Vierge de sang

Chapitre 14 - 2

Au fur et à mesure de leur avance, le groupe se mit à commenter les différences qu'il percevait dans la végétation par rapport à la jungle dont ils avaient pris l'habitude. Ici, la flore était beaucoup plus colorée, pleines de fleurs, de fruits aux couleurs un peu moins vives, mais plus variées, et dont les feuilles, moins larges, présentaient de fortes différences de teintes d'une espèce à une autre. Les animaux semblaient moins présents également. Peut-être la vallée était-elle plus haute que celles qu'ils avaient déjà traversées, proposa Christophe, comme le semblait le confirmer la température, certes douce, mais loin d'être très élevée. Cela expliquerait qu'un type de végétation différent se soit mis en place.

Kim s'arrêtait souvent pour s'extasier devant telle ou telle plante. Ève se mit à cueillir des fleurs, pour se faire une couronne, qu'elle tressait tout en avançant. Julie et Samya débattaient de la meilleure manière de chasser dans cet environnement

Christophe, lui, essayait de ne pas perdre le nord, dans le sens littéral du terme, ce qui n'était pas facile, entre les retours en arrière pour aller chercher une Kim en admiration devant une fleur au parfum capiteux, et une brusque bifurcation d'Ève qui menait la marche, vers la droite ou la gauche, pour cueillir une fleur pour sa couronne.

Il y avait vraiment beaucoup de fleurs ici, convint Christophe, beaucoup plus que dans toute autre forêt. Et il semblait y en avoir un important nombre d'espèces. Cela faisait quoi ? Une heure ou deux qu'ils marchaient, plutôt facilement d'ailleurs puisque la végétation était finalement moins dense qu'il n'y paraissait, et ils avaient dû découvrir plus d'une cinquantaine d'essences différentes.

Christophe était impressionné. En même temps, il trouvait cela relaxant, de marcher agréablement sur un sol moins dur que cette route qu'ils empruntaient depuis si longtemps, de respirer ces agréables parfums...

Et celle-ci ! Quelle fleur ! Quelle fragrance ! Il appela Kim pour la lui montrer, mais la jeune fille n'était plus visible. Elle devait encore être derrière. Il se demanda brièvement s'il devait aller la chercher, puis se dit qu'il pourrait l'attendre en contemplant cette fleur, cette immense fleur jaune au liseré orangé, avec ces encore plus immenses pistils dorés. Quelques insectes dansaient gaiement autour, sans doute eux-aussi enivrés par son parfum.

Quel parfum !

Julie et Samya avaient décidé de chasser finalement. L'endroit semblait plutôt propice, et puis les autres n'avaient visiblement pas trop envie d'avancer. Ce serait bien si elles ramenaient du gibier frais pour se faire un bon repas autour du feu ce soir.

Elles avaient trouvé une fleur. Une belle grosse fleur rouge au cœur veiné de noir. Étant les premières à l'avoir vu, elles lui avaient donné un nom : la Jumya ! En fait, l'une voulait l'appeler « la Julie », et l'autre « La Samya ». Elles avaient donc trouvé un compromis. Cette fleur avait un parfum vif, vivifiant, énergisant ! Elles en avaient chacune cueilli une, qu'elles s'étaient mise dans les cheveux, et en riant s'étaient appelées les chasseuses à la Jumya. Les autres ne semblaient pas trop réceptifs à leur vitalité, enfin les autres... surtout Ève, vu que Christophe et Kim n'étaient pas visibles. Ils avaient sans doute dû s'écarter pour se faire plaisir. En même temps, on ne pouvait pas leur reprocher, l'endroit était vraiment agréable, c'était presque idéal pour ça !

Alors elles étaient parties chasser.

Elles avaient trouvé les traces d'un animal de taille moyenne, dont les empreintes faisaient penser à celles d'un cervidé. Et puis après un moment, elles étaient tombées sur les traces d'un fauve, un gros fauve. Voilà qui se révélait être un défi intéressant pour des chasseuses comme elles ! Elles avaient remonté les traces, jusqu'à tomber sur l'animal en question, dans une petite clairière, en train de boire à un ruisseau. Elles avaient le vent de profil, et avec toutes les belles fleurs bleues qui encombraient les abords de la clairière, il y avait peu de chance qu'une saute de vent amène leur odeur jusqu'à l'animal. Aussi prirent-elles leur temps pour encocher leurs flèches et bien viser.