Le passage, devint rapidement assez étroit, à peine un mètre de large, et sinua sur une dizaine de mètres avant d'ouvrir sur une nouvelle pièce, un peu plus éclairée que la précédente, tout en étant légèrement plus petite. Elle donnait sur un autre mur de trois mètres de haut, percé non seulement par une large entrée, mais aussi par deux ouvertures à mi-hauteur, un peu comme des fenêtres, qui laissaient voir un espace de beaucoup plus grande envergure : plus de deux cents mètres carrés, parsemés de branches verticales, droites comme des colonnes, dont l'épaisseur variait de un à deux mètres d'épaisseur.
La petite salle dans laquelle ils arrivaient ne comportait aucun ameublement, juste des alcôves naturelles dans le bois qui constituaient les murs, plus ou moins grandes, de chaque côté de la salle. Elles étaient toutes vides, sauf une. Dans cette dernière, un squelette aux os blanchis était assis à même le sol, adossé à la paroi végétale. Sa tête était appuyée sur son épaule droite, le bras droit posé sur un nœud de bois proéminent. Son genou droit était fléchi, légèrement penché vers la droite, tandis que la jambe gauche reposait sur le sol. Des petites lianes jouaient entre ses côtes, alors qu'une sublime fleur rouge jaillissait de ses mâchoires béantes. Sa main gauche reposait sur sa cuisse, grande ouverte, et en son centre, entre les os nus, jaillissait une pousse d'un vert tendre, relevant de guingois un anneau de jade orné de dorures.
En le contemplant, Christophe devina là le dénouement d'une histoire tragique, sans pour autant en comprendre la nature exacte, comme quelqu'un qui aurait attendu, jusqu'à la mort. Cela lui laissait cependant une impression désagréable, un sentiment, comme une intuition sur la cruauté du lieu.
Il prit Akibi par la paume et entra d'un pas décidé dans la grande salle.
La lumière était étrange dans cet endroit, un mélange d'ombre transpercée de rayons de soleils. Plusieurs couloirs partaient à différents niveaux, parfois juste au raz du sol, parfois après des escaliers constitués de branches entremêlées. De fins ruisseaux serpentaient entre les colonnes de bois, aux détours des bosses de l'épais tapis de mousse, jusqu'au centre de la salle, formant là une mare à l'eau translucide. Derrière elle, un entrelacs de branches s'agençait en une sorte de siège à accoudoir, spacieux, légèrement surélevé, et couvert sur ses bords extérieurs par des feuilles d'un vert très foncé, veiné d'un vert-tendre presque jaune.
Quelques insectes voletaient paisiblement, l'air était assez frais, sans être froid.
Mais nul gardien en vu.
Christophe s'approcha de la mare, sans lâcher la main de la jeune Kokori, qui le suivait timidement.
Il arriva jusqu'à l'eau, dans laquelle de minuscules animaux dansaient, si petits qu'il n'arrivait pas à en distinguer la forme.
Un bruissement de feuilles l'avertit d'un mouvement dans son dos. Il se retourna vivement, pour se retrouver face à ce qui ressemblait presque à un homme, à quelques pas de lui. L'être avait une forme tout à fait humanoïde, presque aussi grand que lui, mais certaines parties de son corps avaient un aspect étrange. Très sec, il était peu musclé, donnant une impression de maigreur. Tout son bras droit semblait raidi, à la peau parcheminée et teintée de tâches verdâtres, et ses ongles semblaient faits du même bois que les troncs alentours. Autrement, sa peau était brune, comme celle des kyohnis, mais son visage avait un teint cireux, très lisse. De ses cheveux noirs, en touffes hirsutes, jaillissaient les pointes d'une couronne de bois qui faisait tout le tour de sa tête, sans que l'on puisse déterminer s'il s'agissait vraiment d'un ornement ou si des excroissances cornues sortaient de son crâne. Des petits bouts de lianes encore vertes étaient tressées dans sa chevelure, portant de toutes petites fleurs d'un vert très tendre.
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Vierge de sang
FantasyÈve courait, comme jamais elle n'avait couru. Elle sentait le terrain sous ses foulées, savait instinctivement où poser les pieds, elle était comme le vent qui file entre les arbres. Elle percevait avec une précision incroyable toutes les odeurs qui...