Chapitre 14 - 3

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Kim était folle de joie, du moins jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle ne savait plus où elle était, ni pourquoi elle était là... Ses émotions jouaient au yo-yo.

Elle était venue avec des amis, ça c'était sûr...

Mais où étaient-ils passés ?

Elle aurait bien aimé partager avec eux ces magnifiques fleurs qu'elle avait cueillies. Elle en avait les bras chargés d'ailleurs. Des fleurs de toutes les couleurs, avec chacune un parfum particulier.

Mais il y en avait tellement que la tête lui avait tournée. Elle s'était assise pour retrouver ses esprits, et maintenant que ça allait mieux, elle ne savait plus quoi faire.

Tournant la tête pour se repérer, elle découvrit avec surprise une espèce de chemin sur sa droite. Étrange, elle ne l'avait pas remarqué tout à l'heure.

Elle s'en approcha.

Ce n'était pas vraiment un chemin, puisque le sol ne comportait pas de traces de passage, c'était plutôt un genre de trouée dans la nature, pas très large. Cela suffisait néanmoins pour la laisser passer et lui permettre de marcher sans être gênée par les branches et les racines.

Elle regarda de nouveau autour d'elle. Rien d'autre.

Avec un haussement d'épaule, elle s'engagea sur le chemin, puis renonça et revint sur ses pas. Elle s'assit de nouveau et contempla ses fleurs. Elle pourrait les regrouper par couleur... ou par forme ? Pourquoi pas ? Histoire de passer le temps en attendant ses amis. Elle fut soudaine prise de nouveaux vertiges, et resserra ses fleurs contre elle, comme si leurs parfums pouvaient lui permettre de se ressaisir. Aussitôt elle tomba de côté, l'esprit embrumé. Des émotions contradictoires passaient dans sa tête, la joie, l'espoir, l'insouciance, le renoncement. Tout cela tournait, se mélangeait, elle sourit, pouffa, roula des yeux, se retourna sur le côté pour se relever et retomba mollement sur le dos.

Le ciel dansait étrangement au-dessus d'elle, ou plutôt c'était les feuillages qui dansaient. Elle rit, c'était drôle.

Elle hoqueta sous la violence d'une impulsion soudaine, qui lui commandait d'arrêter.

Arrêter quoi ?

Elle voulu ramasser ses fleurs, ses jolies fleurs, mais une nouvelle impulsion, encore plus forte la convainquit de les rejeter.

Elle se sentait toute bizarre maintenant.

Il fallait se lever, se relever. S'éloigner d'ici !

Elle se redressa et s'assit sur son postérieur, proprement alertée. Quelle étrange sensation s'emparait d'elle ? C'était comme si son esprit était l'objet d'une subite dichotomie. Elle d'un côté, toute tourneboulée, et ... elle ? non... quelque chose d'autre, de l'autre côté, mais en elle, qui la secouait de l'intérieur, agitait sa conscience en tout sens pour la réveiller et lui ordonner de fuir.

Elle était mal à l'aise maintenant.

Mais l'injonction était trop forte. Elle se leva et avança dans le chemin, laissant ses précieuses fleurs derrière elle.


Des brins d'herbes chatouillait le nez de Christophe.

Allongé dans une clairière ombragée, il maudissait Bagheera.

Il était parti chercher les autres filles, mais n'en avait trouvé aucune. Confusément, il sentait que quelque chose ne cadrait pas, mais n'avait pas réussi à comprendre quoi. Il avait les idées embrouillées.

Il faut dire qu'avec cette maudite érection qui lui tétanisait l'entrejambe, il pensait plutôt aux filles qu'à autre chose. Il joua avec la fleur qu'il venait de cueillir, à même pas une longueur de bras de lui. Il y en avait beaucoup comme celles-ci dans cette clairière. Avec ses langues oranges pointues au milieu des pétales rouges, on aurait dit un petit bouquet de flammes, qui lui rappelait son propre désir.

Vierge de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant