Il n'aurait pas pu courir plus vite qu'en cet instant, à s'en brûler les poumons.
Il déboucha finalement sur la petite clairière en face du camp.
Personne.
Il hésita, jusqu'à ce qu'il perçoive des voix stridentes, provenant du côté de la petit chute d'eau lui semblait-t-il.
Il s'élança aussitôt jusqu'au bord de celle-ci, pour voir en contrebas les trois filles face à un énorme fauve.
L'animal devait faire près d'un mètre quatre vingt de long et plus d'un mètre au garrot. Il avait un pelage de couleur sable avec une courte crinière noire qui passait entre ses omoplates pour finir en une fine ligne sombre, jusqu'à mi corps. Ses courtes oreilles étaient pareillement noires en leur extrémité, tout comme le bout de sa queue, qui battait furieusement le sol, et les mèches longues qui formaient des espèces de bajoues sur ses mâchoires.
Il avait une flèche plantée dans la cuisse et ses crocs étaient ensanglantés.
Ève lui faisait face tant bien que mal, le menaçant d'une lance levée. Elle protégeait le corps inanimé de Grégory, qui gisait dans une mare de sang. Samya était au sol, un peu en retrait, immobile, une blessure au front. Derrière elles, acculée à la paroi, Kim essayait maladroitement de récupérer l'arc retenu par le poignet de la jeune beur inconsciente.
Christophe avait son épée dans une main, et l'arc dans l'autre. Il hésitait sur l'arme à choisir lorsqu'Ève, voulant piquer la bête pour la faire reculer, glissa sur du sang. Sa jambe partit en avant, la déséquilibrant et le fauve en profita pour éloigner la lance d'un coup de patte.
Christophe réagit sans réfléchir. Il laissa choir son arc en sautant sur un promontoire un mètre plus bas, pour rebondir aussitôt, tenant son épée des deux mains.
Malgré le bruit de l'eau à quelques mètres, l'animal dut entendre quelque chose, car il jeta un bref coup d'œil vers le haut, et initia une esquive devant cette menace surgie du ciel.
Le saut ne faisait que trois mètres, même pas une demi-seconde de plongeon. L'animal ne put s'éloigner suffisamment et Christophe enfonça profondément son épée dans son flan, avant de bouler contre lui pour amortir sa chute. Sous la violence du choc, ils culbutèrent tout deux au sol et le jeune homme se reçut durement.
Il en eut le souffle coupé, et même si, porté par son élan, il se releva instinctivement, il était groggy. Le fauve, réagissant tout aussi instinctivement, lui porta un violent coup de patte avant même d'avoir repris son équilibre et le fit culbuter deux mètres plus loin.
Le gigantesque animal aurait poursuivit son agresseur pour l'achever si la douleur n'avait pas été aussi vive. Il reporta son attention sur la lame encore enfoncée dans son corps et en saisit l'extrémité dans sa gueule, pour tirer dessus et l'arracher.
Christophe avait le bras gauche sérieusement entaillé. Il réussit à se mettre à genoux, mais avait du mal à ordonner ses pensées.
Finalement une ombre menaçante qui se dressait devant lui ramena à son esprit toute l'urgence de la situation.
Le fauve était là, à deux mètres, qui le regardait en soufflant bruyamment. Christophe sentit que malgré ses blessures il s'apprêtait à bondir. Un souffle glacé parcourut son corps.
Face à face, il ne le quittait pas des yeux, refusant de baisser le regard en signe d'abdication. Il glissait lentement sa main valide vers le long poignard qu'il portait au côté, même s'il savait que cela ne lui éviterait pas la mort. C'était la seule arme qui lui restait.
VOUS LISEZ
Vierge de sang
FantasíaÈve courait, comme jamais elle n'avait couru. Elle sentait le terrain sous ses foulées, savait instinctivement où poser les pieds, elle était comme le vent qui file entre les arbres. Elle percevait avec une précision incroyable toutes les odeurs qui...