Uniquement équipés de leurs armes, Christophe et Ève suivirent Dado jusqu'aux premières ruines de la cité. Ève appelait régulièrement Bagheera, mais celle-ci restait invisible.
« Elle a peut-être trop peur de Dado pour se montrer » suggéra-t-elle en se retournant vers Christophe.
Celui-ci acquiesça et scruta attentivement les alentours : « Ou alors elle s'est carrément enfoncée plus loin dans la ville... Mais qu'est-ce qui lui a pris de venir par ici ! J'avais l'impression qu'elle avait peur des lumières.
- Elle était impressionnée, mais je sais pas si elle avait peur, corrigea Ève. Mais faut croire qu'elle n'a rien vu d'autre pour se cacher ».
Christophe regarda le géant puis déclara : « Bon, va falloir trouver une technique... Dado ? Est-ce que tu peux marcher à une dizaine de mètres derrière nous ? Sans qu'on prenne trop de risque avec les vents magiques ?
- Moi marcher derrière ? Loin ?
- Ben pas trop loin, mais assez pour que notre amie puisse avoir envie de nous rejoindre quand on l'appellera.
- Hmm... Oui. Mais quand moi crie direction, vous allez direction. Pour éviter vent.
- Ça me semble bien. Maintenant reste à trouver où cette animale a bien pu aller.
- Moi penser lui parti par là, Dit Dado en montrant la direction de la périphérie de la ville. Si lui instinct, lui pas aller centre. »
Christophe consulta Ève du regard, puis avec son assentiment, ils prirent la direction indiquée.
La plupart des maisons alentours étaient éventrées, certaines par le temps et d'autres visiblement marquées par les séquelles d'une bataille. Des vestiges d'incendie subsistaient et on avait l'impression que certains murs avaient fondu, ou que des pans entiers avaient été volatilisés sans que ne subsiste aucune trace de leur présence.
L'architecture avait quelque chose d'antique aux yeux des néophytes qu'ils étaient. Les murs étaient parfois sculptés de sortes de blasons ou de symboles, les linteaux des portes s'ornaient de frises aux motifs géométriques, et on pouvait admirer de nombreuses sculptures, dans les jardins sur les balcons ou les toits, ou même sur les montants de quelques entrées. Elles représentaient des êtres chimériques, des animaux inconnus, et des hommes en armures ou en robes.
L'impression d'antiquité était renforcée par le nombre important de colonnes. Elles supportaient des terrasses, des balcons, des statues, ou agrémentaient des jardins et de grandes salles vides et silencieuses, comme jadis dans les cités grecques et romaines. Cependant, le style n'était pas le même. Il avait ici quelque chose de plus strict, de plus carré.
Le silence était omniprésent, plus encore que les colonnades. Même les vents multicolores semblaient ne pas faire de bruit. Seuls quelques murmures étirés venaient perturber l'absence de son. La première fois qu'ils les avaient entendu, leurs cheveux s'en étaient dressés sur leurs têtes.
Interpelé, Dado leur avait expliqué avec ses mots qu'il s'agissait des voix des anciens habitants. Elles avaient imprégnés les lieux par magie, ou à cause de la magie, lors des grands combats qui avaient eu lieu. La raison de la bataille restait encore obscure. Le géant avait parlé d'une guerre avec d'autres peuples, venus de terres lointaines, sans plus de précisions.
Quelques restes de ces combats étaient encore visibles, en dehors de la destruction de la ville. Des squelettes prêts à tomber en poussière, portant pour certains armes et armures, rouillées ou fondues.
« Droite ! Droite ! Courir ! »
La voix de Dado les surprit alors qu'ils contemplaient une structure incompréhensible : un mur avait été déformé comme du plastique mou, gonflé par un vent furieux et anarchique. Des sculptures d'êtres humains aux visages torturés y étaient imbriquées, à moitié fusionnées avec la paroi.

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Vierge de sang
FantasyÈve courait, comme jamais elle n'avait couru. Elle sentait le terrain sous ses foulées, savait instinctivement où poser les pieds, elle était comme le vent qui file entre les arbres. Elle percevait avec une précision incroyable toutes les odeurs qui...