Chapitre 39 - 2

6 1 0
                                    

Christophe respirait l'odeur de l'aube. La terre encore humide exhalait ses riches parfums, alors que le groupe avançait d'un pas vif. La nature était d'un calme bienfaisant, parfait pour son état d'esprit.

Il marchait en queue de file, juste après Iyuh.

Cette séparation était la bienvenue. Ce n'était pas qu'ils ne se supportaient plus avec Kim, c'était juste que... Ils étaient un peu... fâchés.

Ce n'était pas de sa faute à lui, ça non. Il s'en foutait royalement de ne pas pouvoir faire l'amour avec elle. Enfin... Ce n'était pas grave quoi ! Mais elle, ça la travaillait. Avec cette histoire d'homme vert qui lui était arrivée, et cette Sissima... Elle avait peur que lui préfère les femmes qui... Les autres femmes quoi...

Oui, c'était vrai, lui fantasmait sur le jour où il pourrait lui faire totalement l'amour. Mais c'est à elle qu'il voulait le faire, pas aux autres !

Et merde !

Un mois, peut-être un peu plus. Avec un peu de chance, tout irait mieux à son retour...

...

En même temps, il avait peur. Elle avait commencé son need'ha, elle allait réapprendre sa sexualité, comme elle lui avait expliqué. Réapprendre sa sexualité, sans lui... L'idée qu'elle fasse l'amour avec un autre homme lui était difficilement supportable. Parce que si elle réapprenait tout, elle repasserait bien par là. Et en un mois, il pouvait se passer beaucoup de choses. Les jeunes Nesqs ne demandaient que ça. Elle était l'incarnation de la fertilité pour eux.

Oui, elle était belle, désirable. Elle pourrait séduire n'importe lequel de ces jeunes chiens fous.

Elle l'aimait, il le savait. Mais il l'avait blessée, il le savait aussi.

Il aurait dû la réveiller, lui dire au revoir. L'embrasser, juste ça, pour lui dire qu'il l'aimait encore, malgré ces stupides évènements. Elle était sensible à ça, il le savait. Il s'était encore comporté comme un imbécile. Quand cela s'arrêterait-il ?

Il fallait que ça cesse. Il fallait qu'il fasse un travail sur lui, il ne pouvait pas rester comme ça. La méditation l'aidait bien à réfléchir, quand il n'y avait pas une petite pétasse tarée qui venait l'ensorceler... Durant ce voyage, il aurait le temps de s'y adonner. Ils avaient convenu avec le chamane des corps de continuer à travailler tous les jours. La méditation n'était pas la spécialité d'Iyuh, mais il avait convenu que c'était parfait pour que Christophe maîtrise sa concentration et puisse pleinement profiter de ses leçons. Ça c'était beaucoup plus positif ! Christophe apprenait la magie du kiyé, il avait commencer par un tout petit sort, pour attirer et communiquer avec les petits animaux. La magie avait quelque chose d'enivrant...

Oui... Enivrant. Et c'était pour cela qu'il devait faire très attention, et ne pas tomber dans le piège de l'addiction. Il devait rester dans la raison, faire attention à ses relations avec ceux qu'il aimait. Les leçons d'Ehntehag restait gravées dans son esprit. Sur cette importance du contrôle, elle était étrangement en accord avec Aëlep. Cela voulait dire que le danger était bien réel, pour le moins. Cependant, la magie d'Aëlep, pour ce qu'il avait pu en voir en ce qui concernait le contact avec les esprits, et celle du kiyé étaient bien moins enivrantes que celle des Aghimés, que lui avait apprise la déesse. Elles étaient plus... sereines. Mais elles restaient attirantes, cette mésaventure d'homme vert était là pour le prouver. Christophe avançait prudemment dans l'apprentissage, ne s'immergeant qu'à peine, et très graduellement dans le grand « tout », lorsqu'il entrait en méditation. Il commençait à ressentir des choses, bien moins fort que lorsqu'il s'était perdu au sein de cette immensité de sensations, mais c'était clairement perceptible. Une fois, il avait même eu comme une sorte de discussion, d'échange de sentiment avec... il ne savait pas trop quoi. Aëlep lui avait dit que c'était sa clairière, le lieu même dans lequel il avait pris l'habitude de faire sa méditation. L'idée lui avait semblé un peu saugrenue, un lieu ne pouvait avoir de... personnalité, parce que c'était bien là ce qu'il avait ressenti, une sorte de personnalité. Néanmoins, l'échange avait bien été là, comme une impression d'accueil cordial, qu'il avait ressentie et émise à son tour, quelque chose d'empathique, qu'on ne peut verbaliser. Mais cela avait été très fort, non pas par la puissance de l'échange, car cela avait été à peine perceptible, mais parce que cela avait été son premier acte de magie kyohnis tangible, de magie naturelle comme il avait envie de l'appeler, par opposition à la magie aghimé, moins « équilibrée ». C'était juste après cela que Christophe avait réussi à communiquer avec une petite créature, à mi-chemin du singe et du marsupial.

Vierge de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant