Chapitre 1 - 4

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Le petit groupe de Christophe s'était étoffé. En plus de Kelthoum, la jeune femme qui l'attirait davantage encore depuis qu'il avait pu constater son caractère volontaire durant les heures passées, de Samya, Ève et Kim, les trois apprenties coiffeuses, il comportait maintenant Rachid, le jeune Beur dont le costume n'était plus que l'ombre de ce qu'il avait été et Julie, une ancienne camarade de classe de Kim, d'origine africaine.

Autant il semblait logique pour Christophe que cette dernière arrivée se soit intégrée dans leur groupe, de par son amitié avec la jeune asiatique, autant la présence de Rachid lui semblait plus difficile à supporter. Réaliste, il savait néanmoins que c'était à cause de la prévenance sans égale dont cet archétype d'agent commercial faisait preuve auprès de Kelthoum. Christophe essayait de faire la part des choses, il s'en voulait un peu d'avoir une attitude aussi immature en de telles circonstances.

Omar et Olivier, deux jeunes blacks qui semblaient vouloir se rapprocher du groupe, s'étaient assis à côté d'eux, sans encore oser s'immiscer dans le cercle qu'ils avaient formé. Christophe avait une attitude engageante à leur égard, en partie parce qu'ils étaient sympathiques, mais aussi parce qu'ils étaient tous profondément touchés par cette impensable catastrophe.

D'autres groupes s'étaient assemblés en fonction des affinités, mais tous restaient très près les uns des autres, en un grand cercle veillant sur les blessés.

Kelthoum, la plus grande des filles du groupe, malgré son mètre soixante cinq, avait attaché ses longs cheveux bouclés en chignon, grâce à une grosse brindille de bois vert. Elle avait retiré son pull pour se mettre en tee-shirt, à cause de la chaleur un peu étouffante du lieu. D'une corpulence moyenne, elle avait un physique agréable sans être exceptionnel. Mais ce n'était pas ce qui captivait le regard de Christophe, ni ses yeux sombres et bien dessinés, ni le noir de jais de ses beaux cheveux, ni ses petites pommettes que mettait en valeur son sourire chaleureux. Elle avait une aura, un charme, issu d'un mélange de sincérité, de dynamisme, de douceur et de bonté.

Elle était les bras auxquels ils aspiraient dans son besoin de réconfort.

Christophe la dévorait du regard.

« Mais où est-ce qu'on est ? »  La question de Samya le sortit de sa contemplation.

Les sourcils de l'apprentie coiffeuse étaient froncés sous l'effet de la concentration. Elle scrutait les alentours comme si elle pouvait trouver un indice. La moue interrogative qu'elle faisait lui donnait presque un air comique. Dressée bien droit sur ses jambes, les mains sur les hanches, elle finit son tour d'horizon sur Christophe.

« J'en sais rien, répondit-il en haussant les épaules. Ailleurs je pense.

- Ailleurs ? Ailleurs de quoi ? »

Le jeune homme eut un nouveau geste d'indécision : « Ailleurs... Un autre monde... Une autre planète...

- Tu délires ! Intervint Julie.

- J'aimerais bien. Je préférerais en effet que tout ceci ne soit qu'un vaste délire et que je me réveille dans le RER à Gare du nord. Mais... Regardez autour de vous. Faut bien se résoudre à l'évidence. Pour une fois, on peut bien dire qu'on est arrivé là comme par magie; et même si je suis pas un spécialiste, les arbres et les insectes me disent rien du tout. Et le soleil... il m'a l'air... un peu trop jaune.

- Jaune ? » Julie sourit de l'adjectif avant de reporter son attention sur l'astre. Incertaine, elle hocha la tête de côté puis fit une moue dubitative.

- En même temps, convint Samya, même si ça me fait peur rien que d'y penser, on est arrivé vraiment bizarrement, genre on a déraillé de la réalité.

Vierge de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant