Et soudain, il fut de l'autre côté. Les quelques fractions de secondes précédentes n'avaient pas existé. Il se souvenait de cette impression d'incandescence qui le pénétrait, alors qu'il était à la moitié du passage, et puis plus rien. Il était la debout, de l'autre côté, comme si son esprit avait été déconnecté durant les derniers mouvements de son corps.
Du reste, c'était bien possible...
Il était là, l'esprit plus aiguisé que jamais. Immédiatement, il remarqua qu'aucun voile de sang ne venait perturber sa vision, aucune traînée visqueuse sur son visage. Il était nu, il se sentait fort, conscient, alerte. En face de lui, à une dizaine de mètres, une sphère d'une blancheur incandescente, de quatre ou cinq mètres de diamètre flottait au milieu d'une salle circulaire. Était-elle vraiment là ? Tout n'avait été que mensonge depuis le début. Pourtant il avait eut mal. Que devait-il croire ? Penser ? Était-il manipulé ? S'agissait-il de tests ? D'épreuves ?
Il réfléchissait, analysait, ajoutait et éliminait des hypothèses à une vitesse ahurissante. Son esprit se scindait en poursuivant simultanément plusieurs idées, et en même temps il perçut une multitude de douleurs discrètes et vives, comme de minuscules lames de rasoir qui fileraient sous son crâne. Aussi vives que ses pensées, ces lames naissaient et fuyaient, mais plus il pensait, plus il échafaudait dans toutes les directions, plus leur intensité croissait.
Il réagit aussitôt en calmant le flux de ses prospections intellectuelles. Il cessa de chercher à comprendre et essaya d'analyser ce qu'il lui arrivait, pourquoi même son esprit fonctionnait ainsi.
Tout d'abord, une idée à la fois.
Pourquoi cette douleur ?
La réponse, bien qu'intuitive fut une évidence. Il réfléchissait trop vite, et son esprit n'y était visiblement pas préparé.
Que lui était-il arrivé ?
Les efforts qu'il avait fourni pour passer le deuxième couloir l'avait changé, l'avait dépossédé ? Libéré ?
Le lieu en lui-même devait être une illusion, une construction virtuelle matérialisée par le pouvoir de l'objet qu'il avait posé sur son front.
Pourquoi ?
D'après ce qu'il avait compris et déduit de ce qu'il avait vu, il s'agissait d'un objet de mage, un objet de pouvoir. Ce que Christophe subissait pouvait être un mécanisme... de défense ? Peu probable. L'objet pouvait être tout simplement un piège... non, tout aussi improbable. Après ce qu'il venait de subir il ne faisait aucun doute que si l'objet avait été fait pour le tuer, cela serait maintenant fait.
Alors quoi ?
L'objet était fait pour transformer le mage ? Lui apprendre à penser plus vite ?
Ou bien s'agissait-il d'un apprentissage ? Former l'esprit pour qu'il puisse utiliser les pouvoirs de l'objet ?
Voilà des pistes intéressantes.
Néanmoins il lui faudrait plus d'indices pour arriver à une explication plausible.
Et les petites lames de rasoir étaient toujours là, dans son cerveau. C'était seulement lorsqu'il faisait attention à ralentir le cours de ses pensées qu'elles s'effaçaient.
Peut-être en effet son esprit n'était pas prêt à tout ça, et que ce qu'il ressentait comme de minuscules coupures étaient des alarmes de ses neurones surchauffés... où même des neurones qui sautaient, fondaient, se déconnectaient ? Il n'était pas sûr du terme exact, mais quel qu'il soit, cela n'était certainement pas bon.
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Vierge de sang
FantasyÈve courait, comme jamais elle n'avait couru. Elle sentait le terrain sous ses foulées, savait instinctivement où poser les pieds, elle était comme le vent qui file entre les arbres. Elle percevait avec une précision incroyable toutes les odeurs qui...