Le soir commençait à poindre lorsqu'ils réussirent à amorcer leur premier feu.
Un bon débroussaillage avait été nécessaire pour mettre en place un campement moins restreint, avec les outils qu'ils avaient pu se créer ainsi qu'une machette trouvée par Rachid dans une valise. Il s'agissait plus d'un objet de décoration usé qu'une arme, sans doute rapporté d'un voyage d'Afrique ou dans les îles, mais à force d'application, il avait réussi à l'aiguiser suffisamment.
Christophe avait fabriqué une dizaine de lances rudimentaires, tandis que certains autres passagers s'étaient armés de barres de fer, issues des décombres, ou de simples bâtons. D'autres encore, comme Omar et Olivier, avait trouvé des haches de secours dans le train, et ainsi équipé, le groupe de survivants avait un peu repris courage.
L'idée qu'ils se retrouvaient maintenant dans un milieu hostile avait commencé à faire son chemin, d'autant qu'à plusieurs reprises certains avaient cru distinguer des formes passer entre les arbres. L'apparition du feu en fut un réconfort d'autant plus grand.
Christophe, lui, restait inquiet. Ils n'avaient trouvé que peu de nourriture dans les wagons, et encore moins de boissons. Assez pour tenir un soir... mais pas le lendemain.
D'autorité, la plupart des femmes s'étaient imposées comme infirmières et responsables de la gestion des vivres, tandis que les hommes et les jeunes s'occupaient de monter le camp et de rechercher ce qui pourrait les aider. Une fois ces tâches terminées, ces derniers n'avaient plus grand chose à faire.
Abdellah, un homme d'une quarantaine d'années, plutôt charismatique, semblait montrer l'intention de s'affirmer comme chef. Il était relativement modéré, mais très ferme, insistant sur le fait qu'il fallait tous rester ensembles et s'entraider.
Bien que personne ne contesta cette position, il n'était pas encore vraiment écouté, surtout des plus jeunes. Il les avait cependant dissuadés de s'éloigner du camp, hormis pour chercher du bois. La proposition de Christophe, relative à la nécessité de trouver de l'eau et à manger le fit changer d'avis.
Deux groupes furent formés pour explorer les alentours à la recherche d'un cours d'eau, de fruits, ou de viande, même s'ils se faisaient peu d'illusion sur leur aptitude pour la chasse.
Christophe avait pris la tête d'un groupe, accompagné d'Omar et d'Olivier. Samya et ses trois amies s'étaient portées volontaires pour les accompagner ; elles avaient rassemblé ce qui pouvait servir de sac à dos et de récipient pour l'eau et ils s'étaient éloignés.
Au grand dam du jeune homme, Kelthoum avait refusé de se joindre à eux, préférant s'occuper des blessés. Rachid avait également décliné toute proposition de rallier un groupe de recherche, parce qu'il fallait bien que quelqu'un reste pour veiller sur le camp...
Malgré le côté sensé de ce raisonnement, Christophe ne pouvait s'empêcher de penser que c'était une excuse pour pouvoir rester auprès de la belle maghrébine... Il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, lui-même ayant essayé de l'entraîner dans son groupe... Mais il était assez honnête pour reconnaître l'existence de cette pointe de jalousie qui le titillait.
La jungle était impressionnante, surtout à cette heure proche du crépuscule. Ils ne devaient pas disposer de plus d'une heure de jour devant eux.
Le sol était plutôt humide, ils rencontrèrent plusieurs mares, mais il leur semblait trop dangereux de boire cette eau. Il leur fallait un ruisseau ou une rivière.
Plusieurs types d'arbres portaient des fruits lourds, ressemblant pour certains à des fruits exotiques. Ils en récupérèrent de plusieurs sortes, pour pouvoir les goûter avec précaution une fois au camp.

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Vierge de sang
FantasiÈve courait, comme jamais elle n'avait couru. Elle sentait le terrain sous ses foulées, savait instinctivement où poser les pieds, elle était comme le vent qui file entre les arbres. Elle percevait avec une précision incroyable toutes les odeurs qui...