Chapitre 4 - 2

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Christophe courait à perdre haleine.

Après avoir remonté la piste d'Asha et ses sbires sur quelques dizaines mètres, ils avaient rapidement compris qu'ils se dirigeaient vers l'étrange construction de pierre.

Le site était très proche, ils l'avaient sans doute atteint depuis longtemps déjà. Et pourquoi cet endroit ? Y avait-il quelque chose de spécial là-bas ? Une piste qu'ils n'auraient pas repérée la première fois qu'ils y étaient allés ?

Quoique.... il y avait la rivière plus bas... Un bateau peut-être ?

Il s'était alors élancé, expliquant en quelques mots à ses amies qu'il était peut-être déjà trop tard.

Il avait d'abord couru d'une foulée courte, pas trop vite, pour ne pas distancer les filles. Mais plus les minutes passaient, plus l'angoisse et l'impression d'urgence l'étreignaient.

Et finalement, lorsqu'il avait senti ses cheveux se hérisser sur sa nuque, sans qu'il ne comprenne s'il s'agissait d'un pressentiment ou de l'expression de ses craintes, il avait accéléré, courant aussi vite qu'il pouvait.

Il arriva finalement en vue des hautes colonnes de pierre verdâtre et ralentit l'allure progressivement, jusqu'à s'arrêter. Il entendait des voix là-bas, impérieuses. Les guerriers donnaient des ordres, sans doute aux prisonniers.

Et il y avait autre chose aussi, comme un souffle de vent qui n'aurait été qu'impression, sans réelle consistance physique.

Tous les poils de son corps étaient maintenant hérissés, et un frisson lui parcourait régulièrement l'échine.

Les quatre filles furent finalement autour de lui. Ils décidèrent d'avancer discrètement.

Christophe se rappelait un grand arbre abattu, le long duquel ils pourraient avancer à couvert pour s'approcher à quelques mètres de la structure. Il guida donc sa petite troupe dans cette direction, faisant attention à ce que le bruit de leurs pas ne trahisse pas leur présence.

Au travers des feuillages, ils pouvaient apercevoir quelques-uns de ceux qui étaient là-bas. Vu de loin, le groupe semblait plus petit, confirmant l'impression d'urgence oppressante de Christophe.

Soudain, le jeune homme s'arrêta. Un peu plus loin sur la droite, il avait aperçu une tâche blanche. L'arbre vers lequel ils se dirigeaient n'était plus très loin, mais il préféra s'arrêter pour distinguer ce qui avait attiré son attention. Intriguées, les filles l'imitèrent lorsqu'il s'approcha des feuillages denses qui les masquaient aux yeux des hommes d'Asha, pour mieux discerner à travers.

A une dizaine de mètre d'eux, leur tournant le dos, un jeune adolescent, tout au plus quatorze ans, observait le groupe de prisonniers et leurs gardes, se cachant du mieux qu'il pouvait derrière un buisson touffu. Il serrait convulsivement une longue dague contre sa poitrine.

Il était des leurs, mais Christophe n'avait jamais parlé avec ce jeune blond au visage naïf. Il avait cependant compris que la femme que l'enfant ne quittait jamais était sa mère. D'après ses souvenirs, ces deux là étaient parmi ceux qui avaient été choisis pour être emmenés. L'enfant avait dû profiter de la mêlée générale pour s'esquiver.

A présent, ce dernier hésitait, se balançant d'un pied sur l'autre, avançant un peu, puis reculant.

A une vingtaine de mètres d'eux, les gardes d'Asha faisaient passer les prisonniers au travers d'un trou dans la réalité, une grande surface déchirée, brillant d'un vert pâle opaque, approximativement de quatre mètres de haut sur trois de large. Elle apparaissait entre deux des gigantesques piliers, sans s'appuyer sur rien de tangible. Les guerriers y poussaient à intervalle régulier les hommes et les femmes maintenant attachés et bâillonnés, les faisant disparaître les uns après les autres. Une trentaine de secondes devaient séparer chaque passage. Bien que la lumière claire ne fût pas éblouissante, il n'était pas possible de voir au travers, comme s'il s'agissait de quelque paroi consistante, alors que les prisonniers semblaient la traverser sans rencontrer de résistance physique. La surface était simplement parcourue de remous irradiant au fur et à mesure de la pénétration des corps.

Vierge de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant