Chapitre 47 - 3

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Rouvrant les yeux, il vit ce qu'eux voyaient maintenant : l'étrange flux de magie avait fait complètement disparaître la brume, révélant une grotte, dont le diamètre devait avoisiner les deux cent mètres, illuminée en son centre par un nuage d'énergie lumineuse, pulsant comme un soleil éthérique.

La grotte était en fait une espèce d'incroyable géode aux dimensions cyclopéennes, emplie de cristaux géants. Bien plus impressionnante que celle dans laquelle Samya s'était baignée, elle s'en différenciait par la nature des cristaux présents, dans lesquelles deux teintes prédominaient, l'ocre-doré et l'argent-bleuté. Étrangement, ces couleurs allaient de pair avec une opposition dans l'agencement de la grotte, l'ocre-doré dominait sur la partie inférieure, alors que l'argent-bleuté prévalait sur toute la partie supérieure. À l'intérieur du pôle inférieur, en contrebas par rapport au groupe de Kyohnis, d'énormes cristaux aciculaires pointaient sur plus de quinze mètres de haut. Ils trônaient au milieu d'un étang de liquide ambré, de presque trente mètres de diamètre, dont la surface vibrait en flux excentriques, au rythme des pulsations de lumière émises par ces cristaux eux-mêmes. En un effet miroir, une construction similaire ornait l'intérieur du pôle opposé, loin au dessus de leurs têtes. Les fines aiguilles cristallines, d'un argent irisé d'éclats blanc-bleu, ornaient le centre d'un étang aux eaux argentées, qui occupait le plafond de la grotte, en incohérence flagrante avec toutes les lois de la physique.

De chacune de ces deux structures minérales rayonnait un flux d'énergie pure, selon un axe vertical, les deux flux se heurtaient au centre de la géode, s'affrontaient sans vraiment se mélanger, générant un nuage diffus et crépitant d'énergies entremêlées.

Des formes fantomatiques tournaient de folle façon au sein de ce petit univers de lumière, presque humanoïdes pour certaines, complètement étrangères pour d'autres, ailés, griffues, aux membres particulièrement étirés. Elles se déformaient, se contractaient, se désagrégeaient sous l'assaut de petits éclairs incandescents, surgissaient d'une fugace explosion. C'était un chaos qui blessait l'œil et l'esprit, qui faisaient se détourner le regard, à cause d'un trouble à l'origine incertaine.

Le trouble changea de nature subitement, lorsque Christophe réalisa que la disparition de la brume avait révélé l'emplacement des trois Akheraïs. Deux d'entre eux, quasiment de l'autre côté de la grotte par rapport à eux, semblaient occupés à panser leurs blessures, alors que le troisième, dont la flèche de Samya ornait encore le dos, était à une quinzaine de mètres de lui, et marmonnait quelque chose tout en effectuant d'étranges pas de danse.

Alerté par ce qu'il identifia comme une incantation en cours, Christophe cria pour avertir ses compagnons, tout en bondissant en avant. Le plus rapidement qu'il pouvait, il sauta sur les macles columnaires que formaient les cristaux devant lui, avant de projeter de toutes ses forces sa hachette sur son ennemi. Celui-ci devrait être trop concentré par ce qu'il réalisait, car il ne tenta même pas d'esquiver le projectile, qui entailla profondément son épaule droite avant d'être dévié vers le sol. Christophe ne lui laissa pas le temps de reprendre ses esprits, et le percuta dans les reins, le faisant violemment tomber face contre le sol. Il eut le temps de le frapper une fois de sa lame gauche, juste sous les côtes, avant que, déséquilibré par la position de leurs corps emmêlés, ils roulent tous les deux sur plusieurs mètres en contrebas, pour se retrouver bloquer par une colonne cristalline d'un ocre profond. Christophe, mit quelques précieux instants à récupérer des chocs répétés contre les minéraux très durs, et paniqua soudainement lorsqu'il réalisa que le Nocturne se redressait, à quelques centimètres de lui, pour le dominer de son imposante masse. Aiguillonné par sa peur, il jaillit comme un ressort, s'agrippa de sa main droite à son ennemi et le larda de coup de lame de sa main droite, pénétrant à chaque fois très profondément dans la chair ferme de son ventre. Et puis, malgré la peur, il comprit que quelque chose d'anormal se produisait, malgré les coups qu'il portait, malgré le sang qui maculait leurs corps et le sol, son adversaire ne réagissait pas, il continuait de tenter de se redresser, tout en marmonnant des choses incompréhensibles.

Vierge de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant