, qui était pourtant un homme vertueux, emporté par le chauvinisme, se leva et dit en s'adressant à Sa'd : « Menteur ! Par Allah tu ne tueras pas et tu n'en auras pas le courage ! »
   Et voilà que Ousayd Ibn Houdayr (cousin de Mou'âdh) se leva et de dire : « C'est toi le menteur, par Allah, nous le tuerons ! Certes, tu es un hypocrite et tu défends les hypocrites ! »
   Les deux tribus faillirent en venir aux mains ! Le Prophète (‎ﷺ) était encore en chaire. Il descendit et arrêta la querelle. Quand le calme se rétablit, il cessa de parler.
   Je n'ai pas cessé de pleurer ce jour-là sans goûter au sommeil, poursuit 'Â'icha. Le lendemain matin, mes parents vinrent auprès de moi. J'ai pleuré deux nuits et un jour.  J'ai vu que mes larmes fendaient le cœur de mes parents. Ils étaient assis auprès de moi quand une Ansârite demanda à entrer. Elle s'assit, pleurant avec moi. On était tous là ainsi quand le Prophète (‎ﷺ) entra et prit place à côté de moi ! Il ne l'avait pas fait depuis le début de la calomnie ! Pendant tout un mois il n'avait pas reçu de révélation à mon sujet. Il dit : « Il n'y a de Dieu qu'Allah ! » puis il dit : «'Â' icha! J'ai appris sur toi telle et telle chose, si tu es innocente, Allah me le fera savoir; si par contre tu as commis un péché, demande pardon à Allah et repens-toi. Quand l'individu reconnaît sa faute et s'en repent, Allah la lui pardonne ! »
   Quand le Prophète (‎‎ﷺ) finit de parler, mes larmes s'arrêtèrent subitement ; et m'adressant à mon père, je lui dis : « Réponds au Prophète (‎ﷺ) à ma place ! — Par Allah , dit-il, je ne sais que dire ! — Ma mère, dis-je, réponds pour moi au Prophète (‎ﷺ) ! — Par Allah ! dit-elle, je ne sais que répondre ! ».
   J'étais encore jeune, dit 'Â'icha, je ne savais pas beaucoup de Coran, mais j'ai répondu : « Par Allah! Je suis sûre que vous avez écouté et cru ce que disent les gens ! Si je vous déclare que je suis innocente, et Allah le sait bien, vous ne me croirez pas ! Mais si j'avoue autre chose, et Allah sait bien qu'il n'en fut rien, vous l'accepterez comme vrai ! En l'occurrence, je ne trouve pour nous deux que la réponse du père de Yûsuf quand il dit : « Je me résigne à Allah, Il m'aidera à supporter vos assertions. » (Sourate 12, Yoûsouf, verset 18).
   Puis je me suis retournée sur mon lit, le visage vers le mur, espérant qu'Allah démontre mon innocence !
   J'étais loin de penser que des versets coraniques seraient révélés à mon sujet ! Moi, l'insignifiante ! Tout ce que j'espérais c'était que le Prophète (‎ﷺ) le vît en songe ! Par Allah ! Avant même que le Prophète (‎ﷺ) n'eût quitté sa place, et qu'aucune des personnes dans la chambre ne fût sortie, l'Envoyé d'Allah (‎ﷺ) reçut la révélation et fut couvert d'une sueur qui perlait sur son visage, comme cela se passait aussi les jours de grand froid !
   La révélation terminée, la première parole que le Prophète (‎ﷺ) prononça, tout souriant, fut : «'Â'icha ! Remercie Allah qui vient proclamer ton innocence ! »
   Alors ma mère me dit : « Lève-toi et remercie le Prophète (‎ﷺ) ! — Je ne me lève pas et je ne remercie qu'Allah seul, lui dis-je. »
   Allah révéla à mon sujet les versets 11 à 14 de la sourate an-Noûr.
   Quand Allah révéla ces versets m'innocentant, (mon père) Aboû Bakr as-Siddiq (Allah en soit satisfait) qui subvenait aux besoins de Mistah Ibn Outhâtha vue la parenté que les liait, dit : « Je jure par Allah de ne plus rien donner à Mistab après la calomnie qu'il a répandue sur 'Â'icha!»
   Alors Allah révéla à ce sujet le verset : « Que ceux d'entre vous de condition honorable et qui vivent dans l'aisance, n'interdisent pas par jurement leur assistance à leurs proches, aux pauvres et à ceux qui s'expatrient pour la cause d'Allah! Qu'ils se montrent indulgents et cléments. Ne voudriez-vous pas vous-mêmes avoir le pardon du Seigneur ? Allah est Clément et Miséricordieux ! » (Sourate 24, an-Noûr, verset 22).
   Alors Aboû Bakr dit : « Par Allah, j'aime qu'Allah me pardonne ! » Et il remit à Mistah la subvention qu'il lui assurait.
   'Â'icha dit : Le Prophète (‎ﷺ) interrogeait Zaynab Bint Jahch (la mère des croyants) à mon sujet ; il lui disait : « Qu'est-ce que tu as su, ou qu'est-ce que tu as vu de 'Â'icha? — Envoyé d'Allah ! disait-elle, je me garde d'attribuer à mes oreilles ce qu'elles n'ont pas entendu, et à mes yeux ce qu'ils n'ont pas vu ; par Allah ! Je n'ai connu de 'Â'icha que du bien !
   Zaynab, dit 'Â'icha, était mon égale auprès du Prophète (‎ﷺ), mais sa piété l'a préservée de tremper dans cette calomnie !

autre sanad
   1. [Soulaymân (Ibn Dâwoûd) Aboû ar-Rabî' (az-Zahrânî) nous a rapporté aussi disant] Foulayh (Ibn Soulaymân al-Khouzâ'î) nous a rapporté ce hadîth selon Hichâm Ibn 'Orwa selon 'Orwa Ibn az-Zoubayr selon 'Â'icha (la mère des croyants) (Allah en soit satisfait).
   2. [Soulaymân (Ibn Dâwoûd) Aboû ar-Rabî' (az-Zahrânî) nous a rapporté aussi disant Foulayh Ibn Soulaymân (al-Khouzâ'î) nous a rapporté ce hadîth selon Hichâm Ibn 'Orwa selon 'Orwa Ibn az-Zoubayr selon] ('Abdallah) Ibn az-Zoubayr selon 'Â'icha (la mère des croyants) (Allah en soit satisfait).
   3.  [Soulaymân (Ibn Dâwoûd) Aboû ar-Rabî' (az-Zahrânî) nous a rapporté aussi disant] Foulayh (Ibn Soulaymân al-Khouzâ'î) nous a rapporté selon Rabî'a Ibn Abî 'Abd ar-Rahmân (Farroûkh at-Taymî) et Yahyâ Ibn Sa'îd (al-Ansârî) selon al-Qâsim Ibn Mohammad (Ibn Abî Bakr as-Siddîq) selon 'Â'icha (la mère des croyants) (Allah en soit satisfait).

(bâb 15: Attestation d'honorabilité des femmes les unes par les autres.
Le livre des témoignages)



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| Sâhih al-Bukhâri - صحيح البخاري |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant