...
Un mal de crâne sournois, une envie de vomir.
Ce poids sur son bras qui l'empêchait de bouger.
Cette chaleur étouffante, et cette odeur de bois vert et d'humus...
Toutes ses sensations le ramenaient vers un réveil pénible. Il avait du mal à bouger, coincé par la fatma, des valises et une branche odorante en plein sur son visage.
Une branche ?
Des tiraillements douloureux au niveau de sa pommette gauche semblaient indiquer que cette branche l'avait éraflé, sans doute après avoir pénétré violemment dans le compartiment par une des fenêtres brisées.
Christophe écarta tant bien que mal tout ce qui l'encombrait, et tâta son corps. Malgré les contusions et les douleurs, il semblait n'avoir aucune fracture.
La dame qui avait amorti sa chute saignait du nez et de l'arcade sourcilière droite, mais elle respirait encore. Elle ne semblait pas trop mal en point, juste évanouie.
Dans le wagon, un calme intense avait succédé à la brusque tempête, quelques personnes se relevaient tant bien que mal, d'autres restaient affalées, inconscientes ou râlant de douleur.
Autour, dehors, les rayons d'un soleil ardent filtraient au travers de feuillages touffus, dansant parmi des nuages de poussière qui se déposaient lentement. Un impossible spectacle qui laissa Christophe incrédule durant plusieurs secondes.
Finalement un oiseau aux couleurs chatoyantes le sortit de sa stupeur. D'un mouvement fluide malgré la précipitation, le petit volatile s'envola pour aller s'abriter loin du sinueux monstre de métal qui avait brutalement pénétré son univers.
La première hypothèse traversant l'esprit de Christophe était qu'il devait s'agir d'un parc... dans lequel le train aurait échoué après avoir... déraillé ? Mais aucun parc de Paris ne pouvait abriter d'arbres si hauts ! Une telle jungle !
Le jeune homme n'était pas le seul à être ébahi. La plupart de ceux qui avaient repris leurs esprits regardaient dehors sans comprendre, cherchant dans le regard de leur voisin un éclair de compréhension qui pourrait les rassurer.
Mais le bruit de ceux qui souffraient ramena rapidement le jeune homme à des considérations plus matérielles, et tout comme lui, les autres voyageurs valides du wagon se levèrent pour porter secours aux blessés.
Il y avait quelques contusions, des entorses ou fractures, et lorsqu'ils trouvèrent un homme mort, la nuque brisée, le stress ambiant monta d'un cran. Avec angoisse et appréhension Christophe se dirigea vers la jeune femme qu'il avait remarqué.
Elle était inconsciente.
Il posa la main sur son cou pour sentir son pouls, elle ouvrit brusquement les yeux avec un cri de surprise.
« Tout va bien, essaya-t-il de la rassurer. Ça va, on s'en est sorti.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda-t-elle inquiète. Un attentat ?
- J'en sais rien, je comprends rien à ce qui se passe. Pour l'instant on s'occupe des blessés. Ça va pour toi ? T'as mal nulle part ?
- J'ai mal partout. Mais je crois que j'ai rien de cassé ».
Et pour le prouver, elle se releva avec son aide, restant interdite lorsqu'elle découvrit à son tour où ils étaient : « C'est pas possible !
- C'est justement ce que je me suis dit... répondit Christophe.
- Qu'est-ce qui s'est passée ? » Demanda Samya, qui elle aussi essayait de remettre de l'ordre dans ses idées. « C'est quoi ce truc dehors ?
- J'évite de me poser la question... » Répondit Christophe.
Quelques longues secondes passèrent avant qu'il ne leurs proposent de sortir. Il ne servait plus à rien de rester ici.
Christophe observa le visage des quatre filles, contusionnées, hébétées. Il devait avoir la même tête, même s'il semblait avoir l'esprit un peu plus clair. Quoique... ce qui se passait était tellement anormal que rester aussi calme relevait peut-être de la folie, ou alors il ne s'agissait que d'un rêve.
Mais le contact de la main de la jeune femme brune, lorsqu'elle le poussa pour qu'il passe devant, était on ne peut plus réaliste.
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Vierge de sang
FantasiaÈve courait, comme jamais elle n'avait couru. Elle sentait le terrain sous ses foulées, savait instinctivement où poser les pieds, elle était comme le vent qui file entre les arbres. Elle percevait avec une précision incroyable toutes les odeurs qui...