Vierge de sang

Chapitre 28 - 2

Il resta six jours à errer sans but dans cette petite vallée. Il avait réparé comme il pouvait son arc, pas très bien, et avait chassé sans succès. Il s'était nourri des quelques plantes qu'il savait comestibles, s'était plus ou moins lavé à une source dont l'eau froide lui avait presque remis les idées en place.

Il n'avait pas repris contact avec la déesse de la magie. Elle devait sans doute être furieuse contre lui.

Tant mieux.

Il lui parlerait peut-être ce soir, ou demain.

En attendant, il pouvait repartir, il s'était assez reposé. Il se sentait vidé, mais il pouvait reprendre sa fuite, sans savoir vers où. La vengeance peut-être...

Les Nocturnes étaient derrière lui, pourtant, malgré les craintes d'Ehntehag, ils ne l'avaient pas rattrapé. Peut-être avaient-ils perdu sa trace ?

Où peut-être qu'ils l'attendaient derrière la prochaine montagne...

Christophe reprit la marche, d'un pas mesuré.

Il savait qu'Ehntehag lui en voudrait de ne pas être entré en contact avec elle pendant tout ce temps, mais il n'en avait cure. Il lui restait quelques heures avant le crépuscule. Elle attendrait jusque là. Il lui en voulait sans même savoir pourquoi. Il en voulait à tout le monde en fait, à toute personne qui se serait trouvée en face de lui. Il ne voulait parler à personne.

Un couple d'heures plus tard, alors qu'il grimpait une colline par un vallon escarpé, le craquement discret d'une branche se fit entendre, assez loin derrière lui. Il dressa l'oreille, un frisson parcourut son échine. Il avait l'impression que quelqu'un ou quelque chose était là-bas, à quelques mètres de lui, dix ou quinze peut-être.

Mais ce ne pouvait pas être les Nocturnes. La nuit était encore loin.

Se pouvait-il que ces créatures se déplacent de jour ? Elles connaissaient la magie, avait-il compris... Et même si la lumière était assez forte pour voir clairement, la canopée était dense, peu de rayons de soleil tombaient jusqu'au sol...

Un nouveau bruit se fit entendre. Ce pouvait être un animal... Un frisson froid parcourut la nuque de Christophe. Une étrange impression lui disait qu'il ne s'agissait pas de cela.

L'adrénaline fit un bond dans ses veines, le secouant comme un choc électrique. Il se mit à courir aussi vite qu'il pouvait.

Il aurait peut-être dû écouter Ehntehag.

Il aurait peut-être dû avoir recours au sort.

Peut-être avait-il même le temps de l'incanter ?

Mais il ne l'avait pas préparé. Cela demanderait trop de temps.

Il devait distancer ses poursuivants pour pouvoir tenter le coup. Peut-être s'il trouvait une percée dans la jungle, où le soleil serait abondant...

Il aurait plus de chance de trouver ça sur le faîte de cette colline. Il devait grimper, vite !

L'effort lui coûtait beaucoup, ses côtes lui faisaient mal. Il lui fallait presque grimper à quatre pattes par moment. Il glissait sur la végétation humide, se reprenait, forçait. La sueur coulait sur son visage, lui piquait les yeux. Son souffle se faisait court.

Mais le haut de la colline se faisait proche, la crête n'était plus qu'à quelques pas. Il devrait grimper à la verticale sur un peu plus de deux mètres, là où la roche affleurait pour former le début de la ravine, rien de très difficile.

Et soudain, il perçut un bruit derrière lui, tout près. Celui caractéristique d'une créature qui amortit souplement la fin de son saut sur un sol dur. Une créature suffisamment discrète pour faire très peu de bruit.