Chapitre 19 - 2

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Une faible douleur dans les côtes réveilla Ève, la sortant d'un rêve joyeux ; elle songeait à cette fin d'après midi d'été, où avec sa mère elles avaient assisté aux premiers pas de sa petite sœur. Elles avaient encore un jardin à l'époque, la petite Coralie s'était relevée avec peine sur ses deux jambes, des brins d'herbes prit dans les doigts. Ève et sa mère en avaient criée de joie.

Ève se redressa avec difficulté pour voir qui la bousculait ainsi, elle avait du mal à sortir de son sommeil. Cela semblait bien tôt pour être l'heure à laquelle elle devait prendre la relève de Kim... On la secoua plus fortement, sans ménagement. Elle réalisa qu'il s'agissait d'un bâton, un bâton très dur.

Non, en fait, il s'agissait d'une lance. Une grande lance de bois sombre, presque noire dans la nuit. A la lueur du feu, elle crut discerner de longues lignes entrelacées gravées tout du long. Mais ce ne fut qu'un détail qu'elle perçut du coin de l'œil ; Un détail inutile face à la peur qui la saisit lorsqu'elle vit celui qui la tenait. Elle en avait vu dans ses rêves

Le Nocturne paraissait gigantesque, même s'il n'atteignait pas les deux mètres. Il était habillé d'un pantalon de peau marron, les pieds nus. Un gilet de cuir, sans manches et ouvert, laissait voir son torse aux muscles fins et déliés ainsi que les épaules et les bras couverts de tatouages bleus. Ceux-ci étaient semblables à un entrelacs de lianes, qui redescendaient sous sa poitrine et donnait l'impression de fuser de son abdomen. Chaque ligne stylisée descendait jusque sur le dos de la main et venait finir sa course autour d'un doigt. Pour tout ornement, il portait un anneau de pierre verte à la main droite, celle qui tenait la lance. Ses cheveux blancs comportaient quelques tresses dans lesquelles de petits objets étaient attachés. Ils tombaient sur ses épaules, encadrant son visage froid à la peau d'un gris mat et aux yeux d'un bleu-gris étonnamment clair.

Ève recula précipitamment, sur les fesses, se débattant maladroitement avec la couverture sur laquelle elle s'était endormie.

Le Nocturne reposa le pied de sa lance au sol et la contempla avec mépris. Un liquide épais en poissait la pointe métallique.

La peur d'Ève se mua en terreur absolue à l'idée qu'il s'agissait du sang d'un de ses amis. Elle tourna son regard dans tous les sens, et vit un autre Nocturne s'appuyer du pied sur le corps de Christophe pour retirer sa lance. Sous le recul, le corps roula à demi et Ève vit le visage figé dans la stupeur, les yeux grands ouverts, immobiles. A quelques pas de lui, le corps de Julie reposait face contre terre. Elle portait encore le vieux tee-shirt orange qu'elle aimait tant. Sur son dos, une déchirure imbibée de sang laissait voir le large trou qu'avait fait l'arme qui l'avait transpercée.

Ève cria, hurla à plein poumon toute l'horreur qui l'assaillait. Un coup du manche de la lance l'atteignit à la mâchoire et l'envoya bouler à un mètre de là.

Kim se réveilla en sursaut. « Quoi ? Qu'est ce qu'y a ? Qu'est ce qui ...» cria-t-elle en regardant autour d'elle les yeux grands ouverts. Elle n'eut pas le temps de finir sa question. Réagissant avec une rapidité surprenante, le premier Nocturne lui asséna un coup de pied à la tête, qui la renvoya le visage contre la couverture. Il poursuivit son mouvement par une rotation juste au dessus d'elle et planta sa lance dans son dos, la clouant au sol. Sous le choc, le corps de la jeune asiatique s'arc-bouta, révélant son visage, la bouche grande ouverte, les yeux écarquillés.

Malgré sa douleur à la mâchoire, Ève cria de nouveau., encore plus fort, un cri strident qui donnait l'impression que ses cordes vocales allaient se déchirer.

Le premier geste de Samya avait été de saisir ses armes. Elle était maintenant debout, à deux pas d'Ève, l'épée courte dans une main et la dague dans l'autre.

Vierge de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant