Chapitre 49 - 3

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Julie ouvrit les yeux. Elle était allongée sur le dos, son épée à la main. Agenouillé à côté d'elle Christophe l'exhortait à se relever. Elle ne comprenait rien à ce qui se passait, son esprit était flou et embrumé, dans un chaos cotonneux qui l'empêchait d'ordonner ses pensées. Christophe était nu, mais cela ne la choqua pas. Elle avait des flashs devant les yeux, l'image de son ami, ses yeux éberlués d'incompréhension et de peur lorsqu'elle avait plongé son pied dans la mare autour des gros cristaux, et qu'une douleur incommensurable était remontée en elle, et l'avait... l'avait... Elle ouvrit la bouche, la referma, incapable de parler. Elle avait des souvenirs étranges, une impression d'avoir été tiraillée à l'infini, d'avoir été soumise à une pression incroyable, comme une force d'accélération qui l'avait poussée dans tous les sens en même temps..

A présent, elle était allongée sur le sol cristallin, au centre de la grande caverne, couverte d'un liquide ambré, l'air était saturé d'humidité.

Devant elle, Christophe lui hurlait quelque chose, elle n'arrivait pas à comprendre les mots qu'il employait, même si elle les entendait distinctement.

Elle se redressa sur ses avant-bras et secoua la tête.

Christophe criait toujours, il l'exhortait à faire quelque chose, alors qu'elle se sentait épuisée, nauséeuse. Elle percevait distinctement une inquiétude chez lui, il se redressa, fit quelques pas en lui faisant signe de la suivre. Elle s'exécuta tant bien que mal.

Il la mena vers la sortie, puis dévala littéralement la paroi. Elle le suivit, sautant les derniers mètres pour se réceptionner d'une roulade au sol. Elle voulut prendre le temps de rassembler ses esprits, mais il ne lui en laissa pas le temps. Elle comprenait un peu mieux le sens de ses paroles maintenant. Il voulait qu'ils sortent du Dédale, à présent libre de toute brume, avant que celle-ci ne revienne. Julie était littéralement épuisée, mais elle prit sur elle et se redressa, pour se mettre à courir.

Christophe courait quelques mètres devant elle, se retournait de temps en temps pour l'exhorter à presser le pas. A chaque fois qu'elle s'arrêtait pour reprendre son souffle, il revenait vers elle et l'obligeait à reprendre sa course. Elle obtempérait à chaque fois, même si elle se sentait confuse, ne comprenait pas tout ce qui s'était passé. Elle avait du mal à agencer ces idées. Elle voulait y voir plus clair, mais l'inquiétude de son ami ne pouvait qu'être justifiée, elle devait le suivre coûte que coûte, et sortir d'ici.

Ils couraient comme des dératés, mais Christophe ne semblait pas fatigué, il ne suait même pas. Julie, elle, titubait, tombait parfois. Il revenait alors à côté d'elle, et lui parlait. La fatigue qui habitait ses muscles augmentait la confusion de Julie, mais elle comprenait le ton de la voix de son ami, l'inquiétude qu'il éprouvait, alors elle se relevait.

Elle avançait de moins en moins vite, trottinant plus que courant, et lorsqu'ils arrivèrent en vue de la ravine, elle en ressentit un soulagement extrême. Enfin, elle allait pouvoir s'allonger, reposer son corps perclus de fatigue Elle se redressa pour adresser un sourire à Christophe qui se retournait vers elle, et vit la peur qui était en train de transformer ses traits. Elle se retourna à son tour et vit un véritable raz-de-marée fantomatique qui se ruait vers eux, avalant tout sur son passage, sans un bruit.

Christophe lui hurla de courir. Un sursaut d'adrénaline la secoua, et elle s'élança, alors qui lui restait à côté d'elle et l'encourageait sans discontinuer. Tandis qu'elle avalait les derniers mètres, elle sentit la fraîcheur humide qui se rapprochait de sa nuque, en même temps qu'une impression de tournis s'insinuait en elle. Sa volonté faiblit, elle avait l'impression de ne plus savoir dans quelle direction elle devait courir, mais la voix de Christophe, hurlant à son oreille la ramena à elle, et elle fournit un dernier effort, zigzaguant dans le chaos rocheux pour avancer sans avoir à grimper. Ses pieds foulaient la brume à chaque pas, mais elle avançait, encore et encore. Elle regarda devant elle, la cascade n'était plus très loin, elle allait être à l'abri là-bas, à l'abri, enfin.

Vierge de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant